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Le vrai n'est-il qu'une affaire de croyance ?

Publié le 06/03/2004

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Autrement dit, les rapports polémiques entre les constructions théoriques et les faits nouveaux sont à la source d'une plus grande rationalisation du réel et de progrès de la raison elle-même. La certitude n'est que subjective Je peux être certain d'un fait dont j'ai fait l'expérience directe («j'ai chaud»); mais il est impossible de l'être de la même façon d'un fait que je n'ai pas moi-même expérimenté («tu as chaud»). Il convient donc d'être très prudent lorsqu'on affirme une chose.   [S'il y a correspondance entre croyance et réalité, on peut alors parler de vérité. En effet, les critères de vérité ne se limitent pas aux seuls rapports de cohérence entre les diverses croyances.] Il y a des vérités établies En ramenant les propositions complexes à des propositions simples et en ramenant chacune de ces propositions au fait simple qu'elle décrit, le philosophe doit être en mesure de résoudre un certain nombre de problèmes et d'accéder à une véritable connaissance expérimentale. Il ne s'agit donc plus de croyance, mais de savoir. C'est là la méthode cartésienne: Pour Descartes, le problème de la vérité se réduit à une question de méthode. Si la faculté ne fait défaut chez personne, la lumière naturelle ou la raison étant identique en chacun, son application doit être réglée. La logique, la géométrie et l'algèbre, trois sciences vraies, peuvent servir de modèle pour établir une méthode universelle permettant de s'acheminer sans peine sur la voie de la vérité, à la condition de les débarrasser de leur superflu et de leurs défauts.

« Force est de remarquer qu'il suffit d'une seule exception, dans l'expérience passée, présente ou future, pourqu'un énoncé ne puisse plus être considéré comme valide.

Il est clair, dès lors, que personne (hormis Dieupeut-être) n'est en mesure d'attribuer une valeur de vérité à un énoncé quelconque.

On ne peut que secontenter de croire.

On pourra étoffer cette idée avec la falsification chère à Popper: L'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente.

Les théories n'ont qu'une valeur provisoire.

Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions.

Toutsuccès scientifique ouvre plus de questions qu'il n'en clôt.

Faut-il pour autant sombrer dans le scepticisme etaffirmer qu'il n'y a rien qui vaille vraiment ? Comment distinguer, dès lors, la véritable science de lamétaphysique ou des pseudo-sciences comme l'alchimie ou l'astrologie ? Et que penser des scienceshumaines ? La psychanalyse, la théorie de l'histoire de Marx peuvent-elles prétendre légitimement à la scientificité ? Popper , dans « Logique de la découverte scientifique » propose un critère de démarcation, capable d'établir, de manière concluante, la nature ou le statut scientifique d'une théorie.

Il écrit : « C'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère de démarcation.

En d'autrestermes, je n'exigerai pas d'un système scientifique qu'il puisse être choisi, une fois pour toutes, dans uneacception positive mais j'exigerai que sa forme logique soit telle qu'il puisse être distingué, au moyen de testsempiriques, dans une acception négative : un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir êtreréfuté par l'expérience.

» A l'époque de Popper , on affirmait généralement que ce qui distinguait la science des autres disciplines, c'était le caractère empirique de sa méthode.

Autrement dit, en multipliant les observations et lesexpériences, le savant en tirait, en vertu du fameux principe d'induction, des lois qu'il considérait commenécessaires et universellement valides.

Partant de là, les néopositivistes soutenaient que tout ce qui n'est pasvérifiable est « métaphysique » et doit être éliminé de la science.

Or, comme le souligne Popper , l'induction, qui consiste à inférer une règle universelle à partir d'une multitude de cas particuliers et donc des théories àpartir d'énoncés singuliers vérifiés par l'expérience, est une démarche logiquement inadmissible : « Peu importe le grand nombre de cygnes blancs que nous puissions avoir observé, il ne justifie pas la conclusion que tousles cygnes sont blancs. » Aussi Popper affirme-t-il qu'aucune théorie n'est jamais vérifiable empiriquement et il distingue trois exigences auxquelles devra satisfaire ce qu'il appelle un « système empirique » ou scientifique : « Il devra, tout d'abord, être synthétique, de manière à pouvoir représenter un monde possible, non contradictoire.

Endeuxième lieu, il devra satisfaire au critère de démarcation, c'est-à-dire qu'il ne devra pas être métaphysiquemais devra représenter un monde de l'expérience possible.

En troisième lieu, il devra constituer un systèmequi se distingue de quelque autre manière des autres systèmes du même type dans la mesure où il est le seulà représenter notre monde de l'expérience.

» La troisième exigence est la plus décisive.

Comment, en effet, reconnaître le système qui représente notremonde de l'expérience ? La réponde de Popper est la suivante : par le fait qu'il a été soumis à des tests et qu'il y a résisté.

Cela signifie qu'il faut appliquer une méthode déductive.

En d'autres termes, si nous ne pouvons exiger des théories scientifiques qu'elles soient vérifiables, nous pouvons exiger d'elles qu'elles soient mises à l'épreuve.

Il s'agit pour cela de déduire de la théorie examinée des énoncés singuliers ou « prédictions » susceptibles d'être facilement testés dans l'expérimentation.

Une théorie qui ne résiste pas aux tests sera dite « falsifiée » ou « réfutée » par l'expérience.

Si elle passe l'épreuve des tests, elle sera considérée comme provisoirement valide jusqu'à ce qu'elle échoue à des tests ultérieurs ou qu'une théorie plus avantageuse apparaisse. Ainsi alors que, jusqu'ici, une théorie était considérée comme vraie parce qu'elle était confirmée par de nombreuses observations et expérimentations, c'est aux yeux de Popper la « falsifiabilité » ou la possibilité d'être falsifié par l'expérience, qui permettra de faire le tri entre les énoncés scientifiques et ceux qui ne lesont pas : « Un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience. » Ainsi l'énoncé « Il pleuvra ou il ne pleuvra pas ici demain », étant infalsifiable, sera considéré comme non empirique, puisqu'aucune expérience ne peut l'invalider et comme non scientifique.

Autrement dit,l'irréfutabilité n'est pas vertu mais défaut.

Et c'est au nom de ce critère de falsifiabilité que Popper peut exclure de la science des théories comme le marxisme et la psychanalyse, théories qui sont totalisantes, quicouvrent la totalité des phénomènes qui se produisent dans leur domaine d'attribution, qu'aucun fait ne pourrajamais contredire. Prenons l'exemple de la psychanalyse.

N'est-ce pas une théorie qui échappe à toute épreuve qui pourrait la réfuter ? Le refus de la réalité de l'inconscient ou encore de la sexualité infantile n'est-il pas, aufond, pour le psychanalyste, une manifestation même de résistance ? Quelle que soit la critique qu'on adresseà la psychanalyse, ne peut-elle pas être interprétée par le médecin en termes de résistance ? C'estprécisément parce qu'elle n'exclut aucun fait de son domaine, même ceux qui pourraient la contredire, quePopper relègue la psychanalyse au rang de fausse science, aux côtés de la cartomancie ou encore de l'astrologie. Il est donc possible de décider de la vérité ou de la fausseté d'une théorie ou d'un énoncé, et ce de manière concluante.

Dire qu' « un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience », cela signifie bien que, paradoxalement, « c'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système. »

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