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Les Italiens sont les meilleurs juges de ce qui leur convient et ce n'est pas à moi, issu de l'élection populaire, de prétendre peser sur les décisions d'un peuple libre.

Publié le 31/10/2013

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Les Italiens sont les meilleurs juges de ce qui leur convient et ce n'est pas à moi, issu de l'élection populaire, de prétendre peser sur les décisions d'un peuple libre. « C'est vrai qu'il n'avait annoncé comme objectif de la France que l'indépendance de l'Italie et qu'il récolta son unité. Beaucoup lui en font le reproche : les faits n'ont pas seulement déjoué ses prévisions, ils ont aussi, croiton généralement, contredit ses espérances. Disant cela, on est sans doute victime d'un effet d'optique. Que Louis Napoléon n'ait pas cru à la probabilité de l'unité, c'est certain, qu'il l'ait subie avec regret, c'est beaucoup plus douteux. Une Italie unifiée par les armes de la France n'eût pas été plus rétive à une alliance et à une protection françaises que la fédération à laquelle il avait songé... En fait, Louis Napoléon traînait depuis 1849 le boulet romain et ne pouvait décemment opter pour une solution préjudiciable au pape, option qui lui aurait aliéné les catholiques français. Au fond de lui, il n'avait rien contre une Italie unie. Même si, on l'a constaté, il a tenu des propos contraires ; propos officiels, imposés par les circonstances et les contraintes de l'heure. Mais quand, après la victoire de Magenta, dans une proclamation aux Italiens, il avait laissé parler son coeur, son discours n'était pas du tout le même : « Mon armée ne s'occupe que de contenir vos ennemis et de maintenir l'ordre intérieur. Elle ne mettra aucun obstacle à la manifestation de vos voeux légitimes. Volez sous les drapeaux du Roi Victor-Emmanuel. Ne soyez, aujourd'hui, que soldats, demain vous serez citoyens libres d'un grand pays. « La guerre d'Italie a laissé souvent une impression d'inachevé, voire un goût d'amertume. Louis Napoléon aura été, du fait des circonstances, victime d'une terrible ingratitude. En vérité, l'Italie lui doit son existence. Sans lui, elle n'aurait ni construit son unité, ni même gagné son indépendance. *** Si l'affaire italienne prête à controverses, l'expédition au Mexique n'en suscite à peu près aucune : elle est considérée quasi unanimement comme une lourde faute de Louis Napoléon, probablement comme la pire, car la moins compréhensible. Un repli sans gloire, un souverain présumé fantoche indûment installé puis abandonné à un sort tragique, des pertes inutiles : bref, un bilan accablant, au vu duquel on s'est autorisé non seulement à déclarer l'entreprise folle mais encore à prétendre qu'elle procédait de la plus malencontreuse des mégalomanies. Pis encore : en parlant à son propos de « la grande idée du règne «, Rouher eut un mot malheureux qui ouvrait largement les chemins de la dérision. L'affaire appelle un jugement autrement nuancé. Le projet n'était pas si fou. Il procédait même d'une analyse fort intelligente et dénotait une capacité, qui inspire le respect, à profiter au mieux de circonstances favorables. Au demeurant, n'oublions pas que la France ne fut pas seule à intervenir au Mexique. Elle y alla avec l'Angleterre et l'Espagne, sans parler des contingents symboliques de la Belgique... et de l'Égypte. Le tort de ouis Napoléon fut d'accepter d'être seul, finalement, à prendre le risque de tirer les marrons du feu. e prétexte de l'intervention des trois nations est connu : la suspension du remboursement des rentes de l'État mexicain, qui lésait de très nombreux prêteurs européens. En fait, il y avait bien longtemps que les créanciers n'étaient plus payés. Mais, à l'occasion du retour au pouvoir, en 1861, de Benito Juarez, le non-remboursement tait devenu la doctrine officielle. e grief n'était pas le seul. Le sort des étrangers vivant au Mexique -- outre les Américains, on y comptait de ombreux Espagnols, Anglais et Français occupant une place importante dans le négoce -- se dégradait de jour en jour: illages, extorsions de fonds, viols devenaient le lot quotidien et les poussaient à réclamer l'intervention de leurs ouvernements. Depuis