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Preface Prevert

Publié le 21/05/2014

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prevert
« La poésie est le plus beau synonyme de la vie », a dit Prevert. En d'autres termes, la poésie est un art qui nous ouvre les yeux sur un monde que l'on croit connaître, que l'on aime, que l'on deteste. La poésie dit la vérité sur ce que l'on essaye parfois de cacher. Grâce a sa forme lyrique elle nous transporte vers des sentiments allant de l'euphorie a la revolte. Car dans certains cas, émouvoir et toucher son lecteur n'est pas le seul objectif du poète, il est parfois plus question de critique que d'estetique : ce qui est le propre de la poésie engagée. Toute sa vie, Jacques Prevert a temoigne d'un engagement politique et sincère ce qui est par ailleurs reflete dans la plupart de ses poèmes. Dans cette anthologie, nous tenterons de retracer les pensées, les valeurs et les idéaux de cet homme qui en a tant vu et tant vécu. Le lecteur pourra apprécier la qualité et la simplicité de ces vers mais aussi le cri de revolte qu'ils cachent, car en réalité ici, il ne s'agit pas de plaire mais plutôt de degouter.Ne en 1900, Prevert a connu les deux grandes guerres mondiales, un monde sans cesse en conflit, un conflit qui le degoute et le revolte. C'est d'ailleurs ce qu'il décrit dans le premier poème de notre anthologie : « Le temps des noyaux », ou selon lui le temps révolu de l'engagement militaire. En tant que fervent antimilitariste, Prevert interpelle brutalement les générations passées, et s'ecrit : « c'est fini ». Ces mots d'indignation dévoilent la vérité sordide et presque morbide de parents se « congratulant » face au meurtre de leurs enfants. Se sont ces memes parents qui au nom de la « patrie » ont « laisse glisser dans la boue tricolore » leurs « petits ». En lisant ces vers, le lecteur pourra ressentir un réel sentiment de mal-etre qui se transforme petit a petit en haine. Agressif, direct et ironique, le poete nous ouvre les yeux sur l'absurdite de l'engagement militaire. Ce poème poignant et choquant est rendu très authentique surement grâce au fait que Prevert a lui-meme vécu la guerre, ayant ete moblise en 1918. Ses paroles ne nous donnent qu'une envie : le suivre dans son élan de liberté pour enfin assister au « spectacle (qui) va commencer ». En plus de refléter les pensées politiques du poète, sa dénonciation est universelle et atemporelle, puisque pres de vingt ans plus tard, on retrouve ce sentiment de revolte et d'absurdite notamment a travers le mouvement des « Hippies », en réaction a la Guerre du Viet Nam. Nous avons choisi dans cette anthologie de faire ressortir l'aspect destructeur et pervers du conflit guerrier qu'expose Prevert. En mêlant un poème d'amour a un cri de colère, ce dernier nous revele dans son poème intitule Barbara, un spectacle desespere dans lequel la mort est plus fort que l'amour. Ce récit fictif est cependant ancre dans une réalité historique, puisque Prevert se réfère aux 165 bombardements de la ville de Brest entre le 19 juin 1940 et le 18 septembre 1944. Le début du poème est nostalgique et nous est presente comme une chanson populaire, le poète s'adressant directement a « Barabara ». D'ailleurs, Prevert joue avec son lecteur, ce que l'on voit notamment au choix du titre qui en effet nous donne l'illusion qu'il s'agit d'une déclaration d'amour ou d'une expression du sentiment de nostalgie amoureuse. Neanmoins, le lecteur sera surpris par la chute de ces vers. Alors qu'autrefois la pluie était « sage et heureuse », elle s'est transformée en pluie « de fer de feu d'acier de sang », et cela par la guerre. « Quelle conerie la guerre ». Ici, le but est de montrer aux lecteurs les ravages de la guerre et de leur faire ressentir cette souffrance, cette douleur face au bonheur perdu et a l'amour mort. Alors que la guerre fait irruption dans le bonheur amoureux, le poète s 'indigne contre tant de violence. Prevert emploie le langage familier voire l'argot ce qui traduit son impuissance a décrire tant d'horreurs, et insiste d'autant plus sur l'aspect pathétique ainsi que polemique de la situation. A couper le souffle, ce poème nous transporte de l'intimite d'un couple heureux, a l'attrocite d'une guerre destructrice. Le fait de lier dans un meme texte les thèmes de l'amour et de la mort touche d'autant plus le lecteur sensible qui s'appercoit petit a petit qu'en temps de guerre, la mort a toujours le dernier mot. L'objectif d'un poème est de faire ressortir un sentiment, quel qu'il soit, et ici nous avons tente de choisir plusieurs poèmes, tous diriges vers le meme thème de revolte, mais suscitant des émotions et des sentiments divers. Si nos deux premiers poèmes créent d'une part un sentiment de haine et d'autre part un sentiment de désespoir pessimiste, le troisième a pour but premier de susciter le degout et la peur du lecteur ce qui une fois de plus le pousse a l'indignation. L'ordre nouveau, est presente sous la forme d'une histoire, d'un récit. Le lecteur plonge « in medias res » se retrouve au sein meme d'une scène de meurtre. C'est une jeune femme qui est victime d'un nazi. La description bestiale du soldat suscite un sentiment de degout profond qui est accentue par l'opposition avec la jeune femme. Le poète joue sur les images pour faire en sorte que le lecteur s'imagine la scène. Ce sont donc ces memes images cauchemardesques qui hante le lecteur, et cree chez lui un sentiment de revolte sans precedent. Ce texte temoigne de la puissance des mots, et plus particulièrement de la force du langage poetique, qui en une quarentaine de vers parvient a former dans les esprits des lecteurs un epouventable film d'horreur.

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