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lecture analytique l'albatros baudelaire

Publié le 24/06/2014

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Lecture Analytique Charles Baudelaire Les Fleurs du mal page 242 Problématiques élèves : Comment par le biais de ce poème allégorique, Baudelaire exprime-t-il la dualité qui déchire ce poète ? Comment Baudelaire fonde-t-il le message de ce poème sur une image contrastée de l'albatros ? En quoi l'albatros est-elle une allégorie du poète ? Problématique professeur : Comment Baudelaire fait-il de l'albatros une allégorie du poète ? Plan : I) Un poème reposant sur une apparente anecdote : la capture de l'albatros lors de voyages en mer 1) Un cadre original, le voyage en mer 2) La présentation des oiseaux, fondée sur une antithèse roi/bouffon 3) La mise en place de l'allégorie II) Le travail sur l'allégorie, une figure emblématique de l'artiste incompris 1) Une analogie soigneusement travaillée 2) Le poète, un être paradoxal 3) Un poème représentatif de l'imaginaire baudelairien Développement I)1) Le titre présente un oiseau des mers, d'une taille certaine, plus importante qu'en réel. Dans le texte, on relève un champ lexical de la mer, aux vers 1, 2, 3 et 4. L'adjectif ''amers'' nous fait penser à l'eau de mer salée, tout en rime avec le deuxième vers. Le ''gouffre'' suggère quelque chose d'inatteignable : ici, la hauteur et la suprématie de l'albatros. Ce terme est polysémique et aborde aussi les périls d'un voyage en mer. L'amertume est notée par l'adjectif ''souvent'' : ce voyage est long, glissant, sans fin. Pour s'amuser, les marins tirent sur les albatros. Ces marins, lancés sur le navire de la vie, reflètent la condition humaine et le besoin des hommes de se divertir. Dans la deuxième strophe, les termes ''planches'' et ''avirons'' appartiennent également au champ lexical de la mer. On relève, dans la troisième strophe, un vocabulaire frustre et vulgaire, qui épouse les sentiments des humains. Les marins sont cruels, ils s'amusent à provoquer la déchéance de l'albatros, en mettant en scène de la violence et en reproduisant sa maladresse. Des allitérations expressives montrent aussi la cruauté : les marins frappent le bec de l'albatros avec un ''brûle-gueule''. L'albatros échappe à la tempête et aux archers. Dans la quatrième strophe, la cruauté est également présente, l'oiseau est ''au milieu des huées''. Les hommes, non dans leur élément, se déchaîne dans la violence et la cruauté pour s'amuser. Le voyage est pénible et inconfortable : il entraîne les marins dans la détresse. I)2) L'oiseau subit intérieurement le passage de ''roi'' à ''bouffon''. Au vers 2, ''vaste'' renvoie à son envergure et ses ailes. Au vers 7, on note ''grand'' et ''blanches'' qui montrent la splendeur et la pureté de l'oiseau. Au vers 9, le terme ''ailé'' suggère la liberté. Au vers 10, ''naguère si beau'' désigne la beauté de l'albatros, depuis si longtemps. La grandeur suggère la majesté : ''rois de l'azur'' ; ''prince des nuées''. Au vers 5, ''déposés'' est polysémique : ce terme est en opposition avec la violence. Il est aussi en parallèle avec la royauté : ses attributs royaux lui sont retirés dans son élément, où cet oiseau des mers est souverain et maître des cieux. Mais il est aussi représenté tel un bouffon, qui connaît une déchéance sur la terre. L'albatros est comparé au clown, ce personnage ridicule et décalé par rapport aux autres. Au vers 10, on note l'antithèse entre ''beau'' et ''laid''. La moquerie est aussi marquée par les termes ''mime'' et ''boitant''. I)3) L'animal permet à Baudelaire de travailler une allégorie entre le poète et l'albatros. On observe des alternances entre le singulier et le pluriel. Ainsi, le titre est au singulier : l'albatros est tel qu'il soit un grand oiseau comparable à l'homme. Dans la première et la deuxième strophe, on note du pluriel. A la troisième strophe, le singulier est