quelque temps déjà, l'idée d'une telle intervention cheminait. Outre la pression de leurs ationaux, les pays concernés subissaient aussi celle de certains Mexicains. oujours est-il qu'en 1860 lord John Russell proposa à la France, au nom de l'Angleterre, que les deux pays nterviennent de concert en vue de promouvoir un gouvernement stable, plus respectueux du droit des gens... t qui paierait ses dettes. Au début, les Anglais pensaient pouvoir compter aussi sur les Américains, mais la uerre civile qui éclate alors aux États-Unis fait vite renoncer à leur concours. l y aura quand même un troisième partenaire: l'Espagne, sollicitée à la demande expresse de Louis Napoléon ui, lors de la signature de l'accord tripartite d'octobre 1861, peut s'estimer satisfait: il refait cause commune vec l'Angleterre -- ce qui, après une période de relâchement de leurs relations, peut paraître porteur d'avenir; l a ménagé un rôle à l'Espagne, initiative dont il est en droit d'espérer d'utiles retombées concernant le enforcement de la présence économique française dans la péninsule ibérique. l est clair que Louis Napoléon n'engage pas la France dans une telle expédition pour ces seules raisons ou our la satisfaction de quelques prêteurs récupérant leurs créances. L'empereur pense en termes de éopolitique. Il n'a pas oublié son étude sur l'hypothèse d'un canal coupant l'isthme de Panama, avec la constitution d'un gigantesque entrepôt. Il s'ouvre de ses projets dans une lettre à Palmerston, où il lui explique comment il envisage de participer à l'exploitation des immenses ressources du Mexique. Pour comprendre ce qu'était sa vision des choses, le mieux est encore de lui céder la plume. Un texte, écrit un peu plus tard, nous livre le fond de sa pensée: « Dans l'état actuel de la civilisation du monde, la prospérité de l'Amérique n'est pas indifférente à celle de l'Europe, car c'est elle qui alimente notre industrie et fait vivre notre commerce. Nous avons intérêt à ce que la République des États-Unis soit puissante et prospère, mais nous n'en avons aucun à ce qu'elle s'empare de tout le golfe du Mexique, domine de là les Antilles et l'Amérique du Sud et soit la seule dispensatrice des produits du Nouveau Monde. Maîtresse du Mexique, et, par conséquent de l'Amérique Centrale et du passage entre les Deux-Mers, il n'y aurait plus désormais d'autre puissance en Amérique que celle des Etats-Unis. Si, au contraire, le Mexique conquiert son indépendance et maintient l'intégrité de son territoire, si un Gouvernement stable s'y constitue par les armes de la France, nous aurons posé une digue infranchissable aux empiètements des États-Unis, nous aurons maintenu l'indépendance de nos colonies des Antilles et celles de l'ingrate Espagne : nous aurons étendu notre influence bienfaisante au Centre de l'Amérique et cette influence rayonnera au Nord comme au Midi, créera des débouchés immenses à notre commerce et procurera les matières indispensables à notre industrie. « L'analyse était-elle si sotte? L'intention manquait-elle de générosité? Le dessein péchait-il par incohérence? Ce n'est pas si sûr. La situation des États-Unis, empêtrés dans leur conflit intérieur, et par là contraints de renoncer provisoirement à une application jalouse de la doctrine de Monroe, créait une exceptionnelle occasion d'agir. Le Mexique était en état de décomposition avancée et son histoire récente se résumait à celle d'un dépeçage systématique par son puissant voisin qui avait annexé, au cours des années précédentes, le Texas, la Californie et le NouveauMexique. Entre 1821 et 1850, le Mexique n'avait pas consommé moins de quarante-six chefs d'État et connu les régimes les plus divers, ce qui n'était pas la meilleure manière de résister aux appétits américains. Enfin certaines forces locales exprimaient leur lassitude devant la situation d'anarchie du pays, tandis que l'État anticlérical et xénophobe créé par Juarez, aux méthodes expéditives, ne paraissait que peu susceptible d'obtenir le consensus nécessaire. Quant à l'idée du profit à tirer d'un meilleur équilibre entre l'influence des États-Unis et celle des pays européens en Amérique centrale, elle semblait, comme on dit, tenir la