En vous appuyant sur le corpus proposé, sur les textes et les oeuvres étudiés au cours de l'année ainsi que sur vos lectures personnelles, vous vous demanderez quel rôle la littérature peut avoir dans un débat d'idées.

« politique en France.

Le rôle de la littérature au sein du débat n’est donc pas restreint à la critique ; elle peut, au même titre que d’autres domaines, jouer un véritable rôle actif. Par ailleurs, la littérature dispose de plusieurs moyens pour défendre les idées qu’elle avance.

Elle peut employer la persuasion, c’est-à-dire recourir aux sentiments de son lecteur pour le rallier à sa thèse. Victor Hugo, qui se prononce contre la peine de mort, rédige le court roman Claude Gueux et y emploie une stratégie persuasive.

Non seulement il montre les excès de la justice : le héros est en prison pour avoir volé du pain.

Mais il pousse aussi le lecteur à s’ attacher à ce héros en décrivant un homme bon, digne et émouvant, et surtout réel puisque l’histoire est inspirée d’un fait divers.

Le lecteur n’a alors pas d’autre choix que d’admettre la déconcertante réalité et de se ranger au côté d’Hugo. Enfin, l’auteur peut tenter de convaincre son lecteur, en faisant appel à sa raison cette fois ci.

Cette stratégie se retrouve notamment quand l’argumentation est au cœur de l’œuvre : essais, discours… Mais elle n’est pas indissociable de d’autres genres comme la poésie.

Le poème « Assieds -toi sur le bord » de Chassignet, présente une visée argumentative précise et fondée sur la conviction.

Il s’agit de montrer l’inconstance de toute chose par le biais d’une analogie avec la rivière.

Ainsi la littérature dispose de plusieurs moyens, directs ou indirects, pour rallier le lecteur à une thèse. La littérature peut donc remplir les mêmes fonctions que d’autres genres dans un débat d’idées, à savoir défendre ou critiquer une thèse.

Pourtant, ce n’est pas sa fonction initiale, celle de divertir.

Elle doit donc présenter des particularités, voire des avantages, qui justifient son implication dans des débats. Dans un premier temps, la littérature se différencie des autres genres comme le journalisme par la fiction. Elle est capable d’instruire et d’argumenter tout en distrayant : c’est la fonction didactique.

De nombreux genres littéraires s’y prêtent : fables, contes, roman historique et roman témoignage… Le conte philosophique Candide de Voltaire raconte l’histoire du héros éponyme mais foisonne aussi de sujets de réflexion et de critiques.

Persuasion et distraction se confondent donc pour une meilleure efficacité.

La fiction apporte également deux autres avantages : elle peut servir à montrer un exemple concret illustrant une théorie peu accessible ; et elle déjoue le risque de la censure lorsqu‘il existe. Ensuite, la littérature permet de diffuser les idées, d’élargir les débats à un public plus large.

En effet elle est particulièrement accessible à tous, et certaines œuvres sont justement faites dans ce but. L’Encyclopédie, qui réunit un grand nombre de philosophes des Lumières, est un concentré de thèmes plus ou moins polémiques.

L’article « Luxe » répond à la fois à un débat économique (commerce) et à un débat philosophique (bonheur).

Cette accessibilité est donc une particularité majeure de la littérature en comparaison à d’autre genres puisqu’elle permet une large diffusion. Enfin, la littérature, par opposition au journalisme par exemple, ne dépend pas directement de l’actualité.

De cela résultent deux avantages.

D’une part la littérature présente une universalité dans le temps comme dans l’espace, elle a une vision plus large sur chaque thème et peut être novatrice.

D’autre part, elle offre plus de profondeur à la réflexion et permet une ouverture vers une dimension plus philosophique La littérature a donc de multiples rôles au sein des débats d’idées : il ne s’agit pas seulement de contredire des thèses, elle est aussi capable d’apporter de nouvelles idées et de les défendre.

Mais bien qu’elle détienne l’immense pouvoir des mots, ce serait un tort de considérer que la littérature est le seul domaine artistique à pouvoir s’impliquer dans des débats d’idées.

Il serait en effet intéressant de voir dans quelle mesure un autre art, comme la peinture, peut prendre part à des sujets polémiques : pensons au célèbre « Guernica » de Picasso, par exemple, qui dénonce le bombardement de la ville du même. »