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Virginia Woolf

Publié le 23/04/2012

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Virginia Woolf, fille du célèbre critique anglais Leslie Stephen, est familiarisée très jeune avec la littérature et plus particulièrement avec Henry James et Marcel Proust. Son adolescence est marquée par la mort (elle a quatorze ans lorsqu'elle perd sa mère victime d'un cancer) et par des premières crises nerveuses, qui la mèneront progressivement à la folie et au suicide.      

Mariée à Léonard Woolf, elle vit entre la campagne et Londres où elle évolue dans le milieu des peintres et des écrivains. Avec son mari, elle fonde la Hogarth Press qui édite RilkeL182, SvevoL211 et FreudD014. En même temps, elle écrit des articles littéraires et publie son premier récit, La Traversée des apparences (1913). En 1919, son essai, Le roman moderne, jette les bases de ce qu'elle appelle le “ roman de l'avenir ”, un roman débarrassé des conventions réalistes qui, dans la lignée de James JoyceL106, scrute la vérité de la vie dans les régions obscures de la conscience, où se font et se défont les personnalités. Pour restituer cette réalité mouvante et diffuse, elle a recours au monologue intérieur, développe les pensées intimes, confond le présent et le passé, juxtapose des petites touches. Elle ne se préoccupe que de l'âme de ses personnages avec “ ses maladies virulentes et ses fièvres furieuses ”. Ainsi se dégage peu à peu une vision totale de l'être, comme dans Mrs Dalloway (1925) et plus encore dans Les VaguesL238M1 (1931), son chef-d'œuvre, dans lequel six personnages monologuent intérieurement sur la solitude, le temps et la mort.      

 

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« plus encore que Proust qui semble souvent très proche mais peut-être plus par affinité que par influence.

Il est difficile par contre d'écarter le souvenir d'Ulysse quand on lit Mrs.

Dalloway (1925).

Un jour de juin à Londres correspond au jour de juin à Dublin.

Des rythmes unanimistes (on songe à Mort de Q_uelqu'un) strient et lient l'espace-temps de la ville.

Big Ben sonne l'heure ici comme là Saint-George, l'avion trace dans le ciel une réclame qu'épellent les passants comme l'H.E.A.L.Y.

des hommes-sandwichs, les chanteurs des rues se répondent, comme la voiture royale à celle du vice-roi, pareils centres d'attraction magnétique.

Là s'arrête l'analogie.

Virginia Woolf et son héroïne cherchent un appui en cet espace humain, le veulent rassurant.

C'est dans le même sens qu'elle insère le bizarre symbole de la réception mondaine de Clarissa Dalloway : effort obscur pour créer une rencontre, un contact, arracher quelque chose au fragmentaire et au momentané.

Le problème reste, comment intégrer la mort? Clarissa est doublée de Sep­ timus Warren Smith le fou, chez qui les sensations non absorbées font une agression si constante et si intolérable- Virginia Woolf fut souvent à la limite de cet état- qu'il se suicide.

Clarissa sent que ce suicide la concerne.

Les deux mondes qui constituent l'univers proustien par leurs rencontres absurdes, celui de l'imagination et celui de l'expérience vécus, se retrouvent chez Virginia Woolf.

Jacob a fait le voyage de Grèce.

Mais il n'a jamais atteint l'Acropole dont il rêvait.

Dans la Promenade au phare (1927), l'enfant James Ramsay non plus n'accédera pas au vrai phare, celui de son désir.

Un dîner ici remplacera la réception.

Mrs.

Ramsay, dans le tendre humour de qui Virginia Woolf a commémoré sa mère, comme son père dans l'égotiste Ramsay, parvient un moment à faire communiquer, on dirait presque communier, des individualités discordantes, contre la nuit, et la mort qui va l'entraîner elle-même.

Restera, seul, l'art, représenté par le peintre Lily Briscoe.

Mrs.

Ramsay ne fût-elle qu'une tache violette, l'art donne un sens à l'absurde.

Graduellement, l'art de Virginia Woolf se fait plus métaphorique, plus symboliste.

Les Vagues (1931), sommet de l'œuvre, forment une série d'épisodes encadrés à la mode du temps de préludes symphoniques, mouvements inexorables du temps vital transmués en rythmes lumi­ neux de flots qui se lèvent et s'abattent.

Dans le groupe des cinq personnages, ce n'est pas souvent l'étiquette, le nom, qui distingue l'individu, mais une inflexion propre, un motif transporté depuis les premiers chocs de l'enfance.

Leur dialogue est celui de silences en quête d'une conscience de soi et du monde, non celui de la communication sans espoir.

The Years, ou les Pargiter ( 193 7) ne sont qu'une concession au public.

Between the Acts (Entracte) (1941), c'est autre chose.

Virginia Woolf acheva ce manuscrit, puis elle alla chercher la mort dans l'eau qui recouvre toute chose.

C'est une œuvre étrange, amère, ironique, parodique depuis le personnage de l'auteur du « spectacle », Miss La Trobe, en qui elle incarne sa conscience d'échec, jusqu'à ce spectacle même, qui représente l'Histoire par une sorte de parade foraine jouée par les gens du village dans le rôle (pour les stoïques tout est rôle) des grands de la terre.

Le présent, le« réel», ce sont à la fois les vaches meuglantes, et un jeu de miroirs.

C'est le Finnegans Wake de Virginia Woolf, et la clarté y est illusoire.

Rassemblons brièvement les grands thèmes de l'auteur.

Au commencement est le sujet, emmuré dans sa solitude, présent au monde mais d'une présence absurde.

Tout est à distance, à commencer par la conscience de soi, toute connaissance est illusion.

La solitude, fondamentale, frappe de quasi-nullité les relations humaines, et les rend d'autant plus oppressives.

Elle doit être assumée, elle devient alors liberté, intégrité, elle peut mener à la plénitude d'états quasi mystiques comme ceux de Mrs.

Ramsay, où le monde, là-haut, à distance, fleurit en métaphore et s'organise en poème.

Il y a donc dans le vivant des possibilités d'organisation du réel que nous pouvons nommer art primaire : telle est la conquête du « moment ».

L'artiste fait dans le même sens des arran­ gements secondaires significatifs, cristallins, son objet n'étant pas de conter une histoire, de peindre un caractère, mais par synthèse et métaphore d'exprimer la vie même.

Le romancier s'est fait poète.. »

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