Devoir de Philosophie

La volonté de puissance est-elle le principe de toutes choses ?

Publié le 28/03/2004

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4e partie. — La vie sociale aussi révèle la volonté de puissance ; par exemple:A. — l'autoritarisme ;B. — les luttes de classes (problème de la propriété) ;C. — les conflits entre nations. 5e partie. — Discussion. Il est exact que cette tendance, fort bien nommée par Nietzsche, explique un grand nombre de faits. Cependant il serait exagéré de ramener à elle:A. — l'ensemble des tendances égoïstes : beaucoup s'expliquent par l'instinct de conservation, qui ne s'identifie pas avec la volonté de puissance ; car il peut même s'opposer à elle;B.

« L'impératif de la vie contre l'obligation morale Nietzsche, dans Aurore, décèle sous l'obligation kantienne du devoir l'expression d'une cruauté ascétique.

Ledevoir va à l'encontre de nos habitudes, il s'oppose à notre nature sensible, il se définit par la pureté del'intention.

Pour conserver toute sa valeur, il doit se montrer importun, pénible, voire douloureux.

Ne peut-onobserver, sous le commandement du devoir, un goût coupable et douteux pour la souffrance physique, unesoumission servile et craintive à l'impératif de la loi ? L'obéissance au devoir s'oppose à la vie et à ses forcespuissantes, qui commandent l'égoïsme, la préservation de nous-mêmes et plus encore l'affirmation et laréalisation de nos buts.

L'obéissance au devoir est une mortification.

Il n'apporte d'autre satisfaction que cellede l'obéissance à une loi qui n'est pas nôtre.

L'individu se sacrifie sur l'autel de l'idée et de la raison, sanstrouver d'intérêt pour lui ni pour les autres : "Une vertu est nuisible quand elle ne tient qu'à un sentiment derespect pour l'idée de "vertu" comme le voulait Kant." Contre les impératifs exsangues de la raison, Nietzscheproclame les droits de l'instinct et des puissances vitales : l'être humain vise l'affirmation de sa subjectivité etnon la soumission à une loi universelle.

Le devoir moral et l'obéissance sont les signes infaillibles d'un déclin etd'une décadence.

La nature commande à chacun de cultiver sa propre force et ses vertus en vue de laconservation de soi-même, tandis que le devoir commande des actions impersonnelles et abstraites.

Touteaction saine et vitale ne peut avoir que le plaisir pour preuve.

Le bonheur est la seule caution que l'action estbonne.

Se dresser contre la nature et le plaisir, c'est se détruire : "Qu'est-ce qui vous brise plus vite que detravailler, penser, sentir sans nécessité intérieure, sans option profondément personnelle, sans "plaisir", enautomates du devoir ? C'est tout juste là la recette de la décadence, et même de l'idiotie." Le point commun le plus fort entre la Volonté schopenhauérienne et la volonté de puissance nietzschéenne tient àleur caractère d'universalité qui outrepasse largement la seule sphère humaine.

La volonté de puissance est, auxyeux de Nietzsche, la nature même des choses depuis la plus misérable forme de vie jusqu'à la plus haute.

À cetégard, la volonté de puissance humaine n'est qu'un cas particulier dans ce qui constitue une véritable loi cosmique.Mais surtout la volonté de puissance est là où on l'attend le moins, dans les idéaux les plus purs, les croyances lesplus éthérées.

Nietzsche, qui a beaucoup lu et apprécié les moralistes français comme La Rochefoucauld, sait que ledésir de n'être pasloué équivaut à celui d'être loué deux fois et qu'une action désintéressée trouve son intérêt le plus puissant dans lefait même de se nier comme intéressée.La science et la philosophie n'échappent évidemment pas à ce soupçon fatal.

La raison aime le pouvoir, aussi secache-t-elle volontiers derrière la bannière de la vérité.

Dans tes discussions, le raisonnement est un moyend'écraser l'autre, de le réduire au silence et Nietzsche y voit un masque de la volonté de puissance, masque idéalpuisque personne ne soupçonne qu'il puisse y avoir un visage derrière.Le christianisme a fait de l'immense désir de suicide qui régnait au temps de sa naissance le levier même de sapuissance: tandis qu'il interdisait de façon terrible toutes les autres formes de suicide, il n'en laissa subsister quedeux qu'il revêtit de la suprême dignité et qu'il enveloppa de suprêmes espoirs: le martyre et la lente mise à mort parsoi-même de l'ascète.

— Nietzsche. »

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