Devoir de Philosophie

Vous ferez de ce passage de Reverdy, suivant votre préférence, soit un résumé, soit une analyse en distinguant et en ordonnant les idées. Vous choisirez ensuite l'une des affirmations pour en faire un commentaire personnel en l'illustrant d'exemples empruntés aux poètes que vous aimez.

Publié le 16/02/2011

Extrait du document

reverdy

La poésie n'est certainement pas dans les choses, autrement tout le monde l'y découvrirait aisément, comme tout le monde trouve si naturellement le bois dans l'arbre et Veau dans la rivière ou l'océan. Il n'existe pas non plus, par conséquent, de choses ni de mots plus poétiques les uns que les autres, mais toutes choses peuvent devenir à l'aide des mots poésie, quand le poète parvient à mettre son empreinte dessus. La poésie n'est en rien ni nulle part, c'est pourquoi elle peut être mise en tout et partout. Mais rien ne s'opère sans une véritable transmutation des valeurs. Dans l'impuissance à la saisir9 à l'identifier où que ce soit, on a préféré déclarer qu'elle régnait partout et qu'il suffisait de savoir l'y découvrir. Or, il est parfaitement évident qu'elle est plutôt une absence, un manque au cœur de l'homme, et9 plus précisément, ce que le poète a le don de mettre à la place de cette absence, de ce manque. Et il n'y a poésie réelle que là où a été comblé ce vide qui ne pouvait absolument l'être par aucune autre activité ou matière réelle de la vie... ...Qu'est-ce que l'aurore? Sujet poétique, éminemment. Non, pas plus que la nuit elle-même. L'aurore est le prélude au surgissement du soleil à l'horizon. C'est tout. Encore qu'elle constitue un des spectacles les plus émouvants que puisse offrir la nature, selon le lieu d'où Von en est témoin, elle reste un phénomène d'ordre physique quotidien à la contemplation duquel très peu d'hommes d'ailleurs se soucient de sacrifier le moindre instant de leur sommeil. Mais quand le poète a dit : l'aurore aux doigts de rose, là est intervenue la poésie. Là est la clé de toute l'opération poétique. La poésie est uniquement une opération de l'esprit du poète exprimant les accords de son être sensible au contact de la réalité. Entre le rose des doigts et les couleurs d'une aurore tout entière, il y a de la distance et de la marge, d'autant plus qu'aucune forme n'intervient comme soutien. Toutefois, rien ne nous empêche de voir aussi le soleil surgissant comme une main ou un éclatement de pétales de rose. Rien ne nous empêche, car le propre d'une image juste, grande et forte est de permettre et de susciter, de supporter tous les rapports que chacun y pourra découvrir et ajouter de sa propre source. Elle est elle-même source, nourrice de sources, pour ceux qui, bien entendu, ont de leur propre fonds quelque chose à ajouter... Non, il n'y a pas de poésie dans la nature, mais elle est le sceau particulier, V empreinte indélébile que F homme impose aux choses — une marque de fabrique suprême — un cachet de noblesse et de priorité. Pierre Reverdy (Flammarion).

reverdy

« COMMENTAIRE Le problème essentiel vers lequel doit s'orienter le commentaire est évidemment posé par la définition de la poésie.Reverdy s'exprime en ces termes : « La poésie est uniquement une opération de l'esprit du poète exprimant lesaccords de son être sensible au contact de la réalité.

» Dans ce passage, Pierre Reverdy dénonce une conception erronée de la poésie qui prétend la trouver dans toutesles choses.

Pour lui, elle est une création de l'homme et domine la nature.

Il la définit ainsi : « La poésie estuniquement une opération de l'esprit du poète exprimant les accords de son être sensible au contact de la réalité.

»Nous essaierons de déterminer à quoi s'oppose cette conception et comment elle se justifie à travers les œuvrespoétiques. DISCUSSION En définissant ainsi la poésie, Pierre Reverdy s'oppose à une certaine tradition de la réflexion poétique.

Il a falluattendre ces dernières décennies pour que les critiques arrivent à cerner la notion de poésie.