route. C'est bien ainsi que la jugeaient les Anglais qui, s'ils n'étaient pas décidés à y travailler directement, étaient tout prêts à en profiter, le moment venu. Palmerston le confie à lord Russell: « Quant à son idée de Monarchie, s'il pouvait la faire prévaloir, cela serait un grand bénéfice pour le Mexique et un bienfait pour tous les pays qui ont affaire avec le Mexique. Ce projet arrêterait aussi les Nord-Américains soit des États fédéraux ou confédérés dans leur tentative d'absorber le Mexique. Si le Nord et le Sud sont vraiment désunis et si on peut en même temps transformer le Mexique en Monarchie prospère, je ne connais pas de solution qui serait plus avantageuse pour nous. « Très vite pourtant, il s'avère que l'affaire est appelée à mal tourner. Ses objectifs vont paraître rapidement suspects aux yeux de l'opinion nationale et internationale; car l'opération sent la magouille financière, mal camouflée sous des dehors humanitaires. Les 10 millions de dettes dont on avait évoqué officiellement la récupération sont subrepticement devenus 60 ! Pis encore : s'y rajoutent 75 millions, prétendument dus au financier suisse Jecker, créance que contestent les Anglais, le prêt -- dont le montant est d'ailleurs sujet à discussion -- ayant été en réalité consenti personnellement à l'ancien président Miramon. En fait, Morny est passé par là. On prétend qu'il aura droit à 30 p. 100 des sommes remboursées. Il ne ménage bien sûr aucun effort pour en obtenir le paiement. L'effet produit est évidemment désastreux et la légitimité de l'intervention s'en trouve irrémédiablement affectée. Quant à l'accueil du milieu local, qu'on supposait très favorable, il est beaucoup moins chaleureux que prévu. Si l'on imaginait pour les soldats alliés l'avance triomphale d'une armée de libération, on va vite être déçu. Il y a loin entre les descriptions fallacieuses des envoyés mexicains et la réalité... L'appui monarchiste dont on attendait monts et merveilles fait totalement défaut. Très vite, Saligny, représentant de la France auprès du corps expéditionnaire, s'en ouvre à Louis Napoléon: « J'ai, Sire, la profonde conviction que dans ce pays les hommes à sentiments monarchiques sont très peu nombreux [...j. Depuis deux mois que les drapeaux alliés flottent sur Veracruz, et aujourd'hui que nous occupons les villes importantes d'Orizaba, Cordoba, Tehuacan, dans lesquelles n'est restée aucune force mexicaine, ni les Conservateurs ni les Monarchistes n'ont fait la moindre démonstration qui pût montrer aux Alliés qu'ils existent. « Il sera facile à Votre Majesté de conduire le Prince Maximilien à la capitale et de le couronner Roi [...]. Mais ce Monarque n'aura rien pour le soutenir le jour où l'appui de votre Majesté viendra à lui manquer. « Enfin, l'armée va rencontrer les pires difficultés, dans ce pays au terrain difficile et à peu près inconnu. Lorsque le général Forey sera ultérieurement nommé commandant en chef, on découvrira qu'il n'a même pas une carte du Mexique! Et Louis Napoléon écrira au maréchal Randon : « J'ai donné à Forey la seule carte du Mexique que j'avais; faites-la copier et lithographier, puis renvoyez-la moi. « Cette impréparation est d'autant plus regrettable que les troupes françaises vont très vite se retrouver seules. A partir de Veracruz, le corps expéditionnaire franco-anglo-espagnol a fait mouvement vers Cordoba, Tehuacan et Orizaba. Dès lors que cette démonstration de force suffit à convaincre Juarez de signer un accord pour le paiement de leurs nationaux, les Anglais décident aussitôt de rembarquer et convainquent les Espagnols de les imiter. Pour les Français, les choses se présentent d'autant plus mal que Juarez a également passé un accord avec les Américains qui, en échange de nouvelles concessions territoriales, vont lui fournir armes et argent. A cause de renseignements erronés -- Saligny est le seul à avoir discerné la vérité de la situation -- Louis Napoléon décide de ne pas abandonner son projet, qui consiste à établir l'archiduc Maximilien, frère de l'empereur d'Autriche, sur un trône qu'on va créer pour la circonstance. Son ignorance du Mexique -- l'ignorance générale -- est vertigineuse: ainsi pensait-il que Puebla était une bourgade, alors qu'elle compte quatre-vingt mille habitants. Il faudra un premier échec puis soixante-deux jours de siège pour prendre la ville et ouvrir la route de Mexico. Juarez ayant abandonné la capitale, on peut se donner l'illusion du succès. Forey en fait un compte rendu lyrique : « Sire, les soldats de la France ont été littéralement écrasés sous les couronnes et les bouquets [...]