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Si la vie était belle, y aurait-il de l'art ?

Publié le 05/02/2004

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Les « arts populaires » ont été élaborées par des populations pauvres et soumises à des tâches pénibles (paysannerie classique). Les graffitis urbains sont produits par des « artistes » qui s'affirment soumis à des conditions de vie difficiles. B. L'art brutProduit par des malades mentaux ou des marginaux, en tout cas des personnes sans accès à la culture officielle, d'où son « authenticité » selon Jean Dubuffet. La vie pénible (mentalement, socialement) trouverait sa compensation dans l'invention artistique. C. L'illusion artistique nécessaire selon NietzscheD'un point de vue plus métaphysique, on pourrait admettre avec Nietzsche que la vie est en elle-même tragique : dans cette optique, l'art devient une illusion nécessaire, qui la rend supportable. II - Mais quand la vie est « belle », l'art est également présent A. La création ne suppose pas la misère ou le malheurL'idée selon laquelle l'artiste crée quand il est malheureux est tardive et idéologique (formée au XIX` siècle par la bourgeoisie). En fait, le malheur réel stérilise, et la création n'a lieu qu'en l'éloignant : lorsqu'il compose un poème sur la mort de sa fille, Hugo se heurte à des problèmes stylistiques, et diffère la douleur.
Pour traiter ce sujet, vous devez d’abord remarquer qu’il comporte un présupposé, à savoir que la vie est n’est pas belle. Pour comprendre cette affirmation, vous devez proposer une définition de la beauté. La beauté est classiquement définie comme ce qui procure un plaisir sensible tout en étant irréductible à l’ordre du plaisir subjectif. Lorsque nous disons d’une fleur qu’elle est belle, nous n’énonçons pas à son sujet le même type de jugement que lorsque nous disons qu’elle sent bon. Le beau apparaît donc comme « ce qui plaît universellement sans concept « (Kant). En effet, le jugement esthétique revient à affirmer un plaisir subjectif dans une proposition qui s’universalise. Or, ce type de jugement ne semble pas réservé au domaine de l’art, au contraire de ce que semble présupposer le sujet. Devant une œuvre de la nature, ou devant un événement particulier de notre existence, nous prononçons souvent un jugement de ce type. La question qui revient à se demander si l’absence de beauté dans la vie est la cause de l’existence de l’art semble donc viciée. Bien au contraire, on pourrait affirmer que l’art vise à imiter la beauté de la nature, à fixer la beauté que nous trouvons parfois dans l’existence. Cependant, cette conception pose problème et nous permet de revenir sur la justesse de la question posée.

« III - La beauté de l'art n'a rien de commun avec celle de la vie A.

Existence d'une beauté dans la viePour Kant, la beauté « adhérente » est déjà présente dans la nature : elle n'interdit nullement l'apparition de labeauté artistique, qui est « libre ». B.

L'art comme domaine spirituelHegel n'admet pas l'existence d'une beauté naturelle (ou de la vie en général) car, pour lui, l'art est une activité quimontre par définition la « liberté de l'esprit » : ce dernier, par principe, est au-delà de tout donné vital. Le but de l'art, son besoin originel, c'est de produire aux regards unereprésentation, une conception née de l'esprit, de la manifester commeson oeuvre propre ; de même que, dans le langage, l'hommecommunique ses pensées et les fait comprendre à ses semblables.Seulement, dans le langage, le moyen de communication est un simplesigne, à ce titre, quelque chose de purement extérieur à l'idée etd'arbitraire.L'art au contraire, ne doit pas simplement se servir de signes, maisdonner aux idées une existence sensible qui leur corresponde.

Ainsi,d'abord, l'oeuvre d'art, offerte aux sens, doit renfermer en soi uncontenu.

De plus, il faut qu'elle le représente de telle sorte que l'onreconnaisse que celui-ci, aussi bien que sa forme visible n'est passeulement un objet réel de la nature, mais un produit de lareprésentation et de l'activité artistique de l'esprit.

L'intérêtfondamental de l'art consiste en ce que ce sont les conceptionsobjectives et originelles, les pensées universelles de l'esprit humainqui sont offertes à nos regards.

HEGEL Situation. Hegel (Stuttgart, 1770 - Berlin, 1831) a prononcé à plusieurs reprises desleçons sur l'art, après avoir obtenu la chaire de philosophie à Berlin (1818). Peu de temps après sa mort, ses disciples les plus fidèles publient le texte de ces cours, prononcés sur plusieurssemestres, à partir des notes du philosophe et de ses élèves, dans l'édition allemande de ses oeuvres, en 1835,rééditée en 1842.

Très vite, l'oeuvre esthétique est traduite en français (éd.

Bénard IM-1851), puis à nouveau en1945 par S.

Jankélévitch.La réflexion sur l'art ne se détache pas, chez Hegel, d'une vision d'ensemble du système philosophique.

Aussi bienlorsqu'il suit la voie sensible allant de l'architecture à la sculpture, de celle-ci à la peinture, puis à la musique, enpassant ainsi du plus matériel au plus spirituel , que lorsqu'il fait de l'art une étape de la manifestation de l'esprit,conduisant à la religion, puis à la philosophie dans un mouvement à chaque fois plus réussi vers la transcendance ou, encore, lorsqu'il établit les moments progressifs de l'art, comme art symbolique (architecture), art classique(sculpture), art romantique (peinture).C'est dans cette perspective globale qu'il faut placer ce texte qui expose le but de l'art, à la fois dans saressemblance et dans sa différence d'avec le langage, au moment où Hegel montre que l'architecture est un artsymbolique.Le texte présenté est extrait de « Esthétique » (1835), traduction de S.

Jankélévitch, Paris, Aubier, 1945, repris parFlammarion, coll.

« Champs », 1979, tome I, p.

3 1. Remarques pédagogiques. Ce texte n'est pas difficile à comprendre.

Il faut bien expliciter ce qui rapproche et ce qui différencie l'art dulangage.

C'est grâce à cette comparaison avec le langage que l'art se trouve ici caractérisé. Introduction La thèse de Hegel, qui est au centre du texte, définit la fonction de l'art : donner aux idées une existence sensible. 1.

Certes, il y a identité entre l'art (« produire une conception née de l'esprit ») et le langage (« communiquer sespensées »). 2.

Mais il y a une différence entre l'art (« donner aux idées une existence sensible ») et le langage (« un simplesigne »). 3.

D'où les caractéristiques de l'oeuvre d'art : 1.

être offerte aux sens ; 2.

renfermer un contenu ; 3.

être un produitde la représentation de l'esprit. 4.

Enfin Hegel expose l'intérêt fondamental de l'art : offrir au regard les pensées de l'esprit humain.. »

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