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Yukio Mishima

Publié le 06/03/2012

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1925-1970

 

Fils d'un haut fonctionnaire, Mishima fait ses études à la prestigieuse École des Pairs de Tokyo, où il manifeste de bonnes dispositions littéraires. Écarté de l'armée pour raison de santé, il est affecté durant la guerre dans une usine, puis s'inscrit en droit à l'université et entre au ministère des Finances. Auteur dans l'âme, il consacre ses nuits à l'écriture et publie en 1949 un premier roman en partie autobiographique, Confession d'un masque, dans lequel il avoue son homosexualité. Le livre obtient un succès retentissant qui lui permet de quitter la fonction publique. Tout au long de sa vie, Mishima ne parvient pas à concilier les valeurs du Japon moderne, largement occidentalisé, avec son amour idéalisé pour les vertus traditionnelles des samourais. Ce conflit apparaît dans son roman Le soleil et l'acier, et dans Patriotisme, nouvelle préfigurant sa propre mort, qu'il adaptera à l'écran. S'il condamne fermement l'attrait des Japonais pour le modernisme, il mène en privé une vie à l'occidentale. Passionné d'arts martiaux, il fonde en 1968 une armée privée, la Société du bouclier, destinée à soutenir les forces armées en cas de conflit. En 1970, ce militariste convaincu tente à l'aide de quatre de ses hommes de s'emparer du quartier général militaire de Tokyo. Après une allocution virulente contre le défaitisme japonais de l'après-guerre, il se donne la mort de façon spectaculaire devant l'assemblée de soldats, en s'éventrant dans la pure tradition du hara-kiri.

 

« LE THÜTIE DE MISHIMA Mishima est aussi un brillant auteur de théatre, dont il aborde tous les genres : théatre en prose.

en vers.

dansé, mélodrame.

tradudion de théatre étranger, notamment de Yeats.

sans oublier le kabuki et le de l'éaiture propres à l'art dramatique une vision esthétique et stylistique constituant le cœur de sa création romanesque .

En 1965, en adoptant les conventions du théatre racinien, il donne Madame de Sode.

Cette pièce exdusivement jouée par des femmes remporte un grand succès à Tokyo comme à Paris.

Entre autres pièces.

citons : Maison de ku (1949), Chrysonthème du dixième jour (1961), LD Harpe de joie (1963), La Chute de la maison Suzaku (1961), Mon ami Hitlet (1968) et La Terrasse du roi lépreux (1969).

En 1970, Mishima déclare qu'il n'écrira plus de pièces, cette décision fort surprenante étant rnotNée par le fait qu'il veut consacrer son temps et son énergie à son grand et ultime roman, La Mer de la fertilité.

• L'année 1942 est décisive à la fois pour le Japon et pour Mishima.

Les premiers raids aériens américains sur le pays, l'échec des assauts en direction de la Nouvelle-Guinée et de l'Australie, les défaites navales de Midway puis de Guadalcanal (fin 1942) indiquent que, à terme, l'empire du Soleil-Levant s'achemine inéluctablement vers la délaite.

Pour Mishima, sa jeunesse -il a 17 ans- s'Identifie à la guerre et celle-ci à l'Idée immanente de la mort comme affirmation suprême du destin des hommes.

Mishima condamnera toujours la paix, dans laquelle il voit un «théâtre d'ombres , de simulacres et de couardises» où le trépas n'est que la parodie de la mort guerrière.

• Cette guerre lui permet aussi de sortir de l'Isolement et d'appréhender, pour la première et dernière fois peut-être, le fait que son sort est lié à celui d'une communauté .

Mais, surtout, elle est l'occasion pour le jeune auteur de se rapprocher d'un courant politico­ littéraire influent le romantisme de l'ère Shôwa, appelé Nihon Rôman-Ha , • Groupe des romantiques japonais», créé par Hasuda Zenmei.

Il constitue le phénomène le plus radical et le plus fécond dans le domaine de la lutte contre l'occidentalisation du Japon et pour la restauration identitaire des hautes valeurs de la culture nippone .

• Le thème central du romantisme Shôwa est le principe de miyabi, la « beauté aristocratique », la « beauté parfaite », telle qu'elle s'Incarna dans l'« élégance raffinée» de l'ère Heian.

Mais le contexte dans lequel évolue ce courant y ajoute une dimension : la notion de mort et ses rapports avec la culture japonaise .

La destruction du monde constitue la valeur absolue et le parachèvement de toute culture.

• Parmi les très nombreux penseurs romantiques (Hasuda, Shimizu, Ikeda, Kurijama ...

) , trois influencent tout particulièrement le jeune Mishima : Itô, aux poèmes symboliques véhiculant les idées de mort héroïque , de vagabondage et de culte du Soleil purificateur; Hayashi, qui lui apporte l'idée de fidélité inconditionnelle due à la culture japonaise et à son « cœur », l'Empereur .

le Tenn6, que Mishima adulte intégrera à sa vision politique ; enfin.

et surtout Hasuda, avec lequel il est intimement lié et dont il partage tous les idéaux .

Hasuda, poète-guerrier, participe à la campagne de Chine, où il est blessé , et à celle de Malaisie (1943), avant de se suicider à l'Issue de la défaite.

Il est l'auteur le plus original du romantisme nippon et celui qui pousse le plus loin les conséquences de ce courant : «Mourir, c'est connaître la culture.» ln CONStQUENClS DE LA DtfAm • En 1944 , le conseil de révision déclare Mishima trop faible pour le front ce qui est vécu par lui comme une profonde humiliation.

Mais, le second semestre de la même année, le jeune homme de 19 ans reçoit de l'Empereur une montre en argent le récompensant d'être le premier de sa dasse .

Il entre à l'université impériale Todaï afin d'y étudier le droit allemand.

• L'année 1945 se révèle doublement après HII'OSIIlrN (6 août) et Nagasaki (9 août) , le Tennô et le Japon capitulent sans conditions -capitulation suivie par le suicide de milliers de Japonais, dont cinq cents officiers.

Parmi les suicidés se trouve Hasuda Zenmei, le « vieux maître ».

La défaite plonge Mishima dans un profond désespoir qui sera accru en octobre 1945, lorsque sa sœur Mitsuko succombe à la typhoïde.

• Pendant quinze ans (1945-1960), Mishima refuse le monde qui l'entoure, le regardant avec une condescendance polie et une ironie corrosive.

C'est là une période d'étude et de réflexion intenses au cours de laquelle il va se familiariser avec les thèmes nouveaux du panorama littéraire , passant ainsi du romantisme d'acier de la guerre au néoromantisme de la décennie 1960-1970 .

C'est en 1952 , au cours d'un voyage en Grèce, qu'il est touché par un satori (illumination).

Il opte pour le dassicisme, tant sur le plan somatique- désirant cultiver son corps pour en faire « une chose belle à regarder et digne de la mort » -que littéraire -même si les thèmes restent romantiques.

Son voyage en Grèce lui inspire aussi un roman, Le Tumulte des flots (1954), transposition de l'histoire amoureuse de Daphnis et Chloé.

• En 1958, Mishima épouse Sugiyama Yoko.

De cette union naîtront une fille, Noriko (1959), et un garçon, lchiro (1961 ).

En quelques années, de 1948 à 1959, Mishima produit cinq livres majeurs qui représentent le « noyau dur» de son œuvre : Confession d'un masque (1948), Couleurs interdites (1951-1953), Le Tumulte des flots (1954), Le Pavillon d'or (1956) et La Maison de Kyoko (1959).

LA VOIX DU DERNIER SAMOURAÏ (1960 -1969) l'ENTUE EN POunQUE • L'année 1960, après quinze ans de désintérêt pour les événements politico-sociaux, est marquée par la « découverte » de la politique, non comme militant ou activiste , mais comme observateur curieux des mœurs particulières de ce monde, surtout du milieu démocrate-libéral qui gouverne le Japon depuis 1945.

