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La volonté n'est-elle rien de plus que la force de nos sentiments et de nos idées ?

Publié le 10/02/2004

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À la différence du désir, qui est une inclination ou un penchant subi, la volonté est un principe actif par lequel l'homme affirme sa capacité à se détacher de ses désirs et pose ainsi sa liberté.Le développement de la psychologie a eu cet avantage de provoquer en partie le rajeunissement de ce que la philosophie traditionnelle nommait le problème de la liberté. En effet, au lieu de se tenir sur le plan des abstractions et des questions formelles, l'étude de la liberté, dès qu'on la place en termes psychologiques, se retrouve sur le plan de l'acte libre, étudié dans un contexte à la fois humain et réel : et ce n'est alors rien d'autre que l'analyse de la volonté concrète. Or, les psychologues, qui se sont essayés à cette analyse, ont été frappés de l'importance qu'il fallait accorder au contenu mental tout entier pour décrire le mécanisme de l'acte volontaire. Aussi en ont-ils souvent conclu que la volonté ne constituait pas une fonction séparée et, pour ainsi dire, un empire dans un empire. En ce sens, et par un curieux euphémisme, on a même désigné par " liberté psychologique » un système de déterminations où l'on ne retrouve guère qu'un jeu de tendances, finalement exprimé par la force de nos représentations.Pourtant il y a peut-être bien de la différence entre mobiles et motifs, l'acte et sa justification; de telle sorte qu'on pourrait se demander si, dans l'acte volontaire, nos sentiments et nos idées se confondent ou non avec des tendances, qu'ils représentent ou, au contraire, travestissent. Mais ce n'est qu'une manière d'interroger : seul se profile, au-delà, le thème de l'autonomie de la volonté, c'est-à-dire la question de l'indépendance fonctionnelle, de l'opposition formelle de la volonté aux désirs, comme puissance créatrice de liberté.Force de nos sentiments; force de nos idées : nous pouvons maintenant admettre que ces formules révèlent la présence réelle de la vie affective et de la vie intellectuelle dans l'activité dont nous avons à répondre par le fait même qu'elle est voulue. Mais, justement, ce qui est voulu n'est-il rien d'autre que ce qui s'impose comme produit de l'affectivité et de l'intelligence ?

« Certes, s'exprimer ainsi, c'est, d'une certaine manière, retourner à l'abstraction et même au formalisme; c'est encoreréduire peut-être une aptitude ou une attitude confirmée à un événement, une action véritable à un épisode.Cependant, on sent bien que si l'on ne la prend pas comme morcellement, mais comme déroulement, la suite ainsiévoquée correspond, tout au moins, à la volonté comme conscience de l'acte : de telle façon l'acte volontaireapparaît comme origine et comme synthèse, tandis que l'esprit se prend à analyser.

Sur les bases d'un choix, c'est-à-dire d'un jugement, le jeu du sentiment et de l'idée assure la fusion des mobiles et des motifs.

De toute manière,l'acte volontaire apparaît originairement synthétique dans le moment même où il dégage comme force, la force denos sentiments et de nos idées.

En retour, il vise, si l'on peut dire, à incorporer cette force comme idée et commesentiment.

Nous quittons ainsi le schéma — mais, peut-être, l'avons-nous pu grâce au schéma lui-même —; et noustrouvons, au-delà, cette attitude compacte et complète qui décèle la volonté.

Tout cela enferme, si l'on veut, desforces; pourtant enfin, il n'y a qu'une force : celle de la personnalité en action qui s'irradie aux différents plans de lavie psychologique, non pas seulement comme impulsion, mais comme décision.

Autrement dit, si la volonté seprépare en une sorte de montée débouchant sur le spectacle d'une conscience qui délibère, elle s'affirme par uneredescente aux sources mêmes de l'action, confirmée par la prise de conscience, justifiée dans un jugement que l'onpeut dire, lui aussi, énergétique.

C'est cette puissance qui est la forme originale de la volonté comme puissance; etelle ne saurait se réduire à aucun des éléments mis en oeuvre dans le mouvement créateur de synthèse.Nos sentiments : le mot représente à la fois intuitions, affectivité, modifications de la sensibilité subjective.

Nosidées : ce sont des formes mêmes de notre participation à la vie collective et à l'élaboration rationnelle.

Certes cesont des forces dans la mesure où nous sommes vivifiés et où nous nous vivifions nous-mêmes.

Il s'agit à la fois d'unprincipe et d'un matériel d'échange.

De là, comment la volonté pourrait-elle se définir hors de l'action dont elle est lamanifestation la plus originale ? Mais si elle n'est pas un Etat dans l'Etat, elle ne saurait se réduire à une somme etmême à une résultante.

C'est une façon d'être qui commence avec une certaine vitalité et se poursuit avec unefaçon de juger et de confirmer un choix.

Elle est force, mais elle est une force qui ne tient pas à la source uniquedes pulsions et des impulsions.

Il faut admettre que sa fonction est justement de créer de la liberté et, en ce sens,Bergson n'a pas tort de dire que celle-ci exprime la relation du moi concret avec l'acte qu'il accomplit.

La volontén'est autre que ce qui crée cette relation, c'est-à-dire l'activité même, à laquelle on peut rapporter l'acte qui juge,engage et accomplit.. »

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