. La rentrée des troupes après la campagne d'Italie peut seule donner l'idée d'un pareil triomphe. « Pourtant, Louis Napoléon, si loin soit-il, sent bien que l'affaire commence à sentir le roussi. Et il entreprend de chercher une solution politique qui ne serait pas forcément celle à laquelle il avait initialement songé. Il donne donc pour instruction à Forey de procéder à un virage à cent quatre-vingts degrés et de rechercher, le cas chéant, une solution politique avec tel ou tel partisan de Juarez -- voire, pourquoi pas, avec Juarez lui-même. a dépêche ne laisse aucun doute à cet égard. Le commandant en chef est invité à chercher « un nom capable de rallier les partis opposés, même s'il fallait faire appel à l'un des chefs qui, trompés par leur patriotisme, seraient aujourd'hui dans les rangs de nos adversaires «. 'est, effectivement, une bonne façon de se sortir de ce guêpier. Mais les circonstances vont en décider utrement et le piège va se refermer... Il est déjà trop tard: les instructions de Louis Napoléon vont mettre plusieurs semaines pour parvenir à leur destinataire. Entre-temps, Forey et Saligny ont déjà proclamé la monarchie. Saligny -- qui va d'ailleurs être rappelé -- n'a déjà plus l'esprit critique qui lui avait fait déceler les dangers de l'affaire. Comme tous les autres responsables français sur place -- et Bazaine en sera l'exemple typique -- il est atteint de cet étonnant syndrome qui, cent ans plus tard, fera encore des ravages en Algérie : celui d'hommes capables, à Paris, de raisonner froidement, d'analyser objectivement une situation, et qui, une fois sur place, se laissent progressivement, insensiblement contaminer par le milieu au point d'en devenir les porteparole et les instruments, d'en oublier le sens de leur mission et les intérêts de leur pays. Du fait de l'éloignement, le phénomène est sans doute encore plus fort au Mexique. L'exotisme du lieu ensorcelle littéralement certains dignitaires français, qui en perdent toute raison. Plus d'un s'imagine en vice-roi. En attendant, on vit dans la munificence. Bazaine, qui a remplacé Forey, est le plus atteint. Malgré ses cinquante-quatre ans, il épouse une jeunesse locale de dix-huit ans, s'installe avec elle dans un palais, se plonge dans le luxe et s'adonne à l'intrigue. C'est de ces hommes que Louis Napoléon va tenir ses informations. Ces hommes qui vont jouer un jeu aussi personnel qu'insensé. Un exemple parmi d'autres: Louis Napoléon, fidèle à une ligne de conduite dont il ne se départira jamais, veut que l'installation de Maximilien soit subordonnée à un plébiscite : le suffrage universel, encore et toujours. Nul ne prend la peine de lui expliquer qu'au Mexique, cette exigence est absurde. Non seulement il n'y a pas de listes électorales, mais il n'y a même pas d'état civil! Qu'à cela ne tienne: Bazaine procède à une consultation auprès des maires, des magistrats, des notables et expédie le tout à Paris, qui s'en contentera et croira à l'adhésion populaire ! Voilà pour le plébiscite... En juin 1864 -- après que, pendant les mois précédents, on eut signé une convention financière et lancé un emprunt en faveur du nouvel État --, Maximilien, qui n'est certes pas un mauvais bougre, veut s'affranchir de la tutelle du clergé et des conservateurs. Il s'oppose à la restitution des biens de l'Église, et entreprend une réforme de l'armée, nécessaire mais fort mal ressentie. Du coup, il se met à dos ses seuls soutiens. Pour comble d'infortune, la fin de la guerre civile américaine favorise le passage de la frontière par des bandes 'anciens soldats qui vont renforcer la guérilla. n 1866, Louis Napoléon se décide à arrêter les frais. Tout en feignant de considérer comme atteints ses bjectifs économiques et commerciaux, il envisage pour la première fois, très clairement, un désengagement:

