Le vrai est-il ce que je crois vrai ?
Publié le 08/11/2005
Extrait du document
Le thème de l’énoncé porte explicitement sur la nature du vrai. La nature du vrai doit être ici déterminée. Cette détermination doit permettre son identification – dire du vrai ce qu’il est. Mais une telle entreprise de détermination de la nature du vrai suppose la détention de critère(s) afin d’assurer l’identification du vrai. La croyance que quelque chose est vrai peut-elle faire office de critère de ce qui est vrai ?
Voilà posé le problème de l’énoncé. Se demander si “ le vrai est ce que je crois vrai ” consiste à s’interroger sur la possibilité d’une équivalence entre le vrai et ce qui est cru comme étant vrai. Penser l’identité du vrai avec la croyance au vrai (la croyance que telle chose est vraie) conduit à fonder le vrai en la croyance : le vrai est ce que je crois être tel. Proposition à laquelle peut être opposée l’existence d’une distinction entre le vrai et le vrai de la croyance.
Existe-t-il une distinction entre le vrai de la croyance et le vrai comme tel ? Autour de ce problème s’articulent plusieurs enjeux : premièrement, définir la croyance et le vrai pour en constater l’opposition ou l’identité, afin d’en penser les conséquences ; puis, dans un second temps, se demander ce que peuvent être une croyance vraie et une vérité crue, en vue d’évaluer la pertinence de leur distinction.
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distinguer la croyance en Dieu de la croyance aux fantômes.
Ainsi, vous pouvez penser à la formule de Pascallorsqu'il dit que Dieu est sensible au cœur et non à la raison.
Il y aurait alors une vérité que la simple raison, à causede ses limites, ne peut atteindre.
Dieu comme vérité relèverait d'une croyance.
Mais il s'agit alors de se demanderce qui permet ici encore de parler de vérité.
[Parce qu'il n'y a pas de certitude objective, parce que tout savoir est nécessairement subjectif, il faut en conclure que toute affirmation d'une vérité est plus acte de croyance qu'une connaissance établie.]
Les faits eux-mêmes ne sont ni vrais ni fauxUn monde purement matériel, écrit Russell, faute de croyances comme d'affirmations, ne contiendrait ni vériténi fausseté.» Les faits ne sont que «l'ameublement du monde».
Seules nos croyances, dans la mesure oùelles concernent des objets sensibles ou des faits clairement identifiables, sont susceptibles de vérité ou defausseté.
Ce que nous tenons pour vrai n'est que croyance (Hume) "Je conclus, par une induction qui me semble très évidente, qu'uneopinion ou une croyance n'est qu'une idée, qui diffère d'une fiction, nonpas en nature ou par l'ordre de ses parties, mais par la manière dont onla conçoit.
Mais quand je veux expliquer cette manière, je trouvedifficilement un mot qui réponde pleinement à ce dont il s'agit, et suisobligé de recourir à ce que chacun éprouve pour lui donner une notionparfaite de cette opération de l'esprit.
Une idée qui reçoit l'assentiment,nous l'éprouvons comme différente d'une idée fictive que la fantaisieseule nous présente.
Et cette différence, je m'efforce de l'expliquer parce que j'appelle une force, une vivacité, une solidité, une fermeté ouune stabilité supérieures.
Cette diversité de termes, qui peut sembler sipeu philosophique, n'est employée que dans le but d'exprimer cet actede l'esprit qui nous rend les réalités plus présentes que les fictions, leurdonne plus de poids dans la pensée et plus d'influence sur les passionset l'imagination.
Pourvu que nous soyons d'accord sur la chose, il n'estpas besoin de discuter sur les termes.
[...] J'avoue qu'il est impossibled'expliquer parfaitement ce que l'on éprouve alors, cette manière de laconception.
Nous pouvons utiliser des mots qui expriment quelquechose d'approchant.
Mais son nom véritable, son nom propre, c'estcroyance, terme que chacun comprend suffisamment dans la viecourante." HUME
L'esprit peut-il vraiment n'être qu'imagination, et ses opérations les plus sûres se rapprocher des fictions lesplus délirantes ? Le pari est tenu d'une philosophie sans a priori, théorie des facultés ou déductiontranscendantale.
Ce que Hume nomme entendement ne doit être entendu que comme « propriétés les plusstables et les mieux établies de l'imagination' », comparaison d'idées entre elles (ou connaissancedémonstrative) et fantaisie réglée, système de croyances probables.
Au plan de leur contenu, il n'y a rien deplus dans une croyance que dans une fiction ; sinon, justement, ce ne serait pas une croyance mais unevérité démonstrative, liant les idées par leur matière au lieu de les lier sans fondement, comme le faitl'entendement dans les inférences causales.
Leur manière seule les distingue : tandis qu'une associationfantaisiste, celle d'une montagne d'or, par exemple, n'a pas d'effet sur les attentes et les prédictions del'entendement, ni même sur les passions (sauf pour un avare qui la chercherait, mais cela ne serait que fauxjugement et folie de sa part), les liaisons régulières s'accompagnent d'une tonalité particulière, pour laquelleHume emploie le mot feeling : les idées auxquelles on croit affectent l'esprit.
Cette force de convictioncaractérise l'idée vive qui, en raison de la coutume, reçoit de l'impression présente une part de sa vivacité ;tout se passe comme si la répétition d'événements semblables toujours contigus l'un à l'autre, créait cet effetde vivacité.Hume donne à un tel phénomène le nom très courant de croyance.
De ce fait, il forge un outil théoriquedestiné à lui servir dans l'explication d'autres phénomènes que les inférences savantes, par exemple, lasuperstition, entretenue grâce au soutien que les cultes donnent à ce mécanisme naturel, mais aussi lacroyance à l'identité personnelle, aux spectacles ou aux récits.
En dernière analyse, seule l'expérienceeffectivement constituée de conjonctions constantes soutient la « certitude morale » (c'est-à-direexpérimentale) de nos croyances les plus probables, que l'on peut considérer comme prouvées (mais nondémontrées) et opposer aux fictions de l'imagination, même quand ces dernières font l'objet de croyances.
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