Mishima en tire un livre retentissant Aprés le banquet (1960), description ironique et sévère de l'alliance entre le pouvoir et l'argent • La même année , inspiré par l'affaire Ni Ni Roku (1936) , rébellion militaire et acte dévotionnel envers le Tennô, Mishima publie une nouvelle, Patriotisme.

Œuvre importante qui donne lieu à une adaptation cinématographique dans laquelle Mishima tient le rôle d'un lieutenant se faisant seppuku .

Prémonition de l'acte définitif du 25 novembre 1970? • À l'exception d'Aprés le banquet les œuvres de Mishima connaissent une surprenante baisse de popularité, alors même que sa notoriété ne cesse de grandir en Europe et en Amérique.

Certains avancent son nom pour le prochain Nobel de littérature (1968).

Mais le prix reviendra à son ami K,.kflr r-ri.Àcela s'ajoute l'angoisse de la quarantaine, qui lui fait dire : «Lorsqu'un homme atteint l'age de 40 ans.

il n'a aucune chance de mourir en beauté.

( ...

]11 doit s 'efforcer de vivre.» • Mishima écrit énormément Outre des articles pour la presse, il produit jusqu 'en 1970 des ouvrages de grande qualité, parmi lesquels Le Marin rejeté par Jo mer (1963), Les Voix des morts héroïques (1966), Le Soleil et J'ader (1968), Neige de printemps (1968) , Chevaux échappés (1969), Le Temple de l'aube (1970) et L 'Ange en décomposition (1970).

• Son dernier voyage est pour l'Inde (1967), qui lui procure d'intenses émotions .

En 1968, il décide de créer sa milice personnelle, « pour défendre l'Empereur, le Japon et la culture », la Tate no kai, «Société du boudier ».

En 1969, il accepte un débat contradictoire avec des étudiants d'extrême gauche de l'université de Tokyo, leur demandant de se rallier à l'Empereur.

En vain.

Les années 1967-1969 voient une remontée de sa notoriété.

Ses provocations, ses apparitions cinématographiques , ses exhibitions musculaires et ses exploits de kend6ka le rendent populaire .

Seule la critique littéraire lui est défavorable.

• L'incompréhension des uns et le sectarisme des autres n'entament en rien le dynamisme de Mishima.

Depuis 1967,1'écrivain désire écrire une longue œuvre en quatre volumes sur le thème de la transmigration.

L'histoire doit couvrir cinquante ans de l'histoire du Japon moderne, de 1912 à 1962.

Chaque tome a pour héros une transmigration du personnage principal du premier volume, en l'occurrence Kyoaki.

Pour sa conception, Mishima s'inspire d 'un roman du Xl' siècle, le Hamamatsu Chunagon Monogatori , œuvre bouddhiste .

Le résultat est une colossale tétralogie, La Mer de Jo fertilité, chef-d 'œuvre absolu de Mishima .

À lui seul , le titre, emprunté au nom latin de l'une des « mers » de la Lune, Mare foecunditatis , révèle les intentions de l'auteur : prouver qu'un univers poétique de fertilité et de beauté peut édore d'une époque stérile, c'est-à-dire le monde moderne symbolisé par la mer, dont on sait que Mishima en fait la représentation de la mort La tétralogie est composée de Neige de printemps , Chevaux échappés , Le Temple de J'aube et L'Ange en décomposition.

......

_ • À l'automne 1969, Morita Masakatsu, chef effectif de la Tate no kai et disciple préféré de Mishima, propose une insurrection d 'envergure en vue de prendre la Diète (le Parlement), de mettre Tokyo en état de siège et d'abroger l'lnfame «Constitution de paix • de 1946.

Cette proposition coïncide avec la période où Mishima travaille sur sa tétralogie La Mer de la fertilité, à l'Issue de laquelle il a annoncé qu'il se suiciderait- ce qu'il nomme son « radieux moment».

Au début de 1970, le plan de Morita est écarté par Mishima.

Le projet se limite à une opération commando dont le but reste identique : abroger ou modifier la Constitution.

• En avril1970 , Mishima réunit en secret un petit groupe, composé de quatre membres : Morita, Koga Masayoshi -dit Chibi Koga -.

