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Le positivisme en France au XIX

Publié le 03/01/2018

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centercenter Le positivisme en France au XIXè siècle Dossier episthémologie Licence 3 Histoire 9410077300 Le positivisme en France au XIXè siècle Dossier episthémologie Licence 3 Histoire Table des matières TOC \o "1-3" \h \z \u I.La philosophie positiviste PAGEREF _Toc478915063 \h 3 A.La loi des trois états et la classification des sciences PAGEREF _Toc478915064 \h 3 1.La loi des 3 états PAGEREF _Toc478915065 \h 3 2.La classification des sciences PAGEREF _Toc478915066 \h 4 B.La méthode générale PAGEREF _Toc478915067 \h 5 C.La réforme de l’éducation et le culte de l’Humanité PAGEREF _Toc478915068 \h 6 II.L’introduction progressive du positivisme en histoire en France PAGEREF _Toc478915069 \h 8 A.La révolution de l’École méthodique PAGEREF _Toc478915070 \h 8 B.L’apogée de l’histoire comme science PAGEREF _Toc478915071 \h 9 C.La légitimation de l’histoire de France et son instrumentalisation PAGEREF _Toc478915072 \h 10 III.Le déclin du positivisme à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle PAGEREF _Toc478915073 \h 12 A.La contestation du positivisme historique PAGEREF _Toc478915074 \h 12 B.Le tournant de l’école des Annales PAGEREF _Toc478915075 \h 13 C.Quelle vision des contemporains ? Le néopositivisme PAGEREF _Toc478915076 \h 14 On considère l’épistémologie comme la science de la science. C’est un ensemble de savoirs scientifiques. Au XIXe siècle, la discipline historique a tenté d’accéder au rang de science. Pour ce faire, les historiens tentent d’allier la vérité et la science. Cela fait écho à de nombreuses théories scientifiques qui se développent au cours de ce siècle et avant. C’est le cas par exemple du développement des « sciences positives » au cours du XVIIIe siècle, qui font suite aux découvertes de l’homme de sciences Isaac Newton (1642-1727). Ce sont des sciences exactes telles que les mathématiques, la physique ou encore la chimie. Les sciences sont codifiées et permettent une connaissance parfaite de la nature de l’homme. Ensuite, on retrouve l’influence de L’Origine des espèces de Charles Darwin, publié en 1859. Selon lui, la connaissance se base sur l’observation et l’expérimentation. Il croit au progrès scientifique et s’oppose aux croyances théologiques et à la superstition. Cela apporte en partie le triomphe et l’apogée de la méthode. C’est ce sur quoi se base le positivisme. Ce courant nait en philosophie, puis il est importé dans de nombreux domaines, dont l’histoire. La philosophie positiviste est développée par les philosophes Émile Littré et Auguste Comte. Le positivisme « considère que toutes les activités philosophiques et scientifiques ne doivent s’effectuer que dans le seul cadre de l’analyse des faits réels vérifiés par l’expérience et que l’esprit humain peut formuler les lois et les rapports qui s’établissent entre les phénomènes et ne peut aller au-delà ». Le positivisme rejette toutes les méthodes qui ne sont pas basées sur des expériences et la science. Il repose donc sur la foi dans le progrès et la méthode scientifique. En histoire, on voit d’abord une influence allemande dans la première moitié du XIXe siècle. Le positivisme en histoire est introduit en France à travers l’historien Léopold von Ranke (1795-1886). Il a fortement influencé l’historiographie française. Le terme « historiographie » apparait au XVIe siècle et désigne le fait d’écrire sur l’histoire. Léopold von Ranke a alors influencé la science historique allemande et française. Il y introduit la méthode critique et l’exploitation des sources. L’histoire méthodique se veut donc scientifique. Les idées de cet historien sont répandues dès le début du XIXe siècle dans les universités allemandes. Cependant, si le positivisme en philosophie a influencé celui en histoire, Léopold von Ranke tente de séparer clairement l’histoire de la philosophie. Il souhaite « retrouver ce qui s’est réellement passé ». Pour cela, il s’appuie sur des sources qui ont été critiquées et triées. Ce modèle développe une méthode, une certaine organisation de la recherche. Il est introduit en France au cours du siècle, essentiellement après la défaite de l’armée française en 1871 contre les Prussiens. Dans quelle mesure le courant positiviste a-t-il influencé à la fois la philosophie et l’histoire au cours du XIXe siècle en France ? Dans une première partie, il conviendra de revenir sur l’origine du positivisme en philosophie avec Auguste Comte, dont l’importance n’est pas négligeable. Ensuite, nous étudierons de quelle manière le positivisme est appliqué à la discipline historique. Enfin, nous évoquerons la remise en cause du positivisme, à la fois en histoire et en philosophie. La philosophie positiviste Dès ses débuts Comte, grâce à la philosophie positive, combat la pensée abstraite de la métaphysique et des croyances invérifiables de la théologie qui régissent le mode de pensée. Pour lui, le monde qui a connu des évènements révolutionnaires passés ne peut se reconstruire uniquement par l’étude de la société. En effet, ce dernier dit qu’il faut étendre la méthode positive soit scientifique à l’étude de la société constituant le dernier soutien pour les métaphysiciens et les théologiens. Cette combinaison doit donner lieu à une science. Cette dernière est la clé de voûte de la philosophie positive. Comte va se servir de l’histoire pour mettre sur le devant de la scène le mélange de la philosophie positive et de la science de la société. Comte appelle cette mixité « sociologie ». Cette notion apparait en 1839. Il formule alors une loi historique dans laquelle il veut rendre le développement et le comportement humain plus rationnels et plus prévisibles. La connaissance du monde social permettrait même de les maîtriser. Cette loi historique allait devenir la loi principale de la science de la société : la loi des trois états. Cette loi est exposée dans son œuvre majeure Cours de philosophie positive. La