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La volonté est-elle complice ou maîtresse du désir?

Publié le 11/01/2005

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B) Il semble qu'on ne puisse pas affirmer l'équivalence absolue entre vouloir et désirer, puisqu'il m'arrive parfois de ne pas vouloir ce que je désire ou de ne pas désirer ce que je veux. Exemples : je désire manger mais je ne veux pas le faire puisque je veux maigrir ou je ne désire pas avaler ce médicament, mais je veux le faire pour me soigner plus rapidement. La volonté et le désir sont donc séparés. Mais comment s'agencent-t-ils en l'homme ?  

II) Quelle hiérarchie entre le désir et la volonté ?  

A)    Quand je veux, je suis actif, alors que le désir s'impose à nous. La volonté est donc synonyme d'activité et le désir de passivité. Il semble alors normal de concevoir une hiérarchie entre les deux, et de penser la volonté comme supérieure au désir puisqu'elle nous permet de le contrôler, de le maîtriser. La volonté émane de la raison, tandis que le désir est le produit du corps. Or la philosophie, depuis Platon, a tendance à considérer la raison comme plus noble que le corps.

« Ainsi Hume décrit-il le préjugé qu'il entend réfuter.

Et il est exact que l'expérience commune de «je vois lebien, je l'approuve et je fais le mal» est souvent interprétée comme un combat entre la raison qui nousdicte¬rait le bien, et la passion qui nous inclinerait à faire le mal.Platon distinguait entre trois « parties » de l'âme, l'âme concupiscible (sujet des passions) supposant à l'âmerationnelle.

Et toute notre tradition morale réfléchit cette opposition et prône la victoire de la raison.Le nerf de la preuve humienne que passion et raison ne peuvent s'opposer et que donc il n'est ni raisonnableni déraisonnable de : «préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt » consiste à montrerque les motifs de l'action sont parfaitement extérieurs à la raison. « Premièrement (que) la raison ne peut être à elle seule un motif pour un acte volontaire et deuxièmement(qu') elle ne peut jamais combattre la passion sans la direction de la volonté.

»Car « le domaine propre (de la raison) est le monde des idées et la volonté nous place toujours dans lemonde des réalités.

»La raison porte sur des idées, c'est-à-dire pour Hume des copies, des images des choses, desreprésentations inertes.

La raison calcule, cherche les « causes » et les « effets », mais ne possède aucundynamisme propre à en faire un motif d'action : nous ne sommes pas avec elle dans « le monde des réalités».Par contre, notre action peut être guidée par le souci d'éviter une douleur ou d'éprouver un plaisir.

Nouséprouvons alors désir ou aversion, c'est-à-dire des passions, qui, elles, nous poussent à chercher l'objet ou àle fuir.

La raison peut alors intervenir pour rechercher comment (par exemple) fuir ou chercher.

« Maisévidemment, dans ce cas, l'impulsion ne naît pas de la raison qui la dirige seulement.

» La thèse est très forte puisqu'elle va jusqu'à affirmer que notre volonté de savoir ne prend source que dansla passion, dans l'intérêt affectif que nous pouvons avoir.

La raison est toujours seconde.

C'est parce que lesobjets nous affectent (nous touchent, nous font éprouver plaisir ou peine) que nous désirons, ensuite, lesconnaître. « Cela ne pourrait nous intéresser le moins du monde de savoir que tels objets sont des causes et tels autresdes effets, si les causes et les effets nous étaient également indifférents.

»La raison appartenant au monde des idées, des représentations, etc.

est un monde « inerte » et quasiindifférent, qui ne reçoit son intérêt que d'ailleurs : des passions.

Par suite, ce n'est pas la raison qui me dirasi je dois: «préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt » ou choisir « de me ruinertotalement pour prévenir le moindre malaise d'un Indien ou d'une autre personne complètement inconnue demoi ». Hume l'énonce avec la plus grande clarté : « Puisque la raison à elle seule ne peut jamais produire uneaction, ni engendrer une volition, je conclus que la même faculté est aussi incapable d'empêcher une volitionou de disputer la préférence à une passion ou à une émotion [...] Rien ne peut s'opposer à une impulsionpassionnelle, rien ne peut retarder une impulsion passionnelle qu'une impulsion contraire [...] Nous ne parlonsni avec rigueur ni philosophiquement lorsque nous parlons du combat de la passion et de la raison.

»Il est donc clair que : « La raison est, et ne peut être que l'esclave des passions; elle ne peut prétendre àd'autre rôle au 'à les servir et à leur obéir.

»D'où vient la conception inverse ? L'illusion que la raison peut combattre la passion, la vaincre ? D'une part on peut redouter ou espérer une chose qui en fait n'existe pas.

Nos passions peuvent donc êtrefondées sur de fausses suppositions, lin ce sens, la raison peut effectivement dévoiler l'erreur, et la passioncesse.

Si je désire un fruit croyant qu'il est bon et qu'on m'assure qu'il a un goût exécrable, je cesse de ledésirer.

D'autre part une passion peut choisir des moyens erronés pour se satisfaire, et la raison le dévoiler.Mais c'est en ces deux sens seulement qu'on pourra dire qu'une passion est déraisonnable.

Encore faut-ilreconnaître que l'erreur n'est pas dans la passion, mais dans le jugement qui l'accompagne (ce fruit est bon,ces moyens sont adéquats).L'intérêt de la thèse de Hume n'est pas seulement de nous débarrasser d'un préjugé commun.

Il réside dansune opposition que Kant gardera en mémoire : la raison théorique est extérieure à la morale.

Ce n'est pas laconnaissance pure qui peut nous pousser à agir.

L'action a des motifs propres.

Pour Hume, il s'agit de direque ce qui me pousse à agir est toujours un intérêt, une situation qui m'affecte.

C'est parce que les chosesne nous sont pas indifférentes, et ici affectivement indifférentes, qu'ensuite nous cherchons à les connaître,L'action prend sa source dans les situations vécues, la porte sur la représentation « indifférente » deschoses. Hume est connu comme celui qui a réveillé Kant de son «sommeil dogmatique ».

Lorsque Kant dira que « le"fait d'être connu ne confère au monde aucune valeur », il se souviendra de la leçon humienne.

La raisonthéorique est extérieure à la morale et ne donne aucun motif suffisant d'action.

Mais Kant découvrira unusage pratique de la raison, qui nous «intéresse» au premier chef, et un motif rationnel de l'action : lerespect de la loi morale. Quand Hume déclare : « Il n 'est vas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à uneégratignure de mon doigt», il veut montrer que ce qui nouspousse à agir n'est pas de l'ordre de la pure connaissance, mais relève des choix que j'opère dans une. »

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