Devoir de Philosophie

Vouloir avoir raison est-ce critiquable

Publié le 24/03/2004

Extrait du document

En ce sens, la volonté d'avoir raison ne parait pas critiquable, et la question même de sa légitimité ne semble pas devoir être posée. En revanche, on peut s'interroger sur cette légitimité lorsque vouloir avoir raison consiste à vouloir obtenir l'adhésion d'autrui.

a) Convaincre sans contraindre : le respect d'autrui

* Vouloir avoir raison doit alors s'entendre moins comme le désir de vouloir la vérité elle-même, pour elle-même, puisqu'on est supposé la posséder, que comme le désir de faire partager notre conception de la vérité, de faire adhérer autrui à nos vues, de le convaincre.

* Voulant convaincre mon interlocuteur que j'ai raison sur tel sujet, un dialogue peut s'instaurer entre lui et moi, à l'issue duquel je veux avoir eu raison des arguments de cet interlocuteur et lui prouver que j'avais raison de penser comme je le faisais. Or, c'est seulement partir du moment où je reconnais en autrui une «personne«, c'est-à-dire un être raisonnable, digne de respect et qui n'est pas moins capable de bien juger que moi, qu'un dialogue authentique peut s'instaurer.Ainsi, dès lors que je considère autrui capable d'avoir raison de la même façon que moi ; que je suppose chez lui la même capacité que j'ai, moi, à discerner le vrai du faux, le bien du mal, le beau du laid ; que je l'écoute comme je souhaite qu'il m'écoute ; que je ne pense pas avoir plus de droit que lui à parler sur tel ou tel sujet ; alors je peux vouloir avoir raison tout à fait légitimement. Et ce qui vaut sur le plan individuel vaut de la même façon sur celui des groupes (de personnes), par exemple des relations d'État à État : dès lors qu'un État ne souhaite pas vouloir avoir raison contre un autre État en menaçant ce dernier s'il ne se range pas à son opinion, c'est encore en toute légitimité que chacun pourra vouloir avoir raison.

b) Les moyens de convaincre autrui

* Vouloir avoir raison implique que l'adhésion de l'autre n'est pas acquise, que c'est un but à atteindre et qu'il convient de se donner les moyens d'y parvenir. il faut donc distinguer entre la vérité que l'on pense détenir et les moyens que l'on met en oeuvre pour convaincre autrui, moyens qui ne sont pas nécessairement rationnels en ce sens qu'ils ne s'adressent pas toujours à la raison, mais peuvent s'adresser au coeur, aux sentiments, à la conscience morale, etc. Je puis vouloir, par exemple, qu'autrui partage mon enthousiasme pour tel compositeur ou pour tel peintre ; or, je ne puis en toute rigueur lui démontrer sur ce plan que j'ai raison.

Dans ce sujet, il est capital de distinguer "vouloir avoir raison" et "avoir raison". L'enjeu n'étant pas le même dans les deux cas: dans le premier, un rapport de force est en jeu, tandis que dans le second, c'est un fait qu'il ne nous appartient pas de discuter, c'est une vérité.

Liens utiles