loi des trois états et la classification des sciences lancèrent la carrière de Comte. La loi des trois états et la classification des sciences La loi des 3 états Comme son nom l’indique, cette loi fait état de trois états et plus particulièrement trois modes de pensée. On y trouve l’état théologique, l’état métaphysique et l’état positif. Comte dit que chaque science, tout l’esprit humain suivent ces trois modes. Chaque science, chaque société et chaque individu doivent passer par ces états. Dans l’esprit de Comte, la société dans sa totalité est comme un organisme vivant dont le développement est influencé par le progrès intellectuel. Puisque les idées mènent le monde, l’évolution intellectuelle et, surtout le développement scientifique, sont la forme la plus avancée de progrès et servent de moteur au changement historique. En bref, la loi des trois états est une loi globale. Cette dernière décrit les différents états du progrès que chaque civilisation doit parcourir jusqu’à son terme, l’âge positif. Ces trois états correspondent à l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. L’état théologique connaît lui-même trois étapes successives : le fétichisme, le polythéisme et le monothéisme. Lorsqu’il est dans l’état théologique, l’homme cherche à comprendre l’ensemble de l’Univers dans lequel il existe : il cherche des causes pour les différents phénomènes physiques auxquels il est confronté. Or, comme il est bien connu depuis Aristote que la chaîne des causes successives remonte jusqu’à l’infini, c’est-à-dire jusqu’à l’intention d’un ou plusieurs dieux, cette recherche des causes est, selon Comte, « hors de la portée de l’intelligence humaine, donc vouée d’avance à l’échec ». Cependant, il ne condamne pas cette tentative de l’esprit humain, car elle est nécessaire, d’après lui, comme première impulsion, pour que l’homme apprenne à connaître ses limites. Sans état théologique, l’avènement ultérieur de la « véritable » science serait donc impossible. L’état métaphysique est essentiellement un état transitoire entre l’état théologique et l’état positif. Cet état n’est pas fondamentalement différent du précédent, mais il s’agit d’une phase « critique », c’est-à-dire une remise en question destructrice et nécessaire de l’état théologique. Dans l’état métaphysique, des entités abstraites ont remplacé les dieux, mais l’homme continue à chercher des choses hors de sa portée, comme l’origine et la destination des choses, la nature de l’Univers ou encore la nature intime des êtres. Comte ne va pas jusqu’à nier l’existence de ce qui échappe à la perception sensorielle, mais il déclare qu’une telle existence ne peut qu’être hypothétique, jamais prouvée, et que, par conséquent, elle n’intéresse pas la « véritable » science. La seule chose qui intéresse la science, ce sont les faits. Dans l’état positif, l’homme est enfin devenu « raisonnable », car il a compris que la véritable connaissance de l’Univers lui est impossible et il s’interdit les questions universelles ! Dès lors, il ne cherche plus des causes, mais des lois : il ne peut pas expliquer les phénomènes, mais il peut chercher à les décrire, par exemple par des formules mathématiques. Connaissant ces lois, il peut alors les utiliser à son profit pour dominer la nature et améliorer son existence. Le plus bel exemple donné par Comte est la loi de Newton sur la gravitation. La classification des sciences On ne peut pas parler dans la loi des trois états sans évoquer la classification des sciences. Auguste Comte propose une classification générale des sciences. Cette classification se fonde sur les degrés de complexité croissante des objets étudiés. Les seules données véritables sont pour Comte les sciences déjà existantes dont il est alors nécessaire d'établir la hiérarchie selon la positivité, selon l'abstraction, selon la généralité. Selon ce schéma classificatoire, les sciences sont apparues en fonction de la simplicité des phénomènes et de leur éloignement par rapport à l’homme. Les mathématiques se développent d’abord comme un outil de découverte pour les autres sciences. L’astronomie prend ensuite la forme d’une science puisqu’elle étudie les phénomènes les plus simples, ceux qui sont les plus éloignés de l’homme. La méthode positive est alors étendue aux disciplines dont l’objet est plus complexe et plus proche de l’homme. On trouve donc la physique, la chimie et la biologie. La physique est la science de l’expérience ; la chimie est la science principale pour l’observation enfin la biologie est la science de la comparaison. Ces trois sciences se complètent pour faire ressortir les mathématiques et la sociologie, sciences. L’astronomie à une place spéciale dans la genèse de la science positive pour Comte. Comte prétend que, maintenant que l’astronomie, la physique, la chimie et la biologie sont devenues des sciences positives, il est temps d’appliquer la méthode positive à l’étude de la société qui prend en compte les phénomènes les plus complexes. Ces six sciences forment la science positive de Comte, une structure solide qui pose les mathématiques comme aboutissement de l’abstraction, et la sociologie comme nouvelle science à développer dans le but de faire progresser encore l’humanité. Ces dernières sont en accord avec la loi des trois états présentée précédemment. La méthode générale « On ne connaît pas complètement une science tant qu'on n'en sait pas l'histoire. » L'émergence des sciences humaines constitue un bouleversement au sein de la pensée occidentale ; l'homme n'est plus seulement un sujet de connaissance, il devient un objet de connaissance, au même titre que n'importe quel autre objet. Pour que l'homme puisse prétendre s'étudier lui-même, il lui faut trouver une méthode qui garantisse un minimum d'objectivité. La seule méthode susceptible de rallier un maximum de suffrage reste la méthode expérimentale. C'est donc par elle que l'étude de l'homme peut prétendre devenir scientifique. Auguste Comte pense que l’observation est au centre de tout processus scientifique. Cette dernière