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Que veut dire se sentir libre ?

Publié le 05/12/2010

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Introduction :

 

La liberté peut être définie comme une absence de contraintes, ou d'aliénation. L'homme libre serait celui qui dans ses actes ne rencontrerait aucun obstacle ni aucune forme d'aliénation. Ainsi un prisonnier n'est pas libre puisqu'il ne peut pas faire ce qu’il veut ; pas plus qu'un homme vivant sous un régime totalitaire ou sous une dictature et qui est donc soumis à un pouvoir aliénant, en ce sens, la liberté d'agir est une question de degré : on est toujours plus ou moins libre et certains homme le sont tandis que d'autres non.  La notion « se sentir libre « peut être perçue de différentes manières mais aussi, à différentes échelles. « Se sentir libre « relève des sens, en effet chacun a sa propre perception de la liberté. Cela relève du subjectivisme. La liberté se fonde ainsi sur la conscience de soi. En quoi le sentiment de liberté nécessite-il un sentiment de contrainte ?

Nous analyserons le fait de se sentir libre est régi par certaines contraintes telles que le déterminisme puis dans une deuxième partie nous montrerons que la volonté fait également partie de ces contraintes nécessaires au sentiment de liberté.

 

I) Le déterminisme délimite le fait de se sentir libre

 

a) La notion de déterminisme

 

                   Le déterminisme est une position qui consiste à affirmer que tous les phénomènes qui se produisent dans la nature sont produits par des « régularités « naturelles ou encore d'invariants naturels qu'on appelle des lois de la nature. Exemple : lorsqu'un corps chute, il est déterminé à chuter en vertu de l'attraction universelle et du principe d'inertie et sa chute est régie par la loi de la chute des corps. Rien dans la nature ne se produit donc par hasard à proprement parler mais tout y est déterminé par des causes (c’est ce que le scientifique cherche à découvrir, à formuler et à unifier). Or l'homme est un être qui appartient à la nature, il se pourrait donc qu'il soit comme toute chose, tout être ; déterminé par des causes qui produiraient ses actes et ses pensées à la manière dont des phénomènes naturels produisent d'autres phénomènes naturels ; en outre il y aurait des lois de la succession de nos pensées et de nos actes comme il y a des lois de la nature (on retrouve ici la position matérialiste). La nature possède ses lois nécessaires et universelles. Nous disons, pour cette raison, que le cours des choses naturelles est déterminé. Ce déterminisme nie notre liberté : il s'impose à nous sans que nous puissions le modifier. L'homme fait ainsi l'expérience de nécessités : c'est pourquoi il s’interroge sur sa liberté, qui se trouve sans cesse menacé. L'animal suit aveuglement, subit le déterminisme naturel : il n'en prend pas conscience. 

                    Puisque l'homme peut être conscient de ce qui entrave sa liberté, il n'est pas totalement démuni face au déterminisme. La conscience nous livre un savoir ambigu sur nous-mêmes : il est difficile de décider et de séparer ce qui en nous est ignorance et connaissance de soi. Nous avons toutefois la possibilité permanente de douter. Il n'y a pas d'ignorance totale sur les raisons de nos actes ou de nos pensées. Nous avons le pouvoir de douter de notre liberté au moment même où nous en avons le sentiment. L'homme, pouvant refuser de donner un assentiment spontané à ce qu'il éprouve, manifeste un pouvoir de mise à distance à l'égard de lui-même. N'est-ce pas le signe même de sa liberté ? L'erreur serait alors de penser que la liberté est donnée une fois pour toutes. Il y a une « prise « de conscience du déterminisme : il y avait un temps où la conscience n'était pas libre. Elle n'annule cependant pas les effets et la réalité du déterminisme. Elle nous évite d'en être les dupes. 

 

            II) La volonté fait également partie de ces contraintes nécessaires au sentiment de liberté

 

a) L’apprentissage de la liberté me permet de comprendre les limites d’un sentiment de liberté et de réaliser ce que signifie se sentir libre

 

