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Définition du naturalisme et des temperaments

Publié le 29/09/2013

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LES TEMPERAMENTS A savoir : La notion de tempérament vient du médecin Hippocrate Hippocrate était un médecin grec (459-377 avant J.C.). Il est considéré comme le père de la médecine occidentale. Il a laissé des aphorismes célèbres comme : «que ton aliment soit ton premier médicament« ou «c'est la nature qui guérit« ainsi qu'une règle d'or : «en premier ne pas nuire«. Les naturopathes, entre autres, suivent toujours aujourd'hui ces principes de base. Nous devons également à cet homme le fameux serment d'Hippocrate, toujours en vigueur de nos jours - mais sous une forme bien différente Étant donné que les Grecs considéraient que tout ce qui existe dans la nature est constitué de quatre éléments (l'air, la terre, le feu et l'eau), Hippocrate associa quatre humeurs : le sang, la bile noire, la bile jaune et le phlegme correspondant ainsi à quatre tempéraments qui sont respectivement le sanguin, mélancolique, le colérique le flegmatique. La différence entre les individus est liée à la prédominance de l'un de ces quatre tempéraments. Il réunit ainsi les maladies de l'âme et du corps, les maladies sont physiques, et ainsi il participe à démystifier la maladie mentale, qui était jusque là, plutôt liée à des manifestations démoniaques. On peut résumer cette approche de cette manière: Le tempérament nerveux (sec et froid) est dominé par l'élément de la terre. Le tempérament bilieux (sec et chaud) est dominé par l'élément du feu. Le tempérament sanguin (humide et chaud) est dominé par l'élément de l'air. Le tempérament lymphatique (humide et froid) est dominé par l'élément de l'eau. En effet, les grecs associaient les manifestations du corps au tableau des éléments : terre, feu, air, eau. Au temps d'Emile Zola nait la notion de psychologie à savoir : Le mot psychologie (du grec psyché, Ame, et logos, parole) désigne l'étude scientifiques des faits enfermés dans la psyché. , la connaissance empirique ou intuitive des sentiments, des idées, des comportements d'autrui et des siens, l'ensemble des manières de penser, de sentir, d'agir qui caractérisent une personne, un animal, un groupe ou un personnage. Divisée en de nombreuses branches d'étude, ses disciplines abordent le domaine aussi bien au plan théorique que pratique, avec des applications de soin dites thérapeutiques, sociale. La psychologie a pour objectif l'investigation du psychisme en termes de structure et de fonctionnement. Elle s'attache donc à décrire, évaluer et expliquer les processus mentaux dans leur ensemble en prenant en compte les manifestations de la subjectivité. LE NATURALISME INTRODUCTION et REPERES DU CONTEXTE Le second empire ( 1851-1870 ) fut une période de grande activité économique. Les noms de ROTSCHILD et d'ISAAC, sont les symboles des grandes fortunes. C'est l'époque de la naissance des banques ( "crédit lyonnais", " crédit foncier", "société générale") La bourse joue un rôle considérable en France et en Europe et l'argent devient le thème récurrent des romans de la deuxième moitié du XIXème siècle. ( " Le père Goriot ", " Eugènie Grandet " de BALZAC   ou " L'argent " et " La curée " de ZOLA, par exemple.) Les moyens de communications se développent. On construit des chemins de fer ( les gares seront pour THEOPHILE GAUTIER : " les cathédrales de l'humanité des temps modernes " )Le canal de Suez permet de nouvelles  communications maritimes, l'électricité et le télégraphe améliorent le confort des Parisiens. La métallurgie se développe et les usines envahissent les campagnes de l'Est et du Nord de la France. Paris se transforme grâce aux travaux d'HAUSMAN et " LE BON MARCHE ", premier grand magasin parisien, ouvre ses portes en 1852. (cf : " Au bonheur