doit être, dans un premier temps, sans contrôle de l’humain sur l’expérience. Dans un second temps, cette première observation sans contrôle pourra permettre l’observation productive du même phénomène dans une expérience contrôlée. La méthode expérimentale est donc secondaire selon Auguste Comte ; l’observation est la méthode qui vient en premier, suivie par la comparaison et finalement par l’expérience. La méthode expérimentale constitue la pièce maîtresse de l'argumentation dans les sciences positives. Elle est fondée sur la distinction nette des faits et de la théorie ; la mise en place d'un ensemble expérimental permet de confirmer la théorie par les résultats d’expérience, les faits garantissent la justesse de la théorie ou viennent l'invalider, mais pas seulement. Plus généralement, il y a une interaction des deux ; les faits suscitent de nouvelles théories qui auront à être vérifiées et ainsi de suite. Dans cette conception, l'investigateur n'entre pas dans le dispositif expérimental. Il est considéré comme un observateur neutre dont la personnalité n'intervient pas. L'observateur est le miroir des faits « objectifs ». L’observation fait naître des idées qui seront contrôlées par l'expérimentation et éventuellement réfutées. L'expérience est toujours liée au raisonnement, elle se fait selon une théorie rationnelle, ce n'est pas un cheminement au hasard selon d'obscures intuitions. Le raisonnement causaliste est indissociable de la méthode expérimentale. Dans ce cas, la causalité concerne des faits précisément définis. Pour le positivisme, tout ce qui est dans la nature peut être connu rationnellement. Le rationalisme, la volonté de connaître, de prévoir et d’agir sur un monde exempt de phénomènes surnaturels, sont des caractéristiques de la conception positiviste du monde. L’homme est un être naturel qu’il est possible de connaître. Cette conception permet à la connaissance d’échapper à la métaphysique religieuse, mais pas à la métaphysique tout court. Si la nature ne manifeste plus le divin ou le démoniaque, la recherche de fondements premiers continue à donner naissance à des postulats métaphysiques, en particulier matérialistes. De ce fait, l’esprit scientifique doit renoncer à la question du “pourquoi” et se limiter au “comment”. Le positivisme doit donc renoncer à la recherche des causes premières et finales des phénomènes et privilégier au moyen d’observation et d’expériences répétées la découverte des relations constantes qui unissent les phénomènes. Le positivisme recherche des lois de la nature des hommes. Celui-ci est une “attitude” qui accorde toute sa confiance aux méthodes de la science expérimentale. Par ailleurs, il est important de mettre en avant la notion de déterminisme dans l’application de la méthode générale. En effet, ce dernier constitue le premier grand principe des sciences positives. De ce fait, les phénomènes naturels actuellement existants déterminent ceux qui existeront ultérieurement. Aucune intervention divine ne peut en dévier le cours ; il s'ensuit que l'avenir est prévisible si l'on connaît la totalité des conditions initiales. Dans une étude scientifique, les faits ne peuvent être considérés autrement que déterminés. Toute la recherche est assise sur ce principe qui prévient les démissions de l’esprit devant l'irrégularité ou l'anarchie apparente des phénomènes. Autour du déterministe, d'autres éléments viennent s'articuler : l’espace et le temps sont, pour la pensée positive, des catégories bien définies. L'espace est une étendue homogène et le temps un déroulement régulier et absolu. La réforme de l’éducation et le culte de l’Humanité Pour Comte, il faut coordonner le présent, le passé mais aussi le futur. Le premier point d’ancrage de cette coordination se faut par l’éducation. En effet pour Comte, il une réforme de l’éducation conduisant à une éducation positive. Cette dernière prône une éducation s’inscrivant dans l’ère du temps. L’histoire est l’éducatrice de l’humanité. C’est l’histoire évoluant au fils des temps qui rend accessible la relation fondamentale entre l’esprit et la nature. L’homme doit se développer par les trois temps qui constitue une vie soit le passé, le moment présent et l’avenir. De là, la connaissance de l'enfance n'est pas psychologique, mais historique. La pédagogie positive est donc celle qui prend appui sur l'expérience et la mémoire de l'humanité. De ce fait, la connaissance est avant tout historique. L’éducation ne doit pas amener l’homme vers l’humanité mais au contraire, l’enfant doit s’élever à l’humanité par l’histoire. Cette évolution se fait par l’histoire. L'éducation n'est donc pas faite pour perpétuer l'état d'enfance, ni dans l'individu ni dans l'espèce. Comte aurait certainement trouvé absurde d'entendre dire que l'école est faite pour les enfants. Si l'éducation a un sens, c'est en ce qu'elle permet à l'enfant, non seulement de devenir adulte par l'esprit et le sentiment, mais surtout de méditer sur l'enfance de l'humanité et sur son développement. Pour Comte, l'humanité se constitue davantage par la continuité et par le temps. Comte dit « l'émeute des vivants contre l'ensemble des morts ». Il faut donc pour éduquer, un culte de la mémoire. On ne peut avoir aucune idée de l'homme si l'on ne se réfère pas à l'histoire. Aucun progrès réel n'est possible si l'on perd de vue la continuité historique selon laquelle l'humanité se constitue. C'est donc la commémoration, et non pas l'adhésion au présent immédiat, qui doit présider à l'éducation. Le passé de l'humanité appartient à tous les hommes. L'humanité est une et indivisible, quelles que soient les apparences du moment. Comte nous invite ainsi à nous élever jusqu'à l'idée d'éducation universelle. Les différences sont dans le temps, c'est-à-dire qu'elles sont historiques. La diversité dans l'espace n'est représentative de l'homme qu'à la condition de la rapporter au temps et à l'histoire. La faute la plus grave contre l'homme est de méconnaître la dimension historique de l'humanité qui nous fait absolument semblables, d'oublier ainsi que l'humanité s'enseigne elle-même. L'éducation n'est pas à inventer : il nous suffit de savoir ce que nous sommes. L’histoire est au cœur de l’éducation pour Comte. Implicitement la discipline historique et son appréhension conduit au culte de l’humanité. L’humanité est quelque chose d’essentiel chez Comte. En effet, Comte place l’humain au centre. Le positivisme devient une religion où l’homme en est le centre. Comte distingue trois grandes étapes, la première est l’étape métaphysique qui renvoie au polythéisme, la deuxième est l’étape théologique essentiellement monothéiste enfin la troisième est l’étape que Comte définie comme scientifique c’est-à-dire que l’étape sera centrée sur l’homme. Ce dernier va prendre la place des religions passées. On peut qualifier ce culte de l’humanité comme un humanisme poussé à l’extrême. La vraie religion de l’Humanité procure ainsi le développement personnel et social parce qu’elle est la condition de « l’harmonie totale, réelle et stable », qui donne à l’individu la raison fondamentale de son existence sociale. La philosophie positive laisse à l’histoire une grande place. Cette dernière se doit de construire l’individu. A partir de la loi des trois états ainsi que la classification des sciences, Comte met en place une méthode générale nécessaire dans la compréhension de la société. La philosophie d’Auguste Comte va toucher peu à peu en France, la nouvelle science : l’histoire. L’introduction progressive du positivisme en histoire en France La révolution de l’École méthodique L’histoire est la première discipline qui parvient à s’émanciper de la philosophie et à devenir autonome. Le positivisme en histoire s’appuie tout de même sur le travail d’Auguste Comte, le Cours de philosophie positive. La méthode critique peut être appliquée à l’histoire. L’École méthodique ou positiviste se caractérise par sa volonté d’assimiler l’histoire à une science à travers la critique et la méthode expérimentale. Elle est dominante dans l’historiographie française de 1870 à la mise en place de l’École des Annales. L’École méthodique est également tournée vers l’histoire des événements, l’explication, la chronologie, mais aussi la politique. Elle peut encore être instrumentalisée au service de l’enseignement patriotique et républicain. À l’origine, ce courant vient d’Allemagne et de l’historien Léopold von Ranke. L’histoire positiviste est ensuite introduite en France à travers la science de Marcellin Berthelot (1827-1907) et Claude Bernard (1813-1878). Selon eux, la vérité découle d’observations et d’expériences répétées qui sont des « observations provoquées ». De plus, Claude Bernard, dans l’Introduction à la médecine expérimentale (1865), rejette l’insertion de la démarche scientifique dans un système philosophique. La science souhaite insister sur sa distance avec la philosophie ou encore avec la littérature. Il veut fonder une science objective par opposition à la foi et aux superstitions. Dans le domaine de l’histoire, c’est Gabriel Monod (1844-1912) qui est l’un des fondateurs de l’École méthodique en France. Cette école nait notamment en réaction à la Revue des questions historiques de 1866 et à travers la Revue historique de Monod de 1876. La première est plutôt monarchique et catholique, tandis que la seconde est républicaine et protestante. Dans cette revue, Gabriel Monod soutient que les différents moments de l’historiographie ont contribué à la construction de la République. L’histoire occupe une place centrale. Le XIXe siècle marque une rupture profonde. Il a écrit « Notre siècle est le siècle de l’histoire ». Les historiens doivent alors suivre les règles de la méthode. Il expose dans l’introduction ce que doit être le travail de l’historien. Selon Monod, les historiens du XIXe siècle doivent fonder leurs analyses sur une documentation sûre. Il rappelle également que l’historien Jules Michelet (1798-1874) cherchait déjà « à contenir son imagination en n’avançant rien qu’il ne pût appuyer sur des textes et [qu’il] regardait les archives comme un véritable laboratoire de l’historien ». Monod est alors prudent. Selon lui, la « publication des textes, critique des sources, étude patiente et détaillée » doivent constituer les seules ambitions de l’historien. Ainsi, il souhaite constituer une communauté d’historiens qui puisse œuvrer en faveur du progrès de la science historique et de la réorganisation des études historiques. À travers la Revue historique, il espère donner l’exemple de la « bonne méthode » aux jeunes générations. Gabriel Monod souhaite ainsi articuler la critique documentaire à l’écriture de l’histoire. Il s’éloigne lui aussi de la spéculation philosophie et de la littérature, qui condamnent l’historiographie à une connaissance non scientifique, et vise à l’objectivité absolue. Si Monod, à travers sa revue, est à l’origine de l’École méthodique, on trouve déjà dès 1820 des thèmes développés par les historiens méthodistes. C’est le cas notamment de la volonté de fonder l’histoire sur des documents tels que des textes ou des archives. Le courant méthodique s’impose progressivement. Les deux historiens qui apportent la science dans l’histoire sont Numa Denis Fustel de Coulanges (1830-1889) et Hyppolite Taine (1828-1893). Ils développent des idées scientistes. Selon eux, la science est en mesure d’expliquer tous les phénomènes. Mais ils sont rapidement critiqués par l’École méthodique et notamment Gabriel Monod. L’apogée de l’histoire comme science L’École méthodique triomphe en France du début de la IIIe République jusqu’à l’apparition de l’École des Annales, c’est-à-dire de 1870 à 1920. On le remarque notamment à travers la publication de divers ouvrages. L’un des principaux est celui des historien Charles-Victor Langlois (1863-1929) et Charles Seignobos (1854-1942). Dans Introduction aux études historiques (1898), ils défendent le fait selon lequel l’histoire doit être pensée comme une science. Ce cours qu’ils développent à la Sorbonne marque en partie l’apogée de la démarche