Ogawa Masahiro et Koga Hiroyasu -surnommé Furu Koga .

Après nombre de tergiversations, un projet est adopté .

Il consiste à investir le quartier général de l'armée de l'Est Une date est arrêtée : le 25 novembre.

• Le 24, le groupe fait un dîner d'adieu, puis Mishima rend visite à ses parents et à quelques amis .

Rentré chez lui, il trie ses papiers, rédige du courrier et laisse une grande enveloppe renfermant le dernier volume de La Mer de la fertilité, L'Ange en décomposition.

Il adresse enfin des lettres, annonçant qu'un événement va se produire à lchigaya et contenant le discours qu'il a l'Intention d'y prononcer , à deux journalistes de NHK Télévision et du Mainichi Shimbun , un des plus grands quotidiens du Japon.

Il désire ainsi s'assurer contre un possible mensonge des pouvoirs publics .

• Le 25 novembre, à 11 heures, le commando prend en otage le général Mashita.

Mishima pose ses conditions : la vie du prisonnier contre l'écoute en silence de son discours .

Ce qui est fait DeiHHit Slll' ~e,.,..p«.

kkM , Mishima, le front cerné d'un hachimaki («bandeau de résolution ») -bande blanche ornée d'un disque rouge et de sentences , symbole du sacrifice -.

harangue la foule des militaires.

Le discours est accueilli avec indifférence, voire hostilité .

• Entre-temps , la police et la presse envahissent la place ; la fin du discours est couverte par le bruit des sirènes et des pales d'hélicoptères .

Rentré dans le bureau, Mishima se met torse nu, s 'agenouille et enfonce la lame de son sabre court dans son flanc gauche, sous le nombril, puis la fait ensuite coulisser vers son flanc droit Morita, désigné pour être le kaishakunin, l'assistant chargé de la décapitation après le seppuku, doit s'y reprendre à trois fois.

À son tour, Morita se fait seppuku , mais ne se blesse que légèrement -ce qui n'empêche pas Furu Koga de le décolleter d'une seule volée.

Les trois survivants déposent les deux têtes près des corps et consacrent aux défunts un moment de recueillement Enfin, ils délivrent le général Mashita et se rendent à la police .

En janvier.

les~ ,.,lqwsde Mishima ont lieu au temple Tsukiji Honganji de Tokyo, en présence de plus de 10 000 personnes, dont sa veuve Yoko, l'écrivain et grand ami Kawabata -qui se suicidera au gaz en 1972 -et les membres de la Tate no kai, en uniforme.

LA TATE NO Dl- SOCÉTi DUIOUCUEI Mishima prend la décision de fonder cette société, sa • milice • comme il aime à la nommer, après avoir achellé Les ~ des limes héroïques (1966), livre au thème viril et guerrier.

Vouée à l'action sous toutes ses lonnes, la Société du boudier a pour but la défense de la culture et du TennO, et la protection du Japon contre le communisme.

À l'été 1967, Mishima commence à rechercher des jeunes hommes.

Deux groupes d'étudiants retiennent son attention : l'un, informel, est centré autour d'un petit journal, Rons6 (• Conlrotll!tses •), et l'autre, plus nombreux.

est issu de l'université de Waseda de Tokyo.

La société, d'une douzaine de membres, est créée le 26février 1968 à l'ISSUe d'un rite de sang et d'un serment de fidélité à • la rulture et la continuité historique • du Japon.

Ble adopte le nom de Ille •lullle 3 novembre 1968.

Le groupe se transforme très vite en une structure paramilitaire dotée de quatre-vingls miliciens, dont le chef suprême est Mishima.

Celuki rédige en lévrier 1969 son Manifeste contre­ révolutionnaire, le programme doctrinal de la Tate no kai.

Mais la milice façonnée par Mishima se devait de disparaftre avec lui.

Aussi, le 28 février 1971, à l'ISSUe d'une cérémonie du souvenir, sa VI!IM! dissout la Scxiété du bouclier, que certains accusaient d'être le • véhicule • de la mort de l'éaivain.. »

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