Une définition commecelle de Houdard de La Motte, au XVIIIe siècle nous montre bien les progrès de la recherche sur ce sujet : « Ilfaudrait définir la poésie, l'art qui par le discours en vers, imite la nature avec choix et avec un dessein sensible dedonner certaines idées, ou d'exciter certains sentiments.

» Depuis longtemps nous avons cessé de chercher dans lapoésie un enseignement quelconque, et la «réalité» choisie nous paraît une expression dénuée de sens.

La critiquemoderne s'est attachée à étudier la poésie uniquement comme langage, mais beaucoup la considèrent encorecomme un univers caché.

Jean Cocteau écrivant : «(La poésie) dévoile...

Elle montre nue, sous une lumière quisecoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement »,se rapproche beaucoup d'un homme du XIXe siècle; en effet A.

Soumet considérait ainsi la poésie : « Le poète estessentiellement l'interprète de la nature et de la destinée, et la poésie n'a été appelée le premier des arts que parcequ'elle explique et achève, pour dire, l'œuvre du Créateur.

Elle dépouille les êtres de leur enveloppe vulgaire, pour lesforcer de livrer à nos regards tous les secrets de leur merveilleuse existence...

(Le poète) devine que sous lesdifférents objets dont il est environné il existe autre chose que ces objets eux-mêmes.

» A cette lecture on se demande ce que peut être cet « objet sous l'objet » sinon imagination pure.

Ces hommes sontprêts à inventer n'importe quelle prétendue réalité pour charger la poésie de la découvrir.

Valéry lui-même oscilleentre l'analyse du langage et la notion d'univers poétique.

Pour lui, le langage poétique « éveille une résonance quiengage l'âme dans l'univers poétique, comme un son pur au milieu des bruits lui fait pressentir tout un universmusical ».

Là encore, on semble concevoir un univers particulier accessible seulement à quelques privilégiés. En face de ces conceptions vagues, Pierre Reverdy a le mérite d'envisager la poésie à la fois comme une créationhumaine et comme un rapport avec la réalité.

Le poète se retrouve donc seul, sa création est arbitraire, mais nonpas vaine parce qu'elle naît d'une relation. ÉTUDE DE L'ACTE POÉTIQUE Ainsi, la poésie est avant tout un acte créateur qui ne dépend que du poète lui-même.

Nul ne peut affirmer que lepoulpe soit un animal poétique et cependant Lautréamont l'a rendu tel dans Les Chants de Maldoror « O poulpe, auregard de soie ! toi, dont l'âme est inséparable de la mienne...

» C'est l'image qui institue la relation poétique entrel'objet et la résonance qu'il prend pour le poète.

Dans ce cas, il arrive que l'image s'impose sans que le poète lacomprenne bien au départ.

Ce « regard de soie » n'a pas de signification rationnelle, et cependant l'expression estbelle et frappante.

Le lecteur y met le contenu qui correspond à sa sensibilité, comme le poète l'a fait lui-même.Cela n'exclut pas le travail de recherche de sa part, mais parmi toutes les images qu'il a pu chercher, l'une s'imposeà lui parce qu'elle correspond à une forme de sensibilité dont il n'est peut-être pas conscient.

Elle n'est jamaiscalculée comme un exercice de mathématiques. Parfois l'image porte le mouvement même de la sensibilité.

Par exemple, dans le premier vers du poème La Musiquede Baudelaire : « La musique souvent me prend comme une mer»..., l'image établit une relation de la musique à lamer par l'intermédiaire du poète.

Il est troublant de constater que seule la sensibilité du poète a pu les mettre enrapport; pourtant, ce rapport, une fois exprimé, semble exister pour lui-même.

Ainsi l'image est-elle la créationpoétique par excellence dans la mesure où, née d'une sensibilité particulière, elle existe en tant que telle et revit enchaque lecteur. CONCLUSION Ainsi Pierre Reverdy a su définir la poésie par son acte essentiel : créer des images.

Bien d'autres élémentsinterviennent dans la mise en œuvre d'un poème, mais l'image reste au cœur de la création poétique.

La poésie nepeut donc plus se définir comme un univers fermé mais comme une création continue.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles