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La vertu, pour être morale, doit-elle être absolument désintéressée ?

Publié le 19/02/2004

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morale
La maxime est subjective si elle est et reste individuelle. Elle deviendrait objective, nécessaire (semblable à une loi de la nature) si tous les êtres raisonnables y subordonnaient toujours entièrement leur faculté de désirer. Devenue objective, universelle, la maxime est la loi morale. Le principe suprême de jugement en matière de moralité réside donc dans la conformité des actions à la loi en général. Autrement dit, « Je dois toujours me conduire de telle sorte que je puisse aussi vouloir que ma maxime devienne une loi universelle » - une loi universelle, cad une loi objective, valable pour tout être doué de raison.C'est précisément parce que, chez l'homme, la volonté ne se détermine pas nécessairement par devoir, que la loi morale prend l'aspect d'un commandement. La formule du commandement s'appelle un impératif. Mais, contrairement à l'impératif hypothétique qui subordonne les moyens à la fin (si tu veux la santé, alors tu dois suivre un régime alimentaire), l'impératif de la moralité ne peut qu'être catégorique, cad inconditionnel et absolu. Autrement dit, il vaut pour tous les hommes, quelles que soient l'époque et la société. Il ne dit pas ce qu'il faut faire ou ne pas faire en telle circonstance, mais ce qu'il convient de faire en toute circonstance.
morale

« de désirer.

Devenue objective, universelle, la maxime est la loi morale .

Le principe suprême de jugement en matière de moralité réside donc dans la conformité des actions à la loi en général.

Autrement dit, « Je dois toujours meconduire de telle sorte que je puisse aussi vouloir que ma maxime devienne une loi universelle » - une loi universelle,cad une loi objective, valable pour tout être doué de raison.C'est précisément parce que, chez l'homme, la volonté ne se détermine pas nécessairement par devoir, que la loimorale prend l'aspect d'un commandement.

La formule du commandement s'appelle un impératif.

Mais, contrairement à l'impératif hypothétique qui subordonne les moyens à la fin (si tu veux la santé, alors tu dois suivre un régimealimentaire), l'impératif de la moralité ne peut qu'être catégorique, cad inconditionnel et absolu.

Autrement dit, ilvaut pour tous les hommes, quelles que soient l'époque et la société.

Il ne dit pas ce qu'il faut faire ou ne pas faireen telle circonstance, mais ce qu'il convient de faire en toute circonstance.

Il s'énonce ainsi : « Agis uniquementd'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne loi universelle.

»Cette formule permet de reconnaître, dans tous les cas et sans hésitation, où est son devoir.

Si je me demande, parexemple, si une promesse trompeuse est conforme au devoir, il suffit que je me demande : « Accepterais-je bienavec satisfaction que ma maxime (de me tirer d'embarras par une fausse promesse) dût valoir comme une loiuniverselle (aussi bien pour moi que pour les autres) ? [...] Je m'aperçois bientôt ainsi que, si je peux bien vouloir lemensonge, je ne peux en aucune manière vouloir une loi universelle qui commanderait de mentir : en effet, selon unetelle loi, il n'y aurait plus à proprement parler de promesse.

»Si tout le monde mentait, on ne croirait plus aux promesses de personne.

Par conséquent, la maxime qui me pousseà faire une fausse promesse, « du moment qu'elle serait érigée en loi universelle se détruirait nécessairement elle-même ».Le principe de la morale ne réside donc pas, comme chez Aristote, dans la fin suprême qui est le bonheur, mais dans l'établissement par soi-même des fins : « Notre volonté propre, supposé qu'elle n'agisse que sous la condition d'unelégislation universelle rendue possible par ses maximes, cette volonté idéale qui peut être la nôtre, est l'objet propredu respect , et la dignité de l'humanité consiste précisément dans cette faculté qu'elle a d'établir des lois universelles, à la condition toutefois d'être en même temps soumise elle-même à cette législation.

»Chacun de nous peut toujours choisir de telle sorte que les maximes de ses choix soient comprises en même tempscomme lois universelles dans ce même acte de vouloir.

Tout homme se trouve ainsi soumis à des obligations ultimeset est responsable devant lui-même et devant autrui de leur reconnaissance.

Tout homme doit avoir conscience, enchoisissant et en agissant, de légiférer pour tous. On a objecté à Kant que faire son devoir sans se préoccuper de ce que les autres sont susceptibles de faire est irresponsable.

Supposons que des assassins me demandent si mon ami qu'ils poursuivent n'est pas réfugié dans mamaison et que je ne puisse éviter de répondre par oui ou par non.

Dois-je m'en tenir au devoir de véracité ? Kant répond oui, car l'homme qui ment fait en sorte qu'aucune déclaration n'ait de crédit.

Non seulement, il porte atteinteà la finalité interne de la communication, mais encore il fait perdre leur force à tous les droits, qui sont fondés surdes contrats.

A quoi il ajoute qu'on ne peut jamais prévoir les conséquences de ses actes.

Supposons, par exemple,que mon ami, voyant les assassins sur les traces de mon ami et causer sa mort.

Il est vrai qu'en m'en tenant audevoir de véracité, je peux aussi être la cause de sa mort.

Mais suis-je vraiment responsable ? Le meurtre de cethomme n'est-il pas la faute des meurtriers ? Le fait que l'accomplissement d'un devoir ait des conséquencesfâcheuses peut-il m'être imputable ?Kant n'a-t-il pas raison de souligner que toute morale qui prétend justifier les moyens au nom des fins, nie ce qui dans ces fins peut justifier les moyens ?Reste que le devoir n'a de sens que s'il est bien compris.

La morale du devoir peut, en effet, être pervertie et devenir fanatisme.

Ainsi on rapporte que le nazi Eichmann, qui dirigea des camps, lors des interrogatoires, cital'impératif kant ien pour justifier son obéissance.

C'est oublier que, pour Kant , la raison est la source de la loi.

Comme le fait judicieusement remarquer Arendt : « La volonté du Führer s'est substituée cher Eichmann à la raison.

»L'identification kant ienne de la volonté au principe de la loi n'a de sens que parce que la loi est un fait de la raison. Or, cette dernière ne saurait commander la déraison.

B.

— Critique.

— a) Exiger de l'homme une vertu absolument désintéressée, c'est méconnaître sa nature.

L'hommen'est pas un être purement intellectuel : la sensibilité intervient, quoi qu'il fasse, dans tous ses actes.

Despsychologues tels que Ribot, Lange, James, font voir que l'homme ne peut agir s'il n'est ému, et par conséquentl'action absolument désintéressée à laquelle veut nous obliger Kant est encore plus impossible que l'amour pur rêvépar Fénelon.b) C'est aussi méconnaître la nature du devoir.

Lier à l'accomplissement du devoir une crainte ou une espérance,n'est point contraire à la loi morale; bien plus, cette sanction en fait partie intégrante, puisqu'elle est nécessairepour constituer la justice.

D'ailleurs le bonheur espéré par l'homme n'est pas précisément une récompense extérieureà la vertu, dont elle serait la condition.

Il consiste surtout dans une possession plus complète et plus paisible del'idéal moral enfin réalisé.

La sanction morale n'est donc pas la condition de la vertu; elle en est la conséquence.

Etc'est en cela qu'elle se distingue nettement des sanctions légales, puisqu'elle sort pour ainsi dire des entrailles de laloi et ne fait qu'un avec elle.. »

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