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Le vrai est-il toujours vraisemblable?

Publié le 15/03/2005

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L'esprit scientifique doit se former en se réformant »Il est banal d'interpréter l'activité scientifique comme le prolongement, comme l'approfondissement de la connaissance vulgaire et des techniques primitives. L'agriculteur, qui après une longue expérience parvient, en interprétant la limpidité de l'atmosphère, la direction du vent, etc., à prévoir le temps, raisonne au fond déjà comme le savant météorologiste qui dispose simplement d'un système de signes plus étendu et de la connaissance de lois plus précises. On sait d'autre part que les premiers géomètres furent les arpenteurs. On rappelle complaisamment que « la science est née à l'atelier, à la cuisine, à la chasse ».Pourtant si la science n'était que la prolongement naturel des actes spontanés et des expérience primitives, on comprendrait mal que la science soit une aventure si récente dans l'histoire des hommes : les hommes existent depuis plus d'un million d'années et ont crée depuis plus de dix mille ans des civilisations complexes et raffinées : or, la physique date de trois siècles, la chimie deux siècles, la biologie d'un siècle à peine, tandis que les sciences humaines commencent tout juste de nos jours à mériter le nom de sciences ; il semble donc bien, à la réflexion, que l'attitude scientifique, loin d'être spontanée chez l'homme, soit un produit tardif de l'histoire.C'est que la connaissance spontanée ne peut parvenir à saisir des structures objectives. Elle reflète tout naturellement notre organisation physiologique, nos tendances psychiques, nos préjugés sociaux ; le soleil nous apparaît comme une boule de feu qui tourne autour de la terre. Notre propre position à la surface de la terre, ainsi que nos organes de vision rendent inévitable cette première interprétation ; de même l'antique et fausse doctrine des quatre éléments n'est que la systématisation de la perception naïve ; n'importe qui distingue immédiatement l'eau, la terre, l'air et le feu ; ce qui est le plus manifeste est tenu pour essentiel. Tout naturellement nous projetons sur le monde nos dispositions mentales.

« film Matrix): cette illusion c'est celle des sens qui nous donnent une fausse image du réel, laquelle débouchesur des opinions qui sont à la fois mal fondées et changeantes.

De là des croyances qui engendrent en nousdes sentiments de peur ou de désir qui nous empêchent d'atteindre la sérénité.

À ce monde sensible faitd'illusions et de passions, Platon oppose un monde intelligible, le monde des Idées, qui est éternel etimmuable, et qui est le monde véritable.

Le monde des Idées est au monde sensible comme le monde extérieurest au monde intérieur à la caverne.

La philosophie, c'est-à-dire l'effort de réflexion rationnelle pour percevoirla réalité à travers les apparences changeantes, est le chemin qui permet de sortir de la caverne et dedécouvrir le monde vrai. La vérité heurte parfois les préjugés et la vraisemblance de l'évidence premièreLes vérités scientifiques vont parfois à l'encontre de ce qui semble vrai.

Aux contemporains de Galilée, la Terresemblait plate, immobile et au centre de l'univers.

Le géocentrisme était tenu pour vrai car vraisemblable.

Etpourtant, Galilée disait vrai en prônant un invraisemblable héliocentrisme.

De même, la théorie de la relativitéd'Einstein, selon laquelle l'espace et le temps ne sont pas des absolus (comme dans la physique newtonienne),mais dépendent de la position de l'observateur, a rencontré beaucoup de résistance avant d'être acceptée,parce qu'elle semblait aller contre la vraisemblance.Bachelard considérait l'expérience immédiate comme le premier obstacle à la connaissance scientifique.

Lesinformations fournies par les sens, le vécu sont source d'erreurs.

Ainsi, par exemple, de ce que cette pierretombe plus vite que ce morceau de liège, j'en viendrai à établir une distinction entre «lord» et «léger» et àconclure que la vitesse de la chute des corps est liée à leur masse.

Or les scientifiques ont établi que, dans levide, tous les corps tombent à la même vitesse.

La formule scientifique par Galilée de la loi de la chute descorps e= ½ gt2 contredit les données communes de la perception.L'épistémologie de Bachelard réactualise l'idée essentielle du platonisme : la science se constitue par ce gesteintellectuel qui récuse l'expérience.

Pour Bachelard (comme pour Platon) le savoir scientifique commence parune rupture avec l'expérience ; par se méfier des synthèses spontanées de la perception.

Car l'expériencepremière est un obstacle et non une donnée.

C'est même le premier obstacle que la science doit surmonterpour se construire.

C'est que la science est ennuyeuse : le réel auquel elle a affaire est filtré, classé, ordonnéselon des relations intelligibles, quantifié, prêt à la mesure.

Au contraire, l'expérience première, spontanée,parle à l'imaginaire.

L' « observation première se présente comme un libre d'images : elle est pittoresque,concrète, vivante, facile.

Il n'y a qu'à la décrire et s'émerveiller ».

Devant elle, nous sommes au spectacle.Entre l'expérience spontanée du feu par exemple et la connaissance des lois de la combustion, quel écart !D'un côté un univers qualitatif et affectif : le feu qui crépite dans l'âtre, le bien-être, les couleurs, lafascination, le feu qui « chante » et qui « danse » ; de l'autre un processus physico-chimique dépouillé detoute poésie, une simple modification quantitative des éléments. Il faut mettre en doute les apparencesDescartes, dans le "Discours de la méthode" montre que le vraisemblable des intuitions sensibles est trompeur.Il sait que la juste méthode pour chercher la vérité de manière scientifique est de douter des préjugés et desapparences.

Ainsi, ce n'est pas parce que des organismes prolifèrent sur des aliments en décomposition quel'on est en droit de parler de «génération spontanée».

L'explication est à chercher au-delà des apparences. [La vérité ne saurait choquer le bon sens outre mesure.

Ce qui est invraisemblable a toutes les chances de ne pas être vrai.

Le vraisemblable est une marque fiable du vrai.] Le vraisemblable est conforme à la raisonLe vraisemblable, ce n'est pas ce qui semble vrai en étant faux.

C'est ce qui est conforme aux déductionsordinaires de l'expérience et de la raison.

Voilà pourquoi le vrai est pratiquement toujours vraisemblable.

Uneexplication conforme à la vérité satisfait la raison; l'esprit la trouvera donc vraisemblable.

Ainsi, unedémonstration mathématique est vraisemblable parce que vraie.

Le vraisemblable est est la condition depossibilité de la vérité.

Le vraisemblable manifeste la vérité. Les hypothèses scientifiques ne sont pas vraies absolument parlant.

Elles ne sont quevraisemblablesPour certains épistémologues modernes, il n'y a pas de vérité en science, il n'y a que des théories, deshypothèses plus ou moins vraisemblables.

La science ne peut parvenir à la vérité absolue, elle ne peut ques'en approcher par des explications approximatives et toujours déjà provisoires.. »

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