de l’École méthodique. Selon eux, au cœur de l’histoire, on trouve l’analyse de documents. Il faut rechercher les causes et les faits. La naissance des archives est alors essentielle. Les traces permettent un raisonnement. Il ne peut pas y avoir d’histoire sans document. Il n’y a rien de construit a priori. Faire de l’histoire, c’est alors élaborer une réflexion critique et centrale des documents. Cela permet de restituer le document dans son contexte de production, c’est-à-dire le remettre en perspective et en adopter une distance critique. Il faut bien séparer ce qui relève de l’énoncé, du contenu et du contenant. La méthode d’analyse du document permet à l’histoire de se constituer comme science. Le document est une vision de l’histoire. C’est pourquoi il faut confronter les documents entre eux dans le but d’avoir différents points de vue. Langlois et Seignobos développent alors l’idée des critiques externe et interne des documents. « On rechercher comment il [le document] a été fabriqué afin de le restituer au besoin dans sa teneur originelle et d’en déterminer la provenance. Ce premier groupe de recherches préalables, qui porte sur l’écriture, la langue, les formes, les sources, etc., constitue le domine de la critique externe ou critique d’érudition ». La critique externe permet d’évaluer l’authenticité d’un document, elle s’articule autour de ses conditions de production. Les questions posées lors de la critique externe sont laissées aux membres de l’École des chartes par les historiens. C’est le rôle de l’archiviste, qui accorde le statut aux documents. « Ensuite intervient la critique interne : elle travaille au moyen de raisonnements par analogie dont les majeures sont empruntées à la psychologie générale, à se représenter les états psychologiques que l’auteur du document a traversés ». La critique interne est le fait de l’historien et vise à déterminer le point de vue de l’auteur. Elle repose sur le mécanisme lui-même de la production du document. Grâce à cette méthode, l’historien aboutit à la connaissance historique. Il prend les documents, les critique et arrive à des faits réels. Pour Langlois et Seignobos, cette méthode est une science réelle : « le document se trouve ramené à un à un point où il ressemble à l’une des observations scientifiques par lesquelles se constitue toute science objective. Il devient une observation ; il ne reste plus qu’à le traiter suivant la méthode des sciences objectives ». Seignobos, dans La méthode historique appliquée aux sciences sociales, a aussi écrit : « La méthode historique est la méthode employée pour constituer l’histoire ; elle sert à déterminer scientifiquement les faits historiques puis à les regrouper en un système scientifique ». Afin d’arriver à un fait le plus objectif possible, il faut être rigoureux dans la méthode. Pour les positivistes, le but de l’histoire est alors d’arriver aux faits. C’est la démarche que suivent les méthodiques. Cela entraine une division hiérarchisée du travail et vise à construire une synthèse. L’intérêt des historiens du XIXe siècle ne se limite pas à cela. Les méthodiques se focalisent aussi sur l’État, la politique et les élites. On appelle cela l’histoire-bataille. L’histoire méthodique est notamment une réaction à l’histoire de la Révolution française. Elle s’oppose à l’histoire militante. L’historien méthodique se prétend au-delà des querelles idéologiques. On trouve pourtant une contradiction inhérente à cette histoire puisqu’elle développe une histoire très patriotique. La légitimation de l’histoire de France et son instrumentalisation Le courant des positivistes ou des méthodistes induit aussi une légitimation de l’histoire de France. L’histoire est instrumentalisée, c’est-à-dire qu’elle est utilisée dans un but politique, pour défendre une idée. Ici, l’histoire sert à légitimer et appuyer la République. Par exemple, avec l’École méthodique, l’enseignement de l’histoire devient une affaire patriotique. C’est le cas notamment à travers l’« Histoire » d’Ernest Lavisse, dans le Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson. Lavisse (1842-1922) est un historien qui est à l’origine de la formation et diffusion de l’histoire positiviste. C’est aussi un proche de Victor Duruy (1811-1894), homme politique et historien très lié aux historiens de l’École méthodique. Ernest Lavisse a également été élu membre de l’Académie française en 1892 et en 1904, il prend la direction de l’École Normale Supérieure. Cela montre sa proximité avec le régime républicain. Cette histoire est aussi patriotique et nationaliste. Dans ce cas, l’histoire doit constituer en des récits. Ces derniers doivent être subjectifs dans le but de marquer les jeunes générations à l’école primaire et leur inculquer les valeurs de la République. « Il y a dans le passé le plus lointain une poésie qu’il faut verser dans les jeunes âmes pour y fortifier le sentiment patriotique ». Lavisse fait de l’histoire patriotique. Il écrit : « à l’enseignement historique incombe le devoir glorieux de faire aimer et de faire comprendre la patrie. Le patriotisme a besoin d’être cultivé ». Cette idée est notamment développée après la défaite de la guerre par la France en 1871 contre l’Allemagne. Cette dernière a eu un grand retentissement dans les mentalités. Ernest Lavisse est à la fois investi de la mission nationale et du statut scientifique lorsqu’il écrit. Gabriel Monod, dans sa Revue historique, défendait déjà la mission patriotique de l’historien. Selon lui, l’histoire est aussi « dépositaire des traditions de son peuple et de celles de l’humanité ». L’historien est un artisan de la mémoire nationale. Il ne doit pas s’en soustraire. Il doit montrer les liens qui unissent les différents moments de l’histoire du pays. L’histoire aurait alors permis l’arrivée du régime républicain. L’École méthodique constitue l’historiographie des républicains qui allient principes et pragmatisme. La République accorde alors à l’histoire une place importante lors des réformes du système scolaire. Par exemple, la