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Voltaire a pratiqué presque tous les genres littéraires. Quel est celui qu'il préférait? Quel est celui qui l'a le mieux inspiré?

Publié le 22/02/2012

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Pour la première des deux questions vous avez à faire un exposé avant tout historique. C'est une question de fait. Les oeuvres les plus nombreuses de Voltaire, celles auxquelles il a donné le plus de temps, auxquelles il a travaillé avec le plus d'enthousiasme, ce sont ses tragédies. Il en a composé depuis le début de sa longue carrière (Œdipe) jusqu'à la fin (représentation triomphale d'Irène à la Comédie-Française, lors de son retour à Paris, en 1778). Pour savoir quel est le genre qui l'a le mieux inspiré vous pouvez également vous servir tout d'abord des faits. Celles de ses oeuvres qui ont eu le plus de succès au XVIIIe siècle sont certaines de ses tragédies et son poème épique de la Henriade. Mais la Henriade et presque toutes les tragédies sont tombées depuis dans un oubli profond ; et la tragédie même de Zaïre, la meilleure, nous semble aujourd'hui bien conventionnelle. Par contre, nous préférons de beaucoup le Siècle de Louis XIV, la correspondance ou les contes; et ce sont surtout les contes qu'on relit. Cet exposé de faits devra évidemment être complété par une explication analytique : analyse des défauts qui font la médiocrité de la Henriade et des tragédies (absence de psychologie vraie, pas de sincérité, médiocrité d'un style « noble » et sans relief, etc.) et des qualités qui font la valeur de la correspondance et des contes (sincérité, pittoresque, esprit, mouvement et vie du style, etc.) . Mais vous pourrez aussi chercher l'explication par les causes. Comment se fait-il que Voltaire se soit ainsi trompé sur son véritable génie et n'ait pas fait plus de contes et moins de tragédies? C'est en partie par la faute de son siècle. On n'admire que les « grands genres ; pour conquérir la gloire il faut écrire des tragédies, des odes, une épopée. On est très épris, au moins jusque vers 1750, de « purisme », de noblesse classique. Ces oeuvres de Voltaire flattaient les goûts des contemporains pour la belle éloquence, fût-elle creuse, et pour le beau style, fût-il aussi monotone et sans couleur que noble et élégant. Mais il a été aussi bien victime de lui-même. Il adore par exemple le théâtre; écrire des pièces c'est se livrer à mille ingénieuses combinaisons. C'est se donner la joie de répéter, de faire jouer inlassablement ce qu'on a écrit, à Cirey, chez Mme du Châtelet, à Ferney. L'activité et la vanité de Voltaire y trouvent leur compte.

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