présent et montre un albatros aux multiples tâches. Le dernier quatrain met en place une analogie entre l'albatros et le poète. L'albatros, dans son élément, le ciel, est le roi, même quand les éléments se déchaînent ou quand il est attaqué : le poète lui accorde une immortalité, une capacité à résister. Ensuite, l'oiseau est tel un ''compagnon de voyage'' : une personnification s'effectue, on montre des oiseaux tels les égaux des marins, comme on le voit aux vers 6 et 9. Le poète présente l'albatros tel un être échappant à sa nature animale. Deux comparaisons sont présentes dans ce texte au vers 8 et 13. II)1) L'analogie est triangulaire : elle concerne l'oiseau, le marin et le poète. Une analogie est la mise en relation d'éléments. Les hommes d'équipage représentent l'humanité dans son ensemble, mais aussi le public tel que le poète le ressent : il est d'abord acteur lors de la capture, puis spectateur brutal dans la troisième strophe. La dégradation clownesque est rapide, notamment dans la deuxième strophe. Dans la troisième strophe, on note de nombreuses exclamations, témoignant du caractère du public, qui se moque du malheur d'autrui. Puisqu'ils s'ennuient, ils préfèrent se moquer que d'éprouver de la compassion. On retrouve des allitérations aux vers 3 et 4, témoignant de la violence et de la brutalité des marins, bourreaux, vis à vis des oiseaux, victimes. Au vers 15, les ''huées'' symbolisent également l'agressivité. Ce rire du public indique le sentiment de supériorité qu'il ressent. Les marins représentent les bourgeois cruels ne comprenant pas l'artiste ; l'oiseau représente l'artiste incompris, souffrant et maudit. L'oiseau vient de l'azur (vers 6), qui représente l'idéal absolu et le bonheur du poète. Au vers 3, il y a un tétramètre : ''indolent'' est polysémique. Il témoigne de la tranquillité du voyage, mais aussi de la souffrance de l'oiseau. D'ailleurs, à la quatrième strophe, on trouve une anacoluthe, c'est-à-dire une rupture de construction grammaticale, qui suggère et nous fait sentir la détresse du poète et de l'albatros. Aux vers 1 et 4, si la construction était juste, on aurait : ''Le Poète, comme l'albatros, exilé sur le sol au milieu des huées, ses ailes de géant l'empêchant de marcher''. Il y a une contradiction entre les deux premiers vers et les deux derniers vers de la quatrième strophe. II)2) Dans la troisième strophe, les exclamations aux vers 9 et 10 n'ont pas de locuteur propre. Au vers 7, le poète fait preuve de compassion, comme aux vers 9 et 10, où se présentent le fait d'un gâchis, ainsi que de l'empathie de la part du poète. La quatrième strophe est éclairante, on observe une comparaison entre le poète et l'albatros. Les marins (vers 14) opèrent leur capture, avec un sentiment de supériorité. Le vol incarne le sentiment du poète quand il écrit, en pleine exaltation. La tempête et l'archer symbolisent la peur du poète, celle de ne rien avoir à écrire par exemple, mais aussi ses sentiments, comme celui de la supériorité, grâce à la joie qu'il ressent quand il s'élève (métaphore du vers 13). Cependant, cette supériorité l'handicape vis à vis des autres, à cause de son génie : il est conscient de sa différence et de son exil. Cette puissance se transforme alors en malédiction, d'où le paradoxe : le poète ressent de la souffrance. II)3) Ce texte retrace l'univers baudelairien, il ne manque que la femme. On retrouve le thème de l'ennui : l'homme a besoin de divertissement. Il peut alors être cruel, bourreau des autres, mais aussi de lui-même (strophes 2 et 3) : thème du mal. Baudelaire réalise le voyage en mer qui lui avait été assigné grâce à l'oiseau. L'étrangeté et la solitude sont présents (strophe 4) : thème de la déchéance, c'est un poème existentiel. La malédiction d'être homme ou artiste est abordée, incarnant la dégradation clownesque. Il y a une souffrance de ne pas être reconnu.

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