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Peut on être libre en le désirant?

Publié le 02/11/2014

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Peut-on être libre en le désirant? Le désir peut être par définition une force motrice. Nous nous dirigeons vers les choses que nous désirons, dans le but d'obtenir une satisfaction, car un désir non assouvi entraîne une frustration, ce qui est contraire à la liberté. Chacun possède ses propres désirs, c'est ce qui nous différencie d'un autre être humain. Réaliser nos désirs nous conduirait à la liberté car nous agissons en fonction de ce que nous sommes. Une des définitions courantes de la liberté serait de pouvoir faire ce que l'on souhaite sans contrainte. On peut donc supposer que désirer, donc essayer d'atteindre ce que l'on souhaite ( ce qui rejoint la définition du désir qui serait une force motrice) nous permettrait d'atteindre la liberté. Désirer est-il un moyen d'accéder à notre liberté? Pour réfléchir sur cette question, il faut d'abord comprendre pourquoi les désirs peuvent remettre en cause notre liberté et donc comment pouvoir maîtriser nos désirs. Puis nous verrons que désirer, c'est aussi faire des choix, qui peuvent nous mener à une forme de liberté, mais nous placent face à des dilemmes. Dans ce sens, le désir serait alors l'inverse de la liberté. Cependant il ne faut pas oublier que le désir est une force inépuisable menant à la liberté. Quand on veut, on peut. Je désire ma liberté, donc je suis libre. La première affirmation paraît évidente et renvoie à un des sens courants de la liberté: je fais ce que j'ai envie de faire. La seule limite serait donc un obstacle physique. Pourtant, la seconde affirmation est gênante, elle semble trop simple, alors qu'elle n'est qu'une application concrète de la première affirmation. Nous pensons, par exemple, à un prisonnier dans sa cellule. Il est privé de liberté car les murs (qui sont donc les obstacles physiques) l'empêche de faire ce qu'il veut: il désire sortir, mais cela lui est physiquement impossible. La liberté est donc contrainte aux apories, aux impasses du désir, qui peuvent être des impasses physiques. Selon Hobbes, la liberté c'est d'abord l'absence d'obstacle physique dans le mouvement, la prison est donc un parfait contre-exemple car il s'agit d'un enfermement physique, et cette liberté concernerait tous les corps capables de se mouvoir, vivant ou non. Cependant cette définition peut être remise en cause car elle est contraire à la dosca. En effet, si l'on prend l'exemple d'un régime autoritaire, selon Hobbes, les habitants seraient libres, ils ont la possibilité de se déplacer comme ils veulent. Pourtant ils ne le sont pas, car la liberté admet aussi l'absence de limite morale, une condition manquante à la définition de Hobbes. Une des limites de la liberté serait aussi un trop grand désir qui mènerait à une aliénation. On peut, pour montrer cela, parler du mythe de l'unité perdue de l'homme raconté par Platon. «Quand un homme [...] rencontre celui-là même qui est sa moitié, [...] ils ne voudraient plus se séparer» Suite à cela, Héphaïstos, dieu du feu et des métaux, leur demande si leur voeux est de se rapprocher à tel point qu'il ne pourrait se défaire l'un de l'autre, de ne faire plus qu'un jusqu'à la mort. Les amants sont ravis de cette proposition. Ils sont soumis à l'autre et déposer de soi-même. Leur désir serait accompli, mais seraient-ils pour autant libre? L'aliénation est, selon la définition de Hobbes, tout l'inverse de la liberté: ainsi soudés ils ne pourraient plus se déplacer comme ils le souhaitent. Il faut donc savoir maîtriser ses désirs pour atteindre la liberté, et ne pas devenir dépendant. Être dépendant c'est chercher constamment à atteindre l'objet désirer, et non obtenir cette objet. Un homme riche continue sa quête de l'argent alors même qu'il en a assez pour subvenir à tous ses désirs. Il est dépendant de cette recherche, c'est elle qui le guide dans ses actions, au point de pouvoir mettre sa santé en danger. Le désir est infini et il apparaît sur fond de manque, il comporte toujours un risque d'aliénation. Mais en quoi maîtriser ses désirs peut-il nous mener vers la liberté? On pense qu'être libre c'est de pouvoir faire tout ce que l'on désir, mais cela est incomplet. En effet, si chaque personne fait, ou prend tout ce qu'il désire, l'anarchie et la guerre civile sont inévitables. On arrive alors à l'inverse de la liberté, un état de guerre. Les lois sont là pour maîtriser nos désirs. Mais dès lors qu'on nous impose tel ou tel désire, ou qu'on nous en empêche, sommes-nous toujours libre? C'est ici tout le paradoxe. Je désire cette voiture, mais elle n'est pas à moi, mais si je la vole, la liberté d'un autre sera réduite. «La liberté commence là où celle des autres s'arrêtent». Cette phrase célèbre est presque devenue un proverbe. Elle est d'ailleurs souvent associée à l'article 4 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen: «La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres» C'est ainsi que l'État est une aide (par le biais des lois) pour maîtriser nos désirs, et par cette manière nous assurer la liberté. Selon Spinoza, L'État permet que les hommes « ne luttent point de haine, de colère ou de ruse, pour qu'ils se supportent sans malveillance les uns les autres. La fin de l'État est donc en réalité la liberté». Descartes nous dit qu'il faut «changer nos désirs plutôt que l'ordre du monde». Que veut-il nous faire comprendre? Il y a certains désirs qui nous sont impossibles, auxquels on ne peut pas accéder. Il vaut mieux les «oublier» que de vivre dans la frustration d'un désir intouchable. Selon lui, il faut désirer seulement les choses que nous pouvons accéder, sinon on ne serait pas libre. Cela nous amène à faire un choix dans nos désirs, mais avons nous la liberté de choisir? C'est ici qu'entre en jeux la notion de libre arbitre. Le libre arbitre c'est la faculté que possèderait l'être humain à pouvoir se déterminer d'un choix plutôt que d'un autre. Ainsi, plusieurs facteurs entre en jeux pour déterminer nos choix. J'ai le choix entre écrire une dissertation de philosophie ou de dormir. Je suis libre de choisir, et je désire dormir. Pourtant des facteurs extérieurs viennent orienter mes choix, et je me sens obliger de faire la dissertation de philosophie. Suis-je donc totalement libre de dormir? Cependant quand il n'est existe aucun acteur extérieur, qu'on n'a pas plus de raison de faire un choix plutôt qu'un autre, la liberté peut être réduite à son maximum, jusqu'à entraîner la mort. Prenons l'exemple de l'âne de Buridan. Il a le choix entre un seau d'avoine, et un seau d'eau. N'ayant aucune raison de choisir l'eau plutot que l'avoine, il se laissa mourir. Il avait pourtant le choix. La liberté ne serait donc qu'une illusion, on se pense libre mais en fait nous sommes seulement esclave de notre désir, que nous voulons réaliser à tout prix, ou du non-désir, qui sans motivation nous amène à la mort. Pour ne pas nous en tenir que au constat plutôt négatif du désir, qui serait dans une premier temps une sorte de privation de la liberté, il faudrait parvenir à découvrir le désir sous un autre angle, s'interroger sur son essence. Selon Platon, le désir est avant tout un manque. On ne peut désirer quelque chose que nous possédons déjà. Le seul cas de figure exceptionnel, c'est l'amour, car nous désirons toujours la personne aimée. Mais ici encore, on observe bien souvent de la lassitude qui vient éteindre le désir. Le désir est une force de courage. Avoir beaucoup de désirs, aurait donc comme conséquence avoir beaucoup plus de force et de courage. Cette force nous permettrait de pouvoir contrer certaines frustrations dus à des désirs non assouvis: c'est ici une force morale due au désir. La frustration d'un désir n'est qu'éphémère alors que le désir lui-même est infini. Et c'est là qu'il puise sa force, il se renouvelle sans cesse, et son pouvoir est à la hauteur de sa force. Ainsi la réalisation d'un désir peut donc aider à la réalisation d'un autre, comme une hiérarchie. Je désire finir ma dissertation de philosophie, j'en ai la volonté, je me sentirais alors plus libre, et je pourrais enfin aller dormir, ce qui est mon désir premier. Les désirs sont une force infinie, ils se renouvellent sans cesse. C'est grâce au désir que l'on vit, seule la mort arrête nos désirs. Et lorsque nous sommes morts, nous ne sommes plus libre. Ainsi, nous pouvons voir le désir comme l'essence de l'Homme. Etre libre c'est agir par la seule nécessité de sa nature. Et comme le désir fait parti de la nature de l'Homme, désirer, c'est être libre. Le désir n'ayant aucune limite, on peut désirer ce que l'on veut, et plus ce désir grandit, et plus nous aurons de puissance et de courage pour l'accomplir. C'est là que nous pouvons mesurer la force du désir, car c'est grâce à elle que l'Homme peut être capable de surmonter ses craintes ou accomplir certaines choses qui auraient été impossible sans la force du désir. Le désir peut aussi être perçu comme un moyen de nous éloigner de la réalité, grâce à l'imaginaire, car l'imaginaire est libre, personne ne peut le contrôler, lui poser des limites. Et si nous voyons la liberté comme Hobbes la définit, le fait de pouvoir désirer (sans forcément accomplir se désir) est une liberté car il n'est pas limiter Si nos désirs peuvent nous dérouter et nous aliéner, il n'empêche qu'ils proviennent tous d'une source qui n'est pas une faiblesse mais une force, car il s'agit de l'essence de l'Homme. En effet,cette force est qualifiée de puissante car elle nous pousse à faire quelque chose à agir. Et la liberté, autre que de n'avoir aucune contraintes à nos désirs, est le fait de pouvoir faire quelque, sans forcément l'accomplir totalement. C'est là qu'on remarque la corrélation entre la liberté et le désir: la force de pouvoir agir par nécessité de notre nature.

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