Si ma liberté m’est donnée métaphysiquement avec mon essence d'homme en quoi peut-elle connaître un devenir et faire l'objet d'un apprentissage ? Descartes apporte une solution à ce problème en distinguant la liberté comme faits métaphysiques et la liberté comme « résolution «. En tant que faits métaphysiques, la liberté est innée et se définit comme « le pouvoir d'affirmer ou de nier, de poursuivre ou de fuir « (méditations métaphysiques). Autrement dit, elle se définit comme le pouvoir propre de la volonté or la volonté selon Descartes est en nous la marque de l'infini. L'homme étant créé à l'image de Dieu, il est doté d'une volonté aussi infinie que celle de son créateur. La liberté est donc un bien inaliénable qui appartient à l'essence même de l'homme. Toutefois, et c'est là le point essentiel, cela ne signifie pas que l'usage de la liberté ne nécessite pas un apprentissage comme le prouve aisément l'expérience de l'erreur ou de la faute. Si je n'avais pas, à apprendre, à faire usage de ma liberté, je ne commettrai pas d'erreur ou de faute. C'est pourquoi Descartes distingue des degrés dans la liberté selon le type d’usage que l'on fait de celle-ci, sur le plan métaphysique tous les hommes sont libres mais sur le plan pratique tous les hommes ne font pas le meilleur usage de leur liberté comme si la liberté était en nous une puissance qui doit être actualisée dans ses usages. Descartes se fonde sur la nature du rapport entre volonté et entendement. La volonté se détermine en effet toujours à partir de la lumière de l'entendement c'est-à-dire des informations fournies par la raison. Je me sentirais donc d'autant plus libre que j'ai de plus forte raison d'agir et c'est ce que Descartes nomme la résolution. Etre résolu ne signifie pas être obstiné mais c'est le fait de se tenir au choix que l'on a fait. Ainsi on  se sent libre. Inversement, la liberté « d’indifférence « qui désigne l'état d'une volonté qui n'a aucun motif de se déterminer à ceci plutôt que de cela, et le plus bas degré de liberté puisqu'alors la volonté étant aveugle, elle ne se distingue pas du caprice de l'enfant. A quelles conditions peut-on  apprendre à se sentir libre ? A condition de l'épreuve renouvelée de la résolution est donc de se plier à un exercice réglé et maîtrisé de notre volonté et de notre jugement (c'est pourquoi pour Descartes, on ne peut pas se sentir libre sans exercer sa raison).

 

b) L’existentialisme sartrien

 

Si nous admettons que l'homme se sent libre au sens métaphysique (c’est-à-dire que ce sentiment ne peut pas être expliqué par la connaissance scientifique ; ce qui signifie de l’observation de ce qui est) alors il est responsable de ses pensées et de ses actes puisqu'il en est réellement l'auteur et non pas seulement un agent passif. Dans ce cas, il possède la faculté de choisir ; qu'on appelle la volonté : ce qu'il a fait, il aurait pu ne pas le faire. Cette faculté de choisir a aussi été appelé le libre arbitre ou encore la faculté d'auto détermination. Certains penseurs, on considérait que pour que l'homme se sente libre en ce sens, il fallait qu'ils puissent choisir et donc agir sans être déterminé par un mobile ou un motif.

Le courant philosophique de l’existentialisme, au contraire, soutient que la liberté précède la nature. Par conscience de la mort, l’homme fait exception à la nature, et échappe à tout déterminisme. Il n’est pas une nature, mais une liberté radicale. Il choisit totalement son existence, et en est pleinement responsable. Pour Sartre, nous sommes « condamnés à être libres « ; c’est-à-dire que nous sommes condamnés à choisir, si nous pouvons choisir : nous avons l’obligation de choisir, lorsque je fais le choix de ne pas choisir, je fais tout de même un choix. L’invocation d’un déterminisme physique, psychologique et social ne peut être que l’effet d’une « mauvaise foi « qui se cherche des excuses pour ne pas assumer sa liberté. Sartre explique  dans son livre l’Existentialisme est un humanisme, publié en 1945 ; qu’une situation n’apparaît comme un obstacle que par rapport au projet initial d’un homme. Si l’homme ne faisait aucun projet il ne rencontrerait aucun obstacle. Par exemple, la paroi d’une montagne est un obstacle à la condition que je veuille en faire l’escalade. Ce qui n’est pas le cas si j’ai le projet de contempler la montagne. Il faut qu’un être est la faculté de faire des projets c’est-à-dire la faculté de se déterminer soit même à vouloir. Ou encore, la faculté d’auto-détermination, pour qu’il rencontre des obstacles. Et donc seul un être métaphysiquement libre peut avoir des efforts à faire. Si j’ai été déterminé comme une machine, je n’aurai pas d’efforts à faire ni aucun obstacle à vaincre mais je me contenterai de fonctionner. La sensation de l’effort peut donc être considérée comme une preuve de ma liberté. 

 

Conclusion :

 

Pour conclure, nous nous sommes demandé en quoi le sentiment de liberté nécessitait-il un sentiment de contrainte. Dans une première partie, nous nous sommes intéressé au fait que le sentiment de liberté était régi par un déterminisme. En effet celui-ci nous permet de nous rendre compte de ce que signifie « se sentir libre «, c’est par une limitation de notre liberté que l’on peut mesurer celle-ci ; puis dans une deuxième partie nous avons vu que l’apprentissage de la liberté de par le fait de commettre des erreurs et des fautes nous permet de mesurer la valeur de cette liberté ; de plus l’existentialisme qui est une doctrine plaçant l’existence au centre de toute réflexion ; nous permet de comprendre que la sensation d’effort peut être considérée comme une preuve de ma liberté, du fait que je me sente libre.

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