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Un de vos amis vous a manifesté son dégoût pour l'étude des sciences naturelles; vous lui répondez en lui montrant sommairement: 1° le rôle de cet enseignement dans le développement intellectuel; 2° son utilité pratique.

Publié le 12/02/2012

Extrait du document

 

Cher ami,

Ai-je bien compris ta lettre? tes expressions n'ont-elles pas dépassé, déformé même ta pensée? « J'éprouve, me dis-tu, une insurmontable répugnance à l'étude des sciences naturelles qui, d'ailleurs, ne me seront d'aucune utilité ultérieure. A l'examen même, je ne serai pas blackboulé pour n'être qu'un ignorant en géologie ou en zoologie. Au surplus, est bien démontré que de telles études développent l'intelligence ? Voilà; pour  les sciences de la nature, une condamnation catégorique,  mais ...

« Par l'étude ·des sciences naturelles, on prétend développer en nous les quaiités intellectuelles que réclame l'emploi des méthodes 'Scientifl.ques.

Un tel résultat vaut plus que le solennel dignus est intrare qui nous confè- rer.a.

bientôt, je l'espère, le .diplôme de.

bachelier ....

_ --.

: : ~ L'objet même de ces sciences ·est le plus captivant qm smt.

Rien, en effet, n'est vraiment beau ici-bas que l'être vivant.

Ce .qui est intéressant, dans l'étude de la nature, c'est beaucoup moins la comparaison des formes et le· mèrveilleux spectacle de l'infinie variété des êtres, que les multiples manifestations de la vie à trav~rs ·les espaces et les temps.

La vie, mais c'est l'action de Dieu toujours présente, toujours efficace; c'est le plan de Dieu se déroulant avec une unité, une régularité telles, que des esprits supérieurs ont pu se demander si l'Auteur de l'univers n'avait pas, d'un type unique et extrêmement simple, tiré tous les êtres raisonnables, d'après des lois de transformation que lui-même aurait posées.

A ces études, Ber­ nard Palissy, Cuvier et· Claude Bernard ont trouvé la gloire; Pasteur y a de plus rencontré la surabondante satisfaction· d'avoir rendu· à l'humanité d'inappréciables services.

Est-on fondé à dire que les sciences naturelles n'ont pas développé ces intelligences? II en va de même pour nous, toutes proportions gardées, si nous en faisons une étude raisonnée.

Or, par quelles méthodes les sciences natu­ relles ont-elles, depuis cinquante ans, marché comme à pas de géant, et comment ces méthodes peuvent-elles servir à notre formation intellec­ tuelle? L'exactitude dans l'observation des phénomènes et l'application ri~oureuse des procédés de la méthode expérimentale sont comme les deux lo1s du sav.ant; et celui-là seul mérite le nom de naturaliste qui sait obser­ ver, expérimenter, appliquer aux choses de la nature les· procédés d'in­ vestigation de la science la plus élevée.

Certes J.emter trouvant le vaccin de la variole doit être considéré comme un grand bienfaiteur de l'huma­ nité; mais sa méthode était empirique et le hasard l'a heureusement servi.

De telles trouvailles ne sont ni.

de tous les siècles, ni même explicables autrement que par un dessein providentiel; la part de l'homme y est minime.

C'est au contraire par des considérations purement scientifiques, par des expériences rigoureuses, par une induction toujours raisonnée que Pasteur a obtenu les incomparables résultats de ses.

travaux, et ouvert la voie où marchent tant de savants qui sont en passe de révolutjonner la médecine et toutes les sciences biologiques.

L'étude des sCiences natu­ relles a fait d'un Claude Bernard e't d'un Pasteur des philosophes, des penseurs; elle peut aussi développer chez· nous, étudiants, et par .les idées multiples qu'elle suggère et par la variété des sujets qu'elle comporte, l'aptitude à nous rendre compte de tout.

· · Jeunes, la curiosité nous porte plus vers les sciences de _la nature que vers les sciences du raisonnement.

La fraîcheur· de la mémoire nous permet de retenir sans effort les ressemblances·· et les différences qu'on nous fait découvrir entre les objets qui sont sous nos yeux.

Aussi le programme a profité de cette aptitude : les leçons même élémentaires des sciences natu­ relles nous ·préparent à voir juste, à comprendre de suite les faits, à soup­ çonner, à conjecturer, à devmer, à résoudre nombre de ces pourquoi.

qui surgissent dans notre esprit; elles nous empêchent de regarder.

les phé­ nomènes naturels comme des énigmes insolubles et surtout de perdre le besoin de trouver une cause aux faits d'ordre divers dont nous sommes constamment les témoins.

· Plus tard, quand le programme nous fait aborder l'étude de l'anatomie et de la ·physiologie, la philosophie· scientifique nous· expose en même temps la nature et l'emploi de la méthode experimentale.

Alors nous rece­ vo.ns des ~xplications qui jetten~ sur les ~u~stions une vive lumière;.

nos mugences mtellectuelles sont satisfaites;· I'emgme du monde commence .

à ê_tre ·déchiffrée _POUr no.us; .

et voilà que, excités par cette joyéuse acquisi­ tion de la certitude scientifique, nous voulons porter partout où cela se peut la même rigueur de démonstration.

.

.

Si.

?es savants o~t.

c?m~is I'erre~r.

de vouloir soumettre à leur analyse experimentale les ventes d ordre rehg1eux, la: faute en est non aux.

sciences,.

mais à· ceux qui n'ont pas compris la différence infinie et essentiellè qui ~épare la :n~;tture et )e sur~at~rel.

Qu~nt aux jeunes ·gens qui, dans ces ehtdes, auraient perdu la fm p1euse de leur enfance, n'ont-ils pas été con­ d~its.

à ~e _désast~e.

moral :par .?e.s causes qui n'ont.

rien de scientifique? ..

: Lmne d1salt : « J a1 vu D1eu, J a1 vu son passage et ses traces, et je suis. »

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