des dames "  de Zola) Paris organise deux expositions universelles en 1855 et en 1867 et de vient le point de mire de L'Europe. LES TRANSFORMATIONS ECONOMIQUES GENERENT DES TRANSFORMATIONS SOCIALES. Il y a de plus en plus de bourgeois aisés ( de nombreux commerces ouvrent un peu partout.) et de plus en plus d'ouvriers, mal payés, mal considérés, vivant dans des conditions précaires et inconfortables. LE COMTE SAINT SIMON (1760-1825), CHARLES FOURIER , PIERRE-JOSEPH PROUDHOM (1809- 1865), philosophes et économistes, s'interrogent sur les mutations de la société et élaborent des projets sociaux pour améliorer les conditions de travail et de vie des ouvriers: Mise en commun des outils de production ; laisser chacun choisir librement son travail pour qu'il devienne plaisir ; refuser la propriété et proposer des crédits gratuits. C'est l'époque de la montée du socialisme sous l'influence de KARL MARX et la naissance des premières internationales. Si en 1850, l'ouvrier travaille 12 heures par jour et n'a pas le droit de faire la grève, à partir de 1864, il ne travaille plus que 10 heures par jour, il a obtenu le droit de grève en1864 et les premiers syndicats sont autorisés en 1868. LA MECANISATION SE MET AU SERVICE DE LA SCIENCE Les progrès scientifiques sont considérables et rapides. PASTEUR. ( 1822-1895) découvre le vaccin contre la rage. La mortalité post-opératoire diminue grâce à l'asepsie et à l'antisepsie. DARWIN ( 1809-1882) affirme la théorie de l'évolution des êtres vivants. MENDEL fonde la génétique et commence à expliquer les principes de l'hérédité. CLAUDE BERNARD ( 1813-1878), médecin et auteur de l " Introduction à la médecine expérimentale " influencera définitivement , par se qualités d'observation, des auteurs tels Flaubert, Zola, Maupassant... C'est dans ce contexte de transformations de tous ordres que le roman évolue. Désormais, les romanciers traduisent dans leurs ?uvres cette nouvelle réalité et s'éloigne de plus en plus de l'esthétique imaginative. STENDHAL (1783-1842), puis BALZAC ( 1799-1850) vont être les pionniers du ROMAN REALISTE : vérité psychologique et vérité historique seront désormais les maîtres mots ; rendre compte de toutes les couches de la société et choisir les détails les plus significatifs seront les buts de l'?uvre romanesque.4 Le roman naturaliste est en gestation : ne plus se contenter de décrire le réel, mais expliquer les circonstances du réel, telle sera la tâche des auteurs de la fin du XIXième siècle. Après 1878, et la lecture de Claude Bernard, Zola, introduit la notion de méthode expérimental afin que la littérature « obéisse à l'évolution générale du siècle«. Zola applique cette définition à la technique romanesque transformée « en étude du tempérament et des modifications profondes de l'organisme sous la pression des milieux et des circonstances «. Il ne faut toutefois pas voir dans les textes de critique littéraire de Zola l'exacte clé des thèmes et du style de l'écrivain, même si une relation évidente existe entre l'?uvre technique et l'?uvre dramatique. Le naturalisme consiste donc en la recherche des causes du vice dans l'hérédité. De ce fait, le romancier naturaliste est « observateur et expérimentateur «. L'observateur accumule des renseignements sur la société et ses milieux, sur les conditions de vie et d'environnement. Il doit cerner de près la réalité qu'il transpose par un usage serré et acéré du langage. L'expérimentateur joue dès lors son rôle, par la construction d'une trame qui amalgame les faits et construit une mécanique où il enchaîne ces faits par une forme de déterminisme des principes liés au milieu et à l'hérédité. Le personnage naturaliste est ainsi la conséquence déterminée de constantes physiques, sociales et biologiques. Le romancier naturaliste a un but moral. Zola écrit : « nous sommes les juges d'instruction des hommes et de leurs passions, c'est-à-dire des moralistes expérimentateurs «. Articles détaillés : Les Soirées de Médan et Maison d'Émile Zola. La littérature naturaliste est une littérature de synthèse du type balzacien et de l'anti-héros flaubertien, qui engendre des personnages vidés d'individualité59. La prépondérance de Zola dans le milieu naturaliste est indiscutable et le débat se catalysera d'ailleurs essentiellement autour de lui. L'école naturaliste est le plus souvent appelée École de Médan du nom de la maison appartenant à Zola, où les écrivains proches du mouvement naturalistes comme le premier Huysmans60 et Maupassant, avaient l'habitude de se réunir lors de soirées dites de Médan. Le volume collectif de ces soirées paraît deux ans plus tard. En dehors de l'?uvre zolienne, le naturalisme a donné peu d'?uvres majeures61. C'est ainsi que Stéphane Mallarmé a pu dire : « Pour en revenir au naturalisme, il me paraît qu'il faut entendre par là littérature d'Émile Zola, et que le mot mourra, en effet, lorsque Zola aura achevé son ?uvre62. «   PLAN 1: LA DOCTRINE NATURALISTE 2 : " LE ROMAN EXPERIMENTAL " 3 : L'ESTHETIQUE NATURALISTE 1 : LA DOCTRINE NATURALISTE. Si le terme "NATURALISME" fut utilisé par ZOLA pour la première fois en 18168 lors de la publication de son roman THERESE RAQUIN, il n'en demeure pas moins que ce terme était utilisé depuis le 17 ème siècle.   Au 17ème siècle, les philosophes et les savants désignaient par ce terme l'étude rationnelle des phénomènes naturels. Au 19ème siècle, le naturalisme est le domaine de l'histoire naturelle et les savants qui étudiaient les sciences de la nature ( botanique, zoologie, minéralogie...) s'appelaient les NATURALISTES. Les romanciers, eux, se donnèrent pour objectif la description exacte et scientifique des milieux sociaux. Le point de départ de ce mouvement littéraire fut la publication des SOIREES DE MEDAN en 1880. Autour de Zola on trouvait : Céard, Alexis, Maupassant, Huysmans, Henrique. Ce premier recueil avait pour thème la guerre de 1870. Maupassant écrivit BOULE DE SUIF : ce fut son premier grand succès pour la plus grande joie de Flaubert, son père " littéraire". Dés le 17ème siècle, le naturalisme considérait que rien n'existait en dehors de la nature et rejetait toute explication métaphysique pour comprendre l'homme. Dans l' ENCYCLOPEDIE, en 1765, DIDEROT propose cette définition :" Les naturalistes sont ceux qui n'admettent point de Dieux, mais qui croient qu'il n'y a qu'une substance matérialiste [...] Naturaliste en ce sens est synonyme d'athée." J. CASTAGNARY, au salon de 1863, déclare : " L'école naturaliste affirme que l'art est l'expression de la vie sous tous ses modes et à tous ses degrés et que son but unique est de reproduire la nature... C'est la vérité s'équilibrant avec la science." Les cours d'Auguste COMTE, philosophe émérite, insistent sur le progrès de la raison qui guide l'humanité et il instaure des lois intellectuelles. DARWIN, met en place la théorie de l' HEREDITE dans son ouvrage intitulé : De L'ORIGINE DES ESPECES. IL démontre que les espèces se transforment selon l'action du milieu dans lequel elles évoluent et selon la transmission héréditaire des caractères acquis : C'est affirmer que le déterminisme domine l'homme. Sa formule " Le vice et la vertu sont des produits comme le vitriol et le sucre" (1863) sera reprise par Zola et figurera en tête de la 2ème édition de Thérèse Raquin. Enfin, CLAUDE BERNARD eut une influence capitale sur les romanciers naturalistes.Son INTRODUCTION A LA MEDECINE EXPERIMENTALE ( 1865) est la base de l'élaboration de la doctrine littéraire de Zola, comme il le précise au moment où il se prépare à rédiger  LE ROMAN EXPERIMENTAL : " Je compte me retrancher derrière Claude Bernard. Il me suffira de remplacer le mot " médecin" par le mot " romancier" pour rendre ma pensée claire et lui apporter la rigueur d'une vérité scientifique." LE ROMAN EXPERIMENTAL Malgré son titre Le roman expérimental, publié en 1880, n'est pas un roman mais une étude théorique qui définit les caractéristiques du roman naturaliste. Zola présente le travail du romancier en des termes scientifiques et emprunte aux médecins leurs méthodes d'expérimentation. Observer  les faits puis les expérimenter dans le cadre de l'existence humaine , sur les plans héréditaire, physiologique et social, telle est la tâche du romancier naturaliste pour comprendre les comportements de l'homme dans la société. Nous consignons ici quelques citations de l'ouvrage de Zola qui nous semblent les plus caractéristiques du projet zolien. " L'homme ne vit pas seul, il vit dans une société, dans un milieu social, et dés lors pour nous romanciers, ce milieu modifie sans cesse les phénomènes. Même notre grande étude est là, dans le travail réciproque de la société sur l'individu et de l'individu sur la société."   " Le roman expérimental [c'est] : posséder le mécanisme des phénomènes chez l'homme, montrer les rouages des manifestations intellectuelles et sensuelles telles que la physiologie nous l'expliquera, sous les influences de l'hérédité et des circonstances ambiantes, puis montrer l'homme vivant dans le milieu social qu'il a produit lui-même, qu'il modifie tous les jours, et au sein duquel il éprouve à son tour une transformation continue." "Nous faisons de la psychologie scientifique" " Le déterminisme domine tout" " Il  y a un déterminisme absolu pour tous les phénomènes humains, dés lors l'investigation est un devoir" Il faut " remplacer les romans de pure imagination par les romans d'observation et d'expérimentation." " J'estime que la question de l'hérédité a une grande influence dans les manifestations intellectuelles et passionnelles de l'homme. Je donne aussi une importance considérable au milieu   " Notre morale est celle que Claude Bernard a si nettement définie : " La morale moderne recherche les causes, veut les expliquer et agir sur elles ; elle veut, en un mot, dominer le bien et le mal, faire naître l'un et le développer, lutter avec l'autre pour l'extirper et le détruire." [...] " " Nous cherchons les causes du mal social ; nous faisons l'anatomie des choses et des individus pour expliquer les détraquements qui se produisent dans la société et dans l'homme... Notre vertu n'est plus dans les mots mais dans les faits."        Mais, si l'observation objective, si l'étude scientifique des comportements de l'homme dans la société, si les lois de l'hérédité, président à l'écriture naturaliste, il n'en demeure pas moins que les ?uvres sont des romans et non des études relevant d'une revue scientifique.Outre l'intrigue, le style transforme l'observation des faits et comme le précise Zola dans un article de 1885 :" Une ?uvre d'art est un coin de la création vue à travers un tempérament." De plus  Le docteur Pascal, roman qui clôt l'étude de la famille des Rougon- Macquart, se termine sur l'image d'une maternité heureuse, exempte des tares héréditaires. Faillite du dessein de Zola ? Les lois héréditaires ne seraientdonc pas infaillibles ? Non pas et Zola s'explique en ces termes dans une lettre de 1893 :" Il m'a semblé bien, en terminant cette histoire de la terrible famille des Rougon-Macquart, de faire naître d'elle un dernier enfant, l'enfant inconnu, le Messie de demain peut-être. Et une mère allaitant son enfant, n'est-ce-pas l'image du monde continué et sauvé ?" Cet enfant porte en lui l'espoir de la vie, tout comme, à la fin d'UNE VIE, l'arrivée de la petite-fille de Jeanne est l'annonce, peut-être un bonheur nouveau . 3 : L'ESTHETIQUE NATURALISTE Le romancier naturaliste veut élargir les limites du roman. Ainsi LES GONCOURT, dans la préface de Germimie Lacerteux, en 1864, déclarent : " Aujourd'hui, ..., le roman s'élargit et grandit.... il devient, par l'analyse et par la recherche psychologique, l'histoire morale contemporaine... il s'est imposé les études et les devoirs de la science... il peut en revendiquer les libertés et les franchises." En d'autres termes le mot " roman" ne peut plus être synonyme de fiction imaginative . " Ce sont des procès-verbaux" selon la terminologie de Zola. Et il précise dans Les romanciers naturalistes : " Le premier caractère du roman naturaliste, dont Madame Bovary   est le type, est la reproduction exacte de la vie, en l'absence de tout élément romanesque."  " Le second caractère du roman naturaliste, fatalement le romancier tue les héros. [...] La beauté de l'?uvre n' est plus dans le grandissement d'un personnage qui cesse d'être un avare ... pour devenir l'avarice. Elle ( la beauté) est dans des peintures où tous les détails occupent leur place, et rien que leur place." " Le troisième caractère : le romancier affecte de disparaître complètement derrière l'action qu'il raconte. Il est le metteur en scène caché du drame ... il se tient à l'écart... pour laisser à son ouvre son caractère de procès- verbal écrit à jamais sur du marbre." Il convient donc pour le romancier de choisir une écriture impersonnelle ; faire " comme s'il était absent de la création". La question reste posée : est-ce possible ? ( cf #le roman expérimental) Ce que doit faire le romancier naturaliste : a) Enquêter sur le terrain                                                                    b) Rassembler de nombreux documents                                                                                   c) Etablir des petits scénari                                                                         d) Faire des brouillons                                                              e) Montrer la réalité exacte et triste f) Montrer que le déterminisme est partout g) Etudier rationnellement et sans préjugés sociaux ou moraux la société h) Montrer la relation milieu social/ individu et comportement/ hérédité i) être " les anatomistes del'âme et de la chair" (Zola) k) Etre " des romanciers de la psychologie scientifique" ( zola)   Ce que ne doit pas faire le romancier naturaliste : a) Des héros surhumains b) Des personnages stylisés, réduits à un seul trait de caractère dominant. c) Des aventures hors du commun ou trop exceptionnelles d) de véritables intrigues ( préférer une tranche de vie. ) e) se livrer à l'imagination f) Prendre parti ou juger h) s'adonner au beau mensonge et à l'idéalisation des sentiments.                                                                                                            En somme, à la fin de chaque roman naturaliste on devrait pouvoir écrire : Toute ressemblance avec des personnages ayant réellement existés , toute coïncidence avec des événements s'étant réellement produits est volontaire. La relation étroite avec le réel est la condition sine qua non de l'existence du roman naturaliste.   4 : MAUPASSANT ET LE NATURALISME   RAPPEL SUR LA CONCEPTION DU ROMAN SELON MAUPASSANT Parce-que  son éditeur jugeait son roman PIERRE ET JEAN trop mince, Maupassant l'a précédé du " Roman" injustement appelé " Préface de Pierre et Jean". Dans ce texte, Maupassant nous livre sa conception du roman. Il s'interroge sur l'attitude du romancier et affirme que la reproduction exacte de la vie dans une ?uvre romanesque est impossible. Je ne reproduis ici que les passages qui permettent de comprendre l'écriture d' Une Vie. Extrait du "roman" de 1888 " [...] Le romancier, au contraire, qui prétend nous donner une image exacte de la vie, doit éviter avec soin tout enchaînement d'événements qui paraîtraient exceptionnels. Son but n'est pas de nous raconter une histoire, de nous amuser ou de nous attendrir, mais de nous forcer à penser, à comprendre, le sens caché des événements... c'est [sa] vision personnelle du monde qu'il cherche à nous communiquer en la reproduisant dans un livre. Pour nous émouvoir, comme il l'a été lui-même par le spectacle de la vie, il doit le reproduire devant nos yeux avec une scrupuleuse vraisemblance. .... Au lieu de machiner une aventure et de la dérouler de façon à la rendre intéressante jusqu'au dénouement, Il prendra son ou ses personnages à une certaine période de leur existence et les conduira, par des transitions naturelles jusqu'à la période suivante. Il montrera de cette façon, tantôt comment se développent les sentiments et les passions, comment on s'aime, comment on se hait, comment on se combat dans tous les milieux sociaux, comment luttent les intérêts bourgeois, les intérêts d'argent, les intérêts de famille, les intérêts politiques. ... S'il fait tenir dans 300 pages 10 ans d'une vie pour montrer qu'elle a été, au milieu de tous les êtres qui l'ont entourée, sa signification particulière et bien caractéristique, il devra savoir éliminer, parmi les menus événements innombrables et quotidiens, tous ceux qui lui sont inutiles, et mettre en lumière, d'une façon spéciale, tous ceux qui seraient passés inaperçus pour des observateurs peu clairvoyants, et qui donnent au livre sa potée, sa valeur d'ensemble." Commentaire: Dans Une vie, Maupassant a choisi de raconter une tranche de la vie de Jeanne : de ses 17 ans à ses 49 ans. Les différentes étapes du parcours de Jeanne sont facilement repérables: - Sortie du couvent - Rencontre avec Julien - Mariage - Voyage de Noces - Installation du couple aux Peuples - Accouchement de Roasalie et révélation de l'infidélité de Julien - Naissance de Paul ........... La vision pessimiste du monde et la faillite de l'amour , caractéristiques de la pensée flaubertienne sont omniprésents dans le roman. - La fidélité conjugale n'existe pas ( même "petite mère"a eu un amant) - L'amour est un leurre et se résume au plaisir sensuel -La religion cautionne le vice et la violence - Paul est un enfant peu tendre avec sa mère .... - Les rêves ne se réalisent jamais.... Maupassant ne rend compte au lecteur que des éléments qui concernent Jeanne. - Rien sur le contexte historique et politique de l'époque - Rosalie réapparaît seulement quand Jeanne a besoin d'elle à la fin du roman. - Maupassant insiste sur l'inaction et l'immobilisme de Jeanne - au début du roman, il présente très précisément les rêves de la jeune fille pour mieux démontrer le choc de la désillusion. .... L'ATTITUDE DE MAUPASSANT QUANT A LA THEORIE DU NATURALISME En 1887, dans une lettre à Alexis, Maupassant écrivait : " Je ne crois pas plus au naturalisme et au réalisme qu'au romantisme. Ces mots, à mon sens ne signifient absolument rien et ne servent qu'à des querelles de tempéraments opposés." Si Maupassant veut dépasser les querelles d'écoles littéraires, il n'en demeure pas moins que sa production romanesque résulte des courants de son époque. En effet si l'on reprend les caractéristiques de l'esthétique naturaliste( cf#l'esthétique naturaliste), force est de constater qu'elles s'appliquent à Une Vie : - Refus de l'intrigue à rebondissement. - C'est une histoire banale, médiocre qui insiste sur la tristesse et la lassitude de la vie ( cf le sous-titre : " l'humble vérité") -Jeanne n'est pas une héroïne exceptionnelle, peu s'en faut, elle fait pluôt figure d'anti-héros. - Jeanne est déterminée par son milieu social, la petite noblesse de province, attachée à ses terres ( cf sa répugnance à vendre Les Peuples) et qui se laisse déposséder de son pouvoir, sans rien faire.(les_autres_personnages.htm) - Jeanne est rès marquée par son éducation et reproduit le schéma de ses parents : Paul est maintenu dans la plus grande ignorance jusqu'à ses 15 ans, comme elle l'avait été jusqu'à 17 ans selon la volonté de son père. - Comme sa mère elle se nourrira des rêves de ses lectures, elle aura le culte du souvenir et des objets du passé, elle sera soumise à son mari et sera aussi immobile qu'elle. - Refus d'idéaliser les sentiments: Julien est une brute sexuelle, Paul, un enfant indifférent à sa mère malgré ses nombreuses démarches, Jeanne est fade, l'abbé Tolbiac est cruel et intolérant. -Aucune complaisance de la part de Maupassant pour aucun de ses personnages. - Refus de l'imaginaire. dés le début du roman Maupassant laisse entrevoir le destin tragique de Jeanne : il n'y a pas d'issue possible pour elle. Au regard de ces différentes remarques, on ne peut que conclure à une ?uvre naturaliste. Certes la polémique est actuelle ( programme oblige) mais qui d'autre que Zola peut être véritablement romancier naturaliste et Zola l'est-il toujours vraiment ? La grande différence affichée par Maupassant est le refus de l'écriture purement objective. Etre impartial, oui, être objectif, impossible: " Les partisans de l'objectivité ( quel vilain mot) prétendent nous donner la représentation exacte de ce qui a lieu dans la vie... se bornent à faire passer sous nos yeux les personnages et les événements. Pour eux, la psychologie doit être cachée dans le livre.... Ils cherchent l'action ou le geste que l'état d'âme doit faire accomplir." Or pour Maupassant, un auteur ne peut rendre de la sensibilité des personnages que par rapport à lui-même aussi , la psychologie des personnages est-elle induite par celle de son auteur. Maupassant va même plus loin : " C'est donc toujours nous que nous montrons dans le corps d'un roi, d'un assassin.... car nous sommes obligés de nous poser ainsi le problème : " Si j'étais roi, assassin... qu'est-ce-que je ferais, qu'est-ce-que je penserais, comment est-ce-que j'agirais ?... L'adresse consiste à ne pas laisser reconnaître ce moi par le lecteur." Il convient donc de parler de "réalisme subjectif". CONCLUSION Qu'ils soient réalistes, naturalistes, les romanciers du XIXème siècle, tels Zola ou Maupassant refusent toute forme d'idéalisme à la George Sand, tout récit qui serait dominé par l'imagination.Leur règle est l'observation minutieuse du réel ; leur but, essayer de rendre compte le plus fidèlement possible de la réalité observée. MAIS que l'on ne se leurre pas : ROMAN ET REALITE RESTENT DEFINITIVEMENT ANTINOMIQUES : le roman est une ?uvre fictionnelle et logiquement différente de la réalité. Aussi faut-il être modéré dans nos jugements et nous garder de toute classification hâtive. Que les romanciers se prétendent " légiste", " huissier", officier d'état civil", ou "médecin", ils suivent tous la même bannière, la réalité, ils ont tous le même souci, s'écarter le moins possible de la réalité quotidienne, et ceci depuis que Balzac a " inventé le roman où l'on mange". Ce ne sont que diversités de lexiques. Ce qui est sûr, c'est que le romancier de la deuxième partie du XIXème siècle rend compte de la réalité " à travers [son]tempérament et qu'il a été contraint d'opérer des choix car " tout raconter est impossible " . De plus, prétendre à la pure objectivité est impossible car il faudrait que l'auteur fasse totalement abstraction de lui-même et que sa plume soit guidée par une main anonyme et étrangère à toute forme d'humanité. Par le seul choix de son sujet, l'auteur implique sa subjectivité : Qui oserait imaginer que Zola ait pu faire l'éloge de la bourgeoisie ou que Maupassant raconte une vie amoureuse épanouie? Enfin, chaque auteur prend ses distances par rapport au réel par son style. Au risque de sombrer dans une tautologie facile, du Zola n'est pas du Balzac. Il y a toujours stylisation du réel et Gervaise ou Jeanne resteront toujours des personnages de roman, " des vivants sans entrailles" .                       - -    

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