Yamato, royaume du

Yamato, royaume du, premier État japonais, situé dans l’actuelle plaine de Nara, qui apparaît à partir du iv^e siècle et est à l’origine de la dynastie impériale qui règne encore sur le Japon.

La naissance du premier État japonais conserve aujourd’hui encore une bonne part de son mystère. Les sources historiques chinoises attestent de l’existence d’un État, sans doute né dans la première moitié du iv^e siècle, appelé royaume du Yamato. Quant aux données archéologiques, elles se composent notamment de deux épées, l’une retrouvée dans la plaine du Kanto et l’autre sur l’île de Kyushu, datées de 471, qui portent toutes deux une inscription rendant hommage à Yuryaku, souverain du Yamato de 456 à 479. Cependant, rien ne permet d’expliquer la naissance de cet État, ni le passage si brutal de la civilisation de Yayoi à celle des kofun.

Selon les textes mythologiques japonais et notamment le Kojiki (« Récit des faits anciens «, 712), la déesse solaire Amaterasu Omikami aurait envoyé son petit-fils Ninigi régner sur terre. Celui-ci, après avoir obtenu le pays de l’un des descendants d’Okuninushi (littéralement, « celui qui règne sur le pays «), lui-même descendant du frère d’Amaterasu, Susanowo no mikoto, aurait établi la lignée impériale. L’un de ses descendants, Jinmu tenno serait ainsi devenu le premier empereur humain à avoir régné sur le Japon.

D’après l’interprétation de ces sources, une rivalité entre deux clans aurait donc finalement laissé le pouvoir entre les mains de la dynastie du Yamato, dont l’influence se serait ensuite étendue à la fois vers le sud de l’île de Kyushu et le nord de la plaine du Kanto. Mais rien ne permet de comprendre quels sont ces clans en concurrence et comment se résout finalement leur conflit. Une autre hypothèse suppose que la classe dirigeante du royaume du Yamato aurait été un peuple de cavaliers venu de Corée. Séduisante, elle permet d’expliquer un certain nombre des particularités de l’époque Kofun, mais n’est pas totalement satisfaisante. Elle néglige notamment le fait qu’il n’est fait nulle part mention, dans tous les textes japonais des périodes anciennes, d’une telle origine pour la dynastie japonaise.

Toujours est-il que, quelles que soient ses origines, un pouvoir centralisé s’installe dans l’actuelle plaine de Nara et étend progressivement son influence sur le Japon. Si les neuf premiers empereurs de la généalogie traditionnelle sont clairement légendaires, le dixième, Sujin (d’ailleurs qualifié par le Kojiki de « premier empereur à avoir gouverné le monde «) semble avoir réellement régné, mais pas aux dates qui lui sont attribuées. La généalogie impériale commence à être fiable à partir des empereurs Ojin (270-310) et Nintoku (313-399). La cour s’organise, ralliant à son service de puissants clans (uji) tels que les Soga, les Otomo ou les Mononobe, dont la charge est héréditaire.

Parallèlement au royaume du Yamato subsistent des clans plus autonomes, dont certains entretiennent des relations directes avec la Chine ou la Corée. Cependant, la maîtrise de l’écriture, qui permet la rédaction de codes et de récits mythiques fixant les origines divines de la famille impériale, permet aux souverains du Yamato d’asseoir progressivement leur pouvoir contre les grandes familles. À la fin du vi^e siècle, une querelle entre les clans Soga et Mononobe mène à la victoire des premiers et à l’ouverture massive du pays aux influences venues du continent à la période Asuka.