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VOLONTARISME ET INTELLECTUALISME ET LEUR CRITIQUE

Publié le 16/03/2011

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LE VOLONTARISME    A) Descartes    C'est à propos de l'erreur (Quatrième Méditation Métaphysique) que Descartes donne sa théorie du jugement. L'intelligence est faite pour la vérité (c'est sa destinée et sa destination). Comment l'erreur est-elle possible? Si l'erreur vient de l'esprit, l'esprit est un instrument faussé qui ne peut servir à distinguer ce qu'il confond. La solution de Descartes, c'est que le jugement (et par suite, l'erreur) ne dépend pas de l'intelligence. Une idée, par elle-même, n'est ni vraie, ni fausse : l'idée de centaure, par exemple, n'est pas fausse si je ne pose point le Centaure comme réel. Or l'entendement est purement passif, il conçoit seulement les idées, sans négation ni affirmation : « Par l'entendement seul, je n'assure ni ne nie aucune chose, mais je conçois seulement les idées des choses que je puis assurer ou nier. « Quel est donc le principe de l'affirmation, et par suite du jugement? C'est la liberté.    « La liberté consiste seulement en ce que nous pouvons faire une chose ou ne la pas faire, c'est-à-dire affirmer ou nier, poursuivre ou fuir une même chose, ou plutôt elle consiste seulement en ce que pour affirmer ou nier, pour suivre ou fuir les choses que l'entendement nous propose, nous agissons de telle sorte que nous ne sentons point qu'aucune force extérieure nous y contraigne. «   

« B) Renouvier Il va plus loin encore dans le volontarisme. Il n'y a pas de vérité, d'une vérité impersonnelle, qui s'impose à l'esprit avec une évidence irrésistible.

En fait, il n'y apas de vérité nécessaire, soi-disant acceptée par tous, qui n'ait trouvé ses négateurs.

En droit il n'est pas deconnaissance qu'il ne soit possible, comme Hume l'a fortement établi, de rendre douteuse par la réflexion appliquéeaux opérations de l'esprit qui ont servi à l'acquérir.

La mémoire par exemple est facile à suspecter. (Cf.

Règles de la méthode; une bonne part de la philosophie de Descartes est due à sa méfiance devant la mémoire: chercher l'évidence c'est chercher le présent, chercher à éviter le raisonnement, et chercher à rapprocher ladéduction de l'intuition, donc chercher à avoir une connaissance instantanée qui se passerait de la mémoire, quiserait intuitive.

C'est pourquoi, selon la quatrième règle de la méthode, il faut récapituler soigneusement : le tempsest discontinu pour Descartes, car Dieu n'a pas seulement donné une chiquenaude initiale, il doit rester présent etcontinuer à diriger son œuvre, sinon elle se perdrait dans la discontinuité du temps.

C'est pourquoi aussi il faut seméfier des longs raisonnements.

) Après l'argument relatif aux incertitudes originelles de nos connaissances, on peut présenter un second argument dedroit : si l'on pose le jugement comme nécessaire, tout jugement étant nécessaire, l'erreur est nécessaire au mêmetitre que la vérité.

Donc, avec une théorie nécessariste du jugement, l'erreur, ayant la même origine que la vérité,s'impose comme elle, est aussi légitime qu'elle et devient inexplicable.

Si nous lions le jugement à la liberté, leserreurs s'expliquent sans peine, et chaque personne devient responsable du jugement qu'elle porte.

La certituden'est donc pas un état passif de l'intelligence, elle est un acte où interviennent toutes les fonctions humaines, laforce qui pousse à affirmer et la force qui se fait sciemment affirmative, la passion et la volonté.

La passion affirme,la volonté affirme sciemment : pour atteindre la certitude, il faut que la volonté l'emporte sur la passion.

Dès lors onpeut dire qu'il n'y a pas de certitude, il n'y a que des hommes certains : on peut toujours douter de tout ce quidépasse le fait de conscience comme tel.

(René Laporte fait même remarquer (in Conscience de la liberté, p.

187) :« ...

Mais Descartes nous avertit que la conscience n'est pas toujours exactement informée de ses propres états,qu'elle n'est pas toujours chez tous également apte à les bien remarquer, et que parfois elle s'y trompe.

») C) Les pragmatistes.

William James W.

James et les pragmatistes pensent qu'il n'y a pas de certitude intellectuelle : la vérité théorique est pour eux unenotion creuse, toute vérité est relative à l'action.

La vérité se définit par son efficacité pratique, son utilité.

Lesidées vraies sont des croyances utiles à l'action, des croyances qui réussissent et font réussir, les croyances quipaient. C'est la thèse extrême.

Entre Renouvier et les pragmatistes se situeraient les critiques que Nietzsche dans LaVolonté de Puissance a adressé à l'idée de vérité objective : il ne reconnaît que des vérités biologiquement utiles. L'INTELLECTUALISME La fatalité du jugement : Spinoza Descartes avait commencé sa philosophie par le doute, et c'était un acte de liberté, l'abstention volontaire del'esprit devant une connaissance imparfaite — car son doute n'est pas maladif mais méthodique.

Poussé d'ailleursjusqu'aux extrêmes conséquences, il rend tout, ou presque, douteux.

(Nous avons vu l'hypothèse du malin génie :un athée selon Descartes ne peut être géomètre, car seul un Dieu bon et qui ne nous trompe pas garantit lesvérités évidentes : pour un athée, qui garantirait la véracité des vérités évidentes? Dieu nous a fait tels que lorsquenous concevons quelque chose comme évident nous ne nous trompions pas.) Spinoza ne peut admettre ce rôle du libre arbitre dans la connaissance.

Tout dérive avec nécessité de la naturedivine : tout est déterminé.

L'apparence de hasard et de liberté est le fruit de notre ignorance : si nous savions,nous verrions que tout est nécessaire.

Donc il ne veut pas qu'on commence par le doute; il ne veut même pas qu'oncherche un critère de la vérité — l'évidence — car cela deviendrait un cercle vicieux (recherche d'un critère ducritère). « Comme la lumière se manifeste elle-même, et les ténèbres, ainsi la vérité est à elle-même son critérium, et elle estaussi celui de l'erreur : ut lux seipsam manifestât, et tenebras, sic verum index sui et falsi. Celui qui a une idée vraie sait en même temps qu'il a une idée vraie, et il ne peut douter de la vérité de la chosequ'elle représente.

» (La vérité étant manifeste, le doute cartésien n'est pas réel : 2 + 2 = 4, on ne peut en douter.

Mais Descartes n'apas prétendu que son doute fût réel : il est méthodique et hyperbolique.

Cette discussion est un dialogue de sourds.Cf.

en appendice texte de Ricœur sur Husserl.). »

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