discipline historique bénéficie de la création de plus de chaires. Ce sont des postes permanents de professeurs dans l’enseignement supérieur. L’histoire méthodique se diffuse au centre de la nation républicaine. De même, pour l’écrivain français Charles Péguy (1873-1914), l’enseignement patriotique passe par les hussards noirs de la République, c’est-à-dire les soldats à cheval. Leur tenue était austère, mais ils prêchaient l’amour de la République. Cela mène alors aux excès de l’histoire nationaliste ainsi qu’aux risques de dérive et d’instrumentalisation de l’histoire. Les historiens de l’École méthodique associent alors le progrès, la science et la République. Cette instrumentalisation sera d’ailleurs critiquée par les opposants de cette école. L’histoire méthodique est en contradiction entre la volonté, le développement d’une histoire à vocation scientifique et une histoire très politique. Les historiens méthodiques croient que les faits sont le résultat d’une chaine de causes et de conséquences. En cela, l’histoire se rapprocherait des sciences. Selon eux, il y a des causes profondes, des causes immédiates, le déroulé de l’événement et les conséquences. Au final, l’histoire serait un enchainement de faits. Cette manière de faire l’histoire s’appuie alors sur des documents officiels. L’histoire méthodique est alors extrêmement liée à la politique et elle est instrumentalisée, tournée dans un sens patriotique. Cette manière de concevoir l’histoire, si elle pose les bases de la méthode historique, est pourtant rapidement remise en question. Le déclin du positivisme à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle La contestation du positivisme historique Dès les années 1890-1910, l’histoire méthodique est critiquée. Certains dénoncent son culte de l’objectivité tandis que d’autres lui reprochent son enracinement dans le particulier et l’individuel. Comme pour la diffusion du courant, la contestation est d’abord visible en Allemagne, notamment à travers l’historien Karl Lamprecht (1856-1915). Ces critiques trouvent ensuite un écho en France, où l’on publie les articles des historiens allemands qui dénoncent la méthode historique. Par exemple, la Revue de Synthèse historique d’Henri Berr, reprend et publie les critiques allemandes. Le philosophe français Henri Berr (1863-1954) identifie deux débats fondamentaux concernant la remise en cause du positivisme en histoire. Le premier débat vient de Lamprecht et est développé dans les années 1890. Henri Berr le définit « par la lutte entre l’ancienne conception individualiste et une nouvelle conception collectiviste de l’histoire ». Le second débat, développé un peu plus tard, porte sur le risque de revenir « à la philosophie de l’histoire ». Il manifeste plutôt une réserve face aux théories allemandes. Henri Berr a également influencé les historiens de l’École des Annales, Marc Bloch et Lucien Febvre. En plus de cette critique développée par un philosophe, l’École méthodique est aussi mise à mal par les partisans de Durkheim et la sociologie. Le sociologue Émile Durkheim (1858-1917) a le projet de faire de la sociologie une science à part entière. Pour cela, il propose de traiter « les faits sociaux comme des choses » et en les séparant des individus. Selon lui, « la mentalité des groupes n’est pas celle des individus ». Durkheim estime alors que l’histoire et la sociologie sont des disciplines liées. L’histoire doit s’intégrer dans la sociologie. Le sociologue et économiste François Simiand (1873-1935) a notamment été influencé par les idées de Durkheim. Dans son article « Méthode historique et science sociale » publié dans la Revue de Synthèse historique, Simiand s’attache à « détruire les idoles de la tribu des historiens ». Cela permet de critiquer l’École méthodique. Selon lui, on voit en histoire une prédominance critique de l’histoire politique. Il s’oppose à l’histoire-bataille, qui fait le récit des grands hommes. Il parle de « l’idole politique ». Pour Simiand, il est nécessaire de passer à l’histoire-problème. C’est ce qu’entreprendra l’École des Annales. Ensuite, il dénonce le rôle de l’acteur en histoire, qui est valorisé. C’est « l’idole individuelle ». Il est contre le principe de faire l’histoire des grands hommes. Il pense qu’il faut détruire le primat accordé aux dirigeants pour s’intéresser aux grandes évolutions économiques et sociales. Enfin, il critique la chronologie à travers « l’idole chronologique ». Selon lui, le temps de l’histoire n’est pas un continuum, il y a des moments de rupture. Pour Simiand, il ne faut pas supprimer la chronologie car c’est ce qui fait la spécificité de l’histoire. Il ne faut donc pas l’abandonner, mais il faut trouver des périodes. Tout cela repose sur une méthode réfléchie et critique. Ce que faisaient les méthodiques était une histoire empirique. Il faut aller contre ce principe et développer des interprétations historiques. Simiand estime que c’est une erreur de penser que tout s’explique par la recherche des causes. Il s’oppose totalement à Charles Seignobos. Simiand dit que les « préceptes spéciaux de l’histoire énoncés par Seignobos n’existent pas » et « non sans doute comme discipline auxiliaire et groupement de matériaux, mais comme une science autonome qui serait complète par elle-même, l’histoire n’a pas sa raison d’être et est destinée à disparaitre ». Ainsi, il s’attache à critique la volonté de Seignobos de rapprocher l’histoire à une science. La place institutionnelle dominante de la discipline historique est remise en cause. Finalement, les historiens méthodiques sont largement critiqués. Selon leurs opposants, ils représentent une histoire à proscrire, trop sûre de ses faits, trop impliquée dans la glorification de la nation ou encore trop proche de la politique. Les méthodiques sont critiqués pour leur conception déterministe de l’histoire. En comparant les causes, ils disent qu’il y a une répétition de l’histoire. Les mêmes causes produiraient les mêmes effets. On observe un tournant avec la critique et le renouveau de l’École des Annales. Le tournant de l’école des Annales En 1929, Marc Bloch (1886-1944) et Lucien Febvre (1878-1956) fondent l’École des Annales à travers la revue Annales d’histoire économique et sociale. Cette école domine la scène de l’histoire de la fin des années 1920 aux années 1980. Elle provoque une rupture dans la manière de penser et faire l’histoire. Bloch et Febvre s’inspirent de l’essor de la sociologie pour relativiser et critiquer l’histoire des faits. Leur but est de renouveler l’histoire. Ils poussent à s’ouvrir aux autres matières, aux autres disciplines. Ils veulent du décloisonnement. Par exemple, Marc Bloch a écrit les Rois thaumaturges en s’inspirant d’une méthode anthropologique. Il expose le métier d’historien et prend ses distances avec l’École méthodique. Il accorde encore une grande place à l’érudition et à la connaissance historique. De son côté, dans son article « Sur une forme d’Histoire qui n’est pas la nôtre. L’histoire historisante » sorti dans la revue Annales, Lucien Febvre provoque une rupture avec l’École méthodique, qu’il critique violemment. Avec les Annales, on change de conception de ce qu’est l’histoire. Au niveau de la méthode, il y a une révolution épistémologique. Pour les historiens méthodiques, l’histoire historisante consiste à travailler et reconstituer les faits. Pour eux, l’histoire part des traces, des sources. Dans ce texte, Lucien Febvre rejette les postulats, c’est-à-dire les concepts sur lesquels s’est construite l’histoire méthodique. Il critique cette manière de faire l’histoire, qui s’est construite sur de fausses idées. « Mais, établir les faits, puis les mettre en œuvre : voilà une de ces formules claires qui laissent anxieux, et pantois, tous les esprits curieux… ». Selon les historiens méthodiques, la méthode repose sur le fait de partir de l’établissement des faits pour arriver à la synthèse. En réalité, l’établissement en soi des événements est un processus critique. Il n’existe pas de fait en soi. Il écrit « qu’appelez-vous les faits. […] Les faits, pensez-vous qu’ils sont donnés à l’histoire comme des réalités substantielles, que le temps a enfoui plus ou moins profondément, et qu’il s’agit simplement de déterrer, de nettoyer, de présenter en belle lumière à vos contemporains ? ». Febvre dénonce cela et critique les historiens de l’École méthodique. Pour lui, les faits sont créés par les historiens à partir d’un questionnement. L’historien est là pour donner un sens au fait à travers ses hypothèses. Il détruit les visions positivistes « nos aînés [disaient que] l’historien n’a pas le droit de choisir les faits », mais « en fait, l’histoire est un choix ». L’historien fabrique son objet, il ordonne les traces du passé. L’histoire devient un champ de controverse et il faut en accepter son caractère sélectif. L’homme est remis au centre de cette histoire. Finalement pour Febvre, élaborer un fait revient à le construire. Le fait n’est pas ce que l’historien va trouver. En histoire, on vit toujours sur les principes de l’École des Annales. Pour établir un fait, il faut critiquer le document. Le passé est interprété par l’historien selon une vision contemporaine. Il faut alors avoir une approche technique des documents et se passer de la théorie. L’événement est ainsi choisi, l’histoire est un questionnement, une problématique. L’histoire est construite à partir d’une question : « sans théorie préalable, sans théorie préconçue, pas de travail scientifique possible. […] La théorie est l’expérience même de la science ». L’historien se retrouve donc face à de nombreux faits. On appelle cela l’histoire-problème. Comme tout scientifique, il crée son objet à partir des traces du passé. Les historiens de l’École des Annales passent alors de l’histoire-bataille des méthodiques à l’histoire-problème, comme l’avançait déjà Simiand. L’École des Annales s’intéresse aussi à ceux dont on ne parle pas. Ce courant provoque donc une rupture en France et apporte le recul de l’histoire méthodique. Quelle vision des contemporains ? Le néopositivisme Le néo-positivisme, ou positivisme logique est une attitude philosophique définie à l’origine par un le Cercle de Vienne. Il est aujourd’hui largement diffusé, en particulier aux États-Unis, en Grande-Bretagne et dans les pays Scandinaves. Ce mouvement prend ses racines dans le positivisme d’Auguste Comte. Ce courant se développe en réaction des grandes philosophies post-kantiennes dominantes dans le monde germanique. Ce courant prend naissance à Vienne dans les années 1930. Il est le résultat d’une rencontre entre savants et philosophes. En présence des progrès éclatants de la physique entre 1905 et 1930, comparés au déroulement incertain de la philosophie contemporaine, ils estiment que l’âge scientifique n’a pas la philosophie qu’il mérite. Ces penseurs se réunissent dans le Cercle de Vienne. Il désigne un cercle philosophique appelé aussi « Association Ernst Mach » fréquenté par les principaux représentants viennois du mouvement néopositiviste. Le Cercle de Vienne est donc un mouvement philosophique qui prend parti pour la science et la raison tout en dénonçant par ailleurs la métaphysique et la philosophie spéculative qui prétendent connaitre le monde mais ne sont que les jeux de l’esprit. Le Cercle commence à se réunir à partir de 1925 sur l’initiative du philosophe et physicien allemand Moritz Schlick. Il est certain que le positivisme de Comte comme science positive c’est-à-dire : « qui ne cherche de certitude que dans les acquis des sciences et leur méthode bien comprise » a eu des répercussions sur les fondateurs du positivisme logique. Le positivisme logique renonce à donner des causes aux phénomènes et ne cherche qu'à donner des lois permettant de les décrire et de les prédire. Ceci rejoint la pensée d’Emmanuel Kant qui fait une claire distinction entre les phénomènes et les noumènes. Les premiers sont des faits autour de nous et donc ils sont intelligibles. Par contre, les seconds sont inintelligibles, c’est-à-dire inconnaissable à l’homme. C’est ici que se situe le dénominateur commun du positivisme logique et celui d’Auguste Comte. Le positivisme logique veut promouvoir « la conception scientifique du monde ». Celle-ci se définit par une double attitude vis-à-vis du discours philosophique : démasquer les problèmes dans lesquels la philosophie s’est enfermée, puis transforme ces problèmes en problèmes empiriques, par là même soumis au jugement de la science de l’expérience. L’ambition première et fondamentale du positivisme logique ou néo-positivisme est de refonder la science. En premier lieu, les néo-positivistes veulent rapprocher la philosophie et la science, en supprimant ce qui est pour eux un problème : la métaphysique. Ils proclament, en deuxième lieu, leur attachement à l’empirisme, c’est-à-dire à une philosophie qui attribue à l’expérience tout le contenu de notre savoir. Ils s’occupent enfin d’expliciter la fonction logique du langage, considéré comme source de tout l’aspect formel de nos connaissances. La principale nouveauté du Cercle de Vienne consiste dans son usage de la logique développée par Frege et Russell pour l'étude des problèmes scientifiques. La conception de la philosophie est ainsi radicalement modifiée, pour se concentrer sur l'épistémologie et la philosophie des sciences : tout le reste ne serait que des faux problèmes pour lesquels on ne peut attendre aucune solution scientifique. La philosophie doit être la « logique de la science », c'est-à-dire examiner les théories scientifiques, et en dégager les relations logiques. Elle doit montrer comment le langage d'observation constitué par les « propositions protocolaires », ou « énoncés observationnels », fournit les prémisses sur lesquelles on peut déduire les propositions scientifiques, ou théoriques. L’impulsion donnée par le néo-positivisme aux recherches logiques et épistémologiques est cependant frappante, indépendamment même de toute adhésion à une orientation philosophique. Le cadre qu’il fournit à une interprétation de la science est en effet beaucoup plus souple et ouvert que ne le croient ses détracteurs. Quant au rejet radical de la métaphysique initialement proclamé et à l’assimilation de la philosophie à une science positive, l’évolution postérieure montre qu’il est possible, en restant fidèle à l’essentiel de l’attitude néo-positiviste, d’en retenir seulement le principe et les moyens d’une démarcation rigoureuse du domaine de la pensée non scientifique. Le positivisme trouve donc sa source en philosophie avec les théories d’Auguste Comte en particulier. Ce courant repose principalement sur la foi en le progrès scientifique. Comte développe notamment la loi des trois états et fait une classification des sciences. Selon lui, chaque science doit suivre les trois états : théologique, métaphysique et positif. L’état positif est celui auquel on doit tendre, c’est le progrès. Ensuite, le philosophe explique que les sciences humaines doivent se construire selon l’observation, la méthode, la comparaison, puis par l’expérience. Comte considère également que l’histoire est au cœur de l’éducation et que la discipline historique conduit au culte de l’humanité. Au cours du XIXe siècle, le positivisme est introduit en histoire à travers Léopold von Ranke. L’histoire positiviste ou méthodique est certes influencée par la philosophie, mais elle s’en sépare également et devient autonome. Les historiens ont voulu assimiler l’histoire à une science objective, opposée à la foi et aux superstitions. L’analyse des documents et les faits sont au cœur de l’histoire. L’historien peut attester que quelque chose s’est produit car il en a la preuve, il a des documents. Il n’y a donc par d’histoire possible sans document. L’École méthodique se caractérise aussi par sa légitimation de l’histoire de France. Cela s’accompagne de la professionnalisation progressive des historiens, qui sont soutenus par le régime républicain. C’est aussi une histoire très politique. Tout cela est rapidement remis en cause par de nombreux historiens, mais aussi des sociologues telles que Simiand. Finalement, l’École des Annales marque une rupture et apporte le déclin et l’échec de l’histoire méthodique en France. Elle apporte l’idée d’une histoire totale, qui pourrait tout expliquer. Cette école rejette aussi l’idée selon laquelle l’histoire reposerait sur le point de vue d’une seule catégorie d’individus. Le positivisme est également critiqué en philosophie à travers le néopositivisme. C’est donc un héritage très critique vis-à-vis de l’École méthodique qui nous est parvenu. Malgré cela, on trouve encore des influences de l’histoire positiviste après le XIXe siècle et jusqu’à nos jours. Ranke irradie encore l’historiographie européenne et mondiale. Gabriel Monod est également utilisé pendant la première moitié du XXe siècle et aujourd’hui. Par ailleurs, Louis Halphen a écrit une Introduction à l’histoire en 1946. Il se place dans la continuité de Langlois et Seignobos. L’histoire positiviste a finalement apporté une méthodologie en histoire. Elle s’est imaginée comme une « science dure », comme une discipline qui a pensé qu’elle pouvait émettre des sortes de lois historiques. Cela est devenu le cadre, la manière dont on fait l’histoire car cela oblige à discriminer l’information, à l’authentifier avant de l’analyser. Cela reste un des fondements du travail historique aujourd’hui. Bibliographie et sitographie OUVRAGES GENERAUX : DELACROIX, DOSSE, GARCIA, Les courants historiques en France, XIXe – XXe siècle, Paris, Folio Histoire, 2007. PROST Antoine, Douze Leçons sur l’histoire, Paris, Histoire, 2014. OUVRAGES SPECIFIQUES : BOURDEAU Michel, Auguste Comte : science et société, Paris, Philosophie en cours, 2013. OUELBANI Mélika, Qu’est-ce que le positivisme ? Paris, Chemins Philosophiques, 2010. SITE INTERNET : LÉVY-DUMOULIN, « MÉTHODIQUE ÉCOLE, histoire », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 14 mars 2017. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/ecole-methodique-histoire/

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