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Est-il vrai, comme le veut Auguste Comte, qu'une science positive de l'esprit ne fasse aucune place à l'introspection ?

Publié le 27/03/2004

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auguste
  Est-il vrai, comme le veut Auguste Comte, qu'une science positive de l'esprit ne fasse aucune place à l'introspection ? CONSEILS Les philosophes ont jugé sévèrement l'étroitesse de la doctrine de Comte concernant l'observation subjective. Avant de juger une thèse, il faut voir ce qui la motive. Quelles raisons avait Comte de condamner l'introspection? Si vous les ignorez, examinez en quelle mesure la psychologie actuelle réussit à se passer de ce procédé de recherche. Introduction. Si la psychologie est fort en retard sur les sciences de la nature, c'est qu'elle est, par rapport à elles, dans une situation très défavorable. Une science ne paraît mériter son nom que si le fait qu'elle interprète est accessible à une observation large, s'il est saisissable de points de vue divers, si l'hypothèse se prête au contrôle strict qu'exercent des esprits indépendants les uns des autres. Tel est le cas des sciences physiques. Mais au champ ouvert de l'espace s'oppose le monde clos de la conscience.
auguste

« II.

— Insuffisance de l'introspection. A) ELLE EST PÉNIBLE ET EXCEPTIONNELLE. Notre attention s'oriente spontanément vers le monde utile, qui est le monde externe : matériel et social, et ne sedétourne que tard, non sans effort, de la situation objective vers la réaction subjective.

La pensée d'autrui, note M.Guillaume, nous est connue plus tôt que la nôtre propre.

Et bien des personnes restent incapables de toute analyseintérieure.

Diverses circonstances, d'ailleurs, l'interdisent.

D'une part, elle suppose l'attention, qui, portée sur une situationexterne, ne peut se diviser pour saisir en même temps la réaction intérieure.

De l'autre, une situation émouvantedésorganise l'attention, sous toutes ses formes. B) ELLE CHANGE SON OBJET. La perception n'altère pas la chose perçue.

Mais, quand nous savons ce que nous sommes, nous ne sommes plus tout àfait ce que nous étions.

On se transforme en se connaissant.Prendre conscience de sa colère, c'est parfois la juger et s'en libérer ; il arrive aussi qu'on la redouble, par une sorte decontagion de soi à soi, en la percevant comme celle d'un autre.

Généralement, l'introspection tend à ruiner le fait qu'elleveut saisir, à en dissoudre, par l'attitude lucide et proprement intellectuelle qu'elle implique, la nature ou la nuanceaffective : ce n'est plus un homme ému qu'un homme curieux de son émotion.

Cet inconvénient disparaît dansl'observation subjective différée.

Mais la rétrospection a ses déformations propres.

On oublie son passé.

On le reconstruitpour le prêter à ce récit intérieur qu'est l'évocation du souvenir.

On le saisit à travers des expériences ultérieures qui envoilent ou dénaturent la signification.

Enfin, à moins de revivre à la rigueur l'état ancien et de revenir à l'introspectiondirecte, on n'en retrouve guère que les dehors ; il reste de l'émotion passée le souvenir intellectuel de ses circonstances. C) ELLE EST ÉTROITE. Elle exclut l'étude de l'enfant, de l'aliéné, du primitif, des formes inconscientes de la vie mentale ; elle se borne àl'observation que fait de lui-même un homme adulte, sain, cultivé. D) ELLE NE COMPORTE AUCUN CONTRÔLE. Elle exige qu'on fasse pleinement crédit à l'individu qui s'observe, à sa lucidité, son désintéressement, sa bonne foi. E) CETTE PRISE DE CONSCIENCE N'EST PAS ENCORE CONNAISSANCE. Ce que l'introspection saisit n'est qu'un aspect fragmentaire d'une conduite indivisible, elle-même inséparable de sescirconstances objectives.

La donnée purement interne n'a pas de sens par elle-même.

« Connaître scientifiquement unfait, c'est l'insérer dans un réseau de relations causales.

» (Guillaume).

Connaître mon émotion, c'est rapporter ce quej'éprouve aux modifications corporelles qui la constituent aussi, et rapporter cette attitude complexe à la situation externequi la détermine. III.

— Que substituer à l'introspection? A) ÉTUDE BIOLOGIQUE ET SOCIOLOGIQUE. La vie mentale s'éclaire par l'analyse de ses conditions et manifestations corporelles : mécanisme cérébral et nerveux,réactions musculaires et viscérales.

Mais l'individu n'est qu'une abstraction.

La société, disait Bonald, est la vraie et mêmela seule nature de l'homme.

Il n'est pas une fonction mentale qui ne soit transformée et en quelque mesure construite parla vie sociale : un homme seul, dit M.

Janet, n'aurait pas besoin de mémoire.

En toute oeuvre humaine s'exprime la penséede l'homme : sa foi dans la religion, son goût dans les oeuvres d'art, son imagination dans les mythes. B) ÉTUDE DU COMPORTEMENT. On définit les rapports observables entre les stimulations de milieu et les réactions du vivant, omettant les intermédiairessubjectifs et aussi nerveux.

Méthode applicable à toutes les formes de vie mentale, à l'animal comme à l'enfant et àl'aliéné ; et particulièrement féconde dans le cas de l'homme adulte, pourvu de ces réactions riches et finementdifférenciées qui constituent le langage. Conclusion. Il reste, finalement, une part à l'introspection.

Aucune des méthodes précédentes n'épuise le contenu de la vie mentale.

Ilest, notamment, aussi difficile et arbitraire de vouloir ignorer le moment subjectif de la conduite que de l'isoler pour s'ytenir.

D'une part, sous sa forme traditionnelle, l'introspection est encore utilisable sous les réserves précédentes.

Del'autre, la psychologie moderne fait une place à l'introspection « éloignée ».

Dans les expériences sur le travail mental, onnote non seulement les résultats objectifs de l'expérience, mais les réactions intimes du sujet (entrain, fatigue, etc.).

Leprocédé des questionnaires, adressés à de nombreux lecteurs, inconnus, est encore un recours à l'introspectionprovoquée.

La psychologie ne peut ni s'en tenir à l'introspection ni l'exclure.

La vie mentale s'éclaire par le dedans et parle dehors.. »

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