Devoir de Philosophie

Vouloir avoir raison, est-ce critiquable ?

Publié le 16/01/2004

Extrait du document

On évitera de réfléchir trop longuement sur le sens de l'expression avoir raison: de se demander si avoir raison c'est détenir la vérité. On insistera au contraire sur le vouloir en question: qu'est-ce que vouloir avoir raison ? jusqu'où ce vouloir est légitime ? à partir de quand devient-il critiquable ?

[Introduction] [I. Qu'est-ce qu'avoir raison?] [1. Chercher à imposer sa vérité ?] [2. Ou accepter de voir son point de vue réfuté ?] [Transition] [II. La vérité ne se discute pas, elle s'impose à nous] [1. La conviction n'est pas nécessairement porteuse de vérité] [2. Et pourtant, la croyance d'hier ne peut-elle devenir la vérité de demain ?] [Transition] [III. La vérité ne saurait être confondue avec une opinion] [1. La connaissance de la vérité ne nous autorise pas à l'imposer] [2. Mais on ne saurait taire son opinion sans être intellectuellement malhonnête] [Conclusion]

« toute son âme », dit Platon.On sent bien toutefois que cette réponse ne suffit pas, parce que l'expression« avoir raison » ne peut pas se définir seulement par rapport à la vérité.

Elles'applique bien à la vérité, mais le plus souvent en tant qu'affirmation decette vérité, dans une discussion ou un débat contradictoire, face à une (ouplusieurs) thèse(s) adverse(s).

J'ai raison contre quelqu'un d'autre (qui atort).Mais alors, dès qu'on s'inscrit dans la perspective de la discussioncontradictoire, la volonté d'avoir raison peut revêtir une tout autresignification.

Elle n'est souvent que le désir d'avoir le dernier mot, ce qui estbien différent ! Il ne s'agit plus de vérité, mais de victoire.

Le débat n'est plusconsidéré comme le lieu où l'on cherche, ensemble, à approcher au plus prèsde la vérité, mais comme un affrontement où l'on s'efforce de terrasserl'adversaire.

Dans le vrai dialogue, on met ses forces en commun pour servir,ensemble, la connaissance du vrai ; dans l'affrontement verbal, on confronteses forces à celles de l'interlocuteur.

D'un côté la recherche, de l'autre lecombat.Les enjeux de la partie peuvent varier.

Le désir de « river son clou » àl'adversaire manifeste en général un souci d'amour-propre ou un esprit departi : laisser à l'autre le dernier mot, c'est avouer sa défaite, repartir vaincu.Ça peut n'être qu'un jeu : la discussion est un exercice intellectuel au mêmetitre que le jeu d'échecs.

Les pièces sont les mots, les règles du jeu sontcelles de la logique, les coups sont les procédés rhétoriques, l'échiquier est lechamp immense des problèmes humains.Il n'est plus question d'avoir raison (au sens propre : dire vrai), mais d'avoir raison de l'autre.

Avoir raison de quelquechose ou de quelqu'un, c'est en triompher dans une lutte où l'on a eu le dessus.

Les pompiers ont raison del'incendie, le médecin de la maladie (ou la maladie, quelquefois, du médecin !), l'équipe sportive de l'équipe adverse,les difficultés ou les dangers peuvent avoir raison de mon courage, le froid de mon désir de sortir.

Mais avoir raisonet avoir raison de, n'ont rien à voir.

Je peux avoir raison dans un débat, défendre le point de vue juste, et ne pasavoir le dernier mot.

Pour peu que mon interlocuteur soit plus habile discoureur, qu'il soit plus que moi rompu auxjoutes oratoires, et j'irai au tapis ! Ce qui veut dire que je ne saurai plus quoi répondre, ou bien que l'assistance - s'ily en a une - me donnera tort.

Et dans ce cas, c'est celui qui a tort qui réduit l'adversaire à sa merci.

Platon nedonnait pas cher du médecin face au confiseur devant un tribunal d'enfants ! [2.

Ou accepter de voir son point de vue réfuté ?] Notons en passant que dans le dialogue authentique, celui où l'on cherche ensemble à trouver la vérité (dialoguedont le modèle reste le dialogue socratique), le véritable vainqueur est celui dont le point de vue a été réfuté.

Si jerepars battu, c'est que je me trompais, et que la discussion m'a ouvert les yeux.

J'y ai obtenu quelque chose :d'être maintenant plus près de la vérité.

Vaincu, je suis gagnant.

Quand je discute, je ne peux rien souhaiter demieux - pour moi - que d'avoir tort ! Au début du Ménon, Socrate annonce ne désirer rien tant que d'être réfuté.Concluons : le désir d'avoir raison, c'est-à-dire de connaître la vérité plutôt que d'être dans l'erreur, n'a rien à voiravec l'acharnement à avoir raison de l'autre dans la discussion.

Le premier est légitime, le second n'est le plussouvent qu'une preuve de mauvaise volonté. [Transition] Reste une question : ne serait-il pas finalement plus simple de renoncer à l'idée d'une vérité unique, qu'un seul peutdétenir ? Enterrer cette prétention, cela ne permettrait-il pas d'en finir avec l'intolérance et le fanatisme ?. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles