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Dissertation philosophie : Faut-il lutter contre ses désirs ?

Publié le 13/03/2014

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Dissertation philosophie : Faut-il lutter contre ses désirs? Le désir est une notion compliquée. Il est la conscience d'un manque et l'effort que nous faisons pour combler ce manque, toujours renaissant. Le désir se distingue du besoin car le besoin est vital, nécessaire et limité tandis que le désir est l'ensemble des phénomènes organiques et psychologiques qui nous poussent à posséder un objet en vue d'en tirer un plaisir. Dans le désir il y a une dimension dite active. En effet, désirer c'est s'efforcer d'obtenir la chose qui nous manque. Le désir se distingue du besoin mais également de la passion, la passion est un plaisir intense que l'on éprouve lorsque nous réalisons une action ou quelque chose qui nous tient à coeur. La passion est une sorte de désir plus intense, mais contrairement au désir elle comporte une dimension passive. La définition du désir met en évidence le fait que nous désirons ce qui nous manque, mais nous expose face une réalité : qu' il est impossible de tout posséder. Si tout ce que je n'ai pas me manque, mes désirs sont sans limite. De plus nous cherchons à satisfaire nos désirs pour en tirer du plaisir. Mais la réalisation de nos désirs nous procure-t-elle toujours une véritable satisfaction ? Dans ce contexte, apparaît l'enjeu du désir et nous pouvons nous demander si il faut lutter contre ses désirs. Cette question s'entend d'un point de vue de la nécessité, mais également du point de vue de la morale. Cette question nous permet de nous interroger sur la nature du désir. Est ce pour cette notion d'insatisfaction que nous devons maîtriser nos désirs ? Ou bien devons nous au contraire écouter et satisfaire sans cesse tous nos désirs ? Quelle est la vraie nature du désir ? Nous avons évoqué que la notion de désir est très complexe et s'entend à différents niveaux. Pour changer notre façon de penser qui consiste soit à écouter nos désirs ou au contraire à les maîtriser, il faut changer notre visions et notre compréhension du désir. Le désir est dynamique, actif, et lorsqu'il est satisfait, nous éprouvons de la joie et du plaisir. L'homme ne cesse de désirer, dès qu'un désir particulier est assouvi, un autre surgit. Le désir n'est donc jamais pleinement satisfait. L'objet du désir de l'homme est variable. Un objet non possédé est d'autant plus important qu'un objet déjà obtenu car il laisse en suspend un éventuel plaisir à se procurer. Le désir est illimité, il n'y a aucune fin, tant que nous vivons nous manquons et nous désirons, le désir marque donc l'infinité de l'homme, mais il en caractérise aussi la finitude car il naît d'un manque. Le désir a toujours été défini par un manque, cependant Spinoza en propose une autre définition positive : il s'agit de l'effort conscient par lequel un être persévère dans sont être. Pour Spinoza ''le désir est l'essence même de l'homme, en tant qu'elle est conçue comme déterminée, par une quelconque affection d'elle même, à faire quelque chose''. Le désir est un terme dit générique englobant tous ''les efforts, les impulsions de l'homme''. Il constitue l'essence de l'homme parce qu'il est donc le mouvement par lequel l'homme s'efforce de persévérer dans son être. Chacun désire ce qu'il juge utile à lui même, ce qui lui semble bon, ce qu'il aime. Le désir est donc une disposition naturelle, et tout désir en soi est légitime. Le point de vue psychanalytique du désir, au travers de Freud et Lacan, pose l'homme en tant qu'être de désir parce que «manquant«. Autrement dit, l'homme désire parce qu'il manque. Le manque est alors constitutif de l'être humain et à un sens. Mais de quoi l'homme manque ? Nous pouvons dès lors nous questionner sur une possible nature inconsciente du désir. L'homme peut en effet s'imaginer qu'il désire un certain objet consciemment, alors que qu'inconsciemment c'est tout autre objet qui est cause de son manque. D'où une quête sans fin du désir qui laisse l'homme continuellement insatisfait. Le manque et la souffrance ressentis lorsque nous désirons et le renouvellement incessant de nos désirs, semblent rendre nécessaire la maîtrise des désirs. Devons nous maîtriser nos désirs ? Les hommes désirent et lorsqu'ils ont obtenu ce qu'il désiraient, une nouveau désir renaît, ainsi ils ne cessent jamais de désirer et de ressentir le manque du désir. La satisfaction des désirs est courte et illusoire. Le désir par son excès et son caractère illimité peut nous rendre esclave. Si nous ne parvenons pas à contrôler nos désirs alors nous sommes condamnés à être malheureux. Nous ne trouvons dons jamais de repos, notre existence est vouée notamment à la souffrance, à moins de renoncer au désir. En effet il existe un moyen temporaire de faire taire notre désir selon Schopenhauer : la contemplation esthétique, lorsque nous sommes spectateurs du monde et non plus acteurs. Les hommes cherchent tous le bonheur. Mais la satisfaction de tous nos désirs est-elle réellement source de bonheur ? Afin de vivre en société, certains désirs ne sont pas réalisables et la loi permet d'humaniser nos désirs et de veiller à leurs réalisations. Le plaisir défini par l'absence de douleur devient facile à atteindre. Certains plaisirs immédiats peuvent provoquer de la douleur à long terme c'est pourquoi la limitation de désirs évite et limite la souffrance. Seuls les désirs naturels sont ceux que nous devons chercher à satisfaire pour être heureux. Le seul moyen de contrôler ses désirs est de faire un effort de volonté. La volonté est une faculté qui nous permet de nos déterminer à faire une chose plutôt qu'une autre et contrairement au désir, elle est orientée par la raison qui nous permet de différencier le mal du bien. Selon Épictète, nous ne devons chercher à modifier que ce qui dépend de nous, accepter ce qui arrive et ce sur quoi nous n'avons aucun pouvoir. L'homme pris dans la course incessante du désir et dans la satisfaction de ceux ci ne risque t-il pas de se perdre ? N'a t-il pas intérêt à savoir remettre à plus tard, la satisfaction de certains désirs. Il convient de s'interroger sur ce qui dans l'homme désire. L'homme est -il conscient de ce qu'il désire réellement ? L'homme n'a t-il pas intérêt à apprendre à mieux se connaître afin de cerner la nature du désir ? Épicure a catégorisé les différentes sortes de désirs. Il faut d'abord distinguer les désirs naturels et les désirs vains. Ensuite on peut différencier dans les premiers ceux qui sont nécessaires au bonheur, ceux qui le sont pour le bien-être du corps, ceux encore qui sont strictement vitaux. Seule une connaissance des catégories du désir peut, écrit Épicure, permettre de sélectionner les désirs, de les approuver ou les refuser, en ayant une juste conception de leurs effets. Le critère de choix est le plaisir, qui est le bien premier. Il ne s'agit en aucun cas d'une recherche effrénée du plaisir quelles qu'en soient les conditions et conséquences. Au contraire, Épicure nous apprend qu'il faut parfois renoncer à des plaisirs si nous savons qu'ils seront suivis par des douleurs plus grandes et, inversement, qu'il faut parfois accepter la douleur si elle se trouve sur le chemin qui mène à un plaisir qui la surpasse. Même si le fait de désirer nous expose à la souffrance et paraît déraisonnable, pouvons nous réellement nous convaincre de limiter nos désirs ? Devons nous satisfaire nos désirs ? Comme nous l'avons évoqué ci dessus, l'homme est un être de désir. En ce sens, l'homme est en quête perpétuelle d'objet pouvant satisfaire ce dont il manque. Le désir semble découler d'un manque à combler, la recherche d'une satisfaction, et l'objet procurant le plaisir serait très subjectif. Le désir semble être une envie de possession, l'envie de posséder des choses, et le plaisir viendrait de la satisfaction du désir lorsque nous comblons ce manque. Le désir est personnel, nous avons tous des désirs différents. Il ne faudrait pas nier ses désirs sous peine de frustration. En ce sens, l'objet convoité peut être source de connaissance pour l'homme et ainsi apprendre à mieux se connaître. L'épanouissement de chacun passe par la réalisation des désirs, et la société de consommation.               Ce qui intéresse en premier lieu la philosophie antique dans sa période hellénistique, c'est de donner lieu à une morale du désir.               Les stoïciens donnent lieu à une formulation sensiblement différente. Épictète affirme ainsi qu'il faut distinguer les choses qui dépendent de nous de celles qui ne dépendent pas de nous. Il faut détourner son désir des secondes et accepter les vicissitudes ce sur quoi nous ne pouvons rien, quand bien même ce serait la maladie ou la mort qui nous affligerait. La pensée de Descartes est proche de la morale stoïcienne. Il affirme que c'est pour lui une règle de conduite de préférer réformer ses désirs plutôt que l'ordre du monde car les seules choses qui soient véritablement en notre pouvoir sont nos pensées. Or, c'est une propriété de la volonté de ne désirer que les choses qui semblent possibles. En effet, écrit Descartes, nous ne désirons pas posséder le royaume de Chine, cette possession ne nous manque pas. Ainsi, si nous apprenons à ne désirer que ce que nous avons la certitude d'acquérir, alors plus rien ne pourra nous manquer. Nous aurons un sentiment de plénitude plus développé que celui qui, possédant toutes les richesses, ne sait pas mettre fin à sa conquête. Descartes a bien soin de préciser que c'est là un exercice extrêmement difficile.               Terminons cette partie consacrée à la maîtrise des désirs par la critique virulente qu'en fait Nietzsche. Selon lui, la condamnation du désir n'est rien d'autre qu'une manifestation du nihilisme, une dépréciation de la vie qui naît de la peur de souffrir. Se situer Par-delà bien et mal, c'est pour Nietzsche renverser toutes les valeurs, opposer à la volonté de néant qui exige l'extinction du désir une volonté de puissance qui dévoile les forces de la vie sensible, opposer à la réactivité une activité sans bornes, à la négation un acquiescement envers tout ce qui a lieu, au renoncement (caractéristique de la morale) un profond acquiescement à la vie. Il ne peut pas s'agir de libérer la connaissance des vicissitudes du corps car cette connaissance n'est rien d'autre que l'effet d'une certaine structure corporelle, pulsionnelle. Il ne peut pas s'agir de libérer l'homme de la souffrance car ce serait du même coup le priver de tout plaisir, car, dans la vision dionysiaque du monde prônée par Nietzsche, souffrance et plaisir sont indissociables. Les morales du désir témoignent bien d'une certaine manifestation de l'instinct de conservation de la vie mais c'est alors d'une vie mutilée, emprisonnée.

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