« constitution d'ungigantesque entrepôt. Il s'ouvre deses projets dansunelettre àPalmerston, oùillui explique comment ilenvisage departiciper à l'exploitation desimmenses ressources duMexique.

Pourcomprendre cequ'était savision deschoses, le mieux estencore deluicéder laplume.

Untexte, écritunpeu plus tard, nous livrelefond desapensée: « Dans l'étatactuel delacivilisation dumonde, laprospérité del'Amérique n'estpasindifférente àcelle de l'Europe, carc'est ellequialimente notreindustrie etfait vivre notre commerce.

Nousavons intérêt àce que la République desÉtats-Unis soitpuissante etprospère, maisnous n'enavons aucun àce qu'elle s'empare de tout legolfe duMexique, dominedelàles Antilles et l'Amérique duSud etsoit laseule dispensatrice desproduits duNouveau Monde.Maîtresse duMexique, et, par conséquent del'Amérique Centraleetdu passage entrelesDeux-Mers, iln'y aurait plusdésormais d'autre puissance enAmérique quecelle desEtats-Unis.

Si,aucontraire, leMexique conquiert sonindépendance et maintient l'intégritédeson territoire, siun Gouvernement stables'yconstitue parlesarmes delaFrance, nous aurons poséunedigue infranchissable auxempiètements desÉtats-Unis, nousaurons maintenu l'indépendance denos colonies desAntilles etcelles del'ingrate Espagne :nous aurons étendu notreinfluence bienfaisante auCentre del'Amérique etcette influence rayonnera auNord comme auMidi, créera des débouchés immensesànotre commerce etprocurera lesmatières indispensables ànotre industrie.

» L'analyse était-ellesisotte? L'intention manquait-elle degénérosité? Ledessein péchait-il parincohérence? Ce n'est passisûr. La situation desÉtats-Unis, empêtrésdansleurconflit intérieur, etpar làcontraints derenoncer provisoirement à une application jalousedeladoctrine deMonroe, créaituneexceptionnelle occasiond'agir.LeMexique était en état dedécomposition avancéeetson histoire récente serésumait àcelle d'undépeçage systématique par son puissant voisinquiavait annexé, aucours desannées précédentes, leTexas, laCalifornie etleNouveau- Mexique.

Entre1821et1850, leMexique n'avaitpasconsommé moinsdequarante-six chefsd'État etconnu les régimes lesplus divers, cequi n'était paslameilleure manièrederésister auxappétits américains.

Enfin certaines forceslocales exprimaient leurlassitude devantlasituation d'anarchie dupays, tandis quel'État anticlérical etxénophobe crééparJuarez, auxméthodes expéditives, neparaissait quepeususceptible d'obtenir leconsensus nécessaire.

Quantàl'idée duprofit àtirer d'un meilleur équilibre entrel'influence des États-Unis etcelle despays européens enAmérique centrale,ellesemblait, commeondit, tenir laroute. C'est bienainsi quelajugeaient lesAnglais qui,s'ils n'étaient pasdécidés àytravailler directement, étaienttout prêts àen profiter, lemoment venu.Palmerston leconfie àlord Russell: «Quant àson idée deMonarchie, s'il pouvait lafaire prévaloir, celaserait ungrand bénéfice pourleMexique etun bienfait pour tous lespays quiont affaire avecleMexique.

Ceprojet arrêterait aussilesNord-Américains soitdes États fédéraux ouconfédérés dansleurtentative d'absorber leMexique.

SileNord etleSud sont vraiment désuniset si on peut enmême tempstransformer leMexique enMonarchie prospère,jene connais pasdesolution qui serait plusavantageuse pournous.

» Très vitepourtant, ils'avère quel'affaire estappelée àmal tourner.

Sesobjectifs vontparaître rapidement suspects auxyeux del'opinion nationale etinternationale; carl'opération sentlamagouille financière, mal camouflée sousdesdehors humanitaires.

Les10millions dedettes dontonavait évoqué officiellement la récupération sontsubrepticement devenus60!Pis encore :s'y rajoutent 75millions, prétendument dusau financier suisseJecker, créance quecontestent lesAnglais, leprêt —dont lemontant estd'ailleurs sujetà discussion —ayant étéenréalité consenti personnellement àl'ancien président Miramon.

Enfait, Morny est passé parlà.On prétend qu'ilaura droità30 p.100 dessommes remboursées.

Ilne ménage biensûraucun effort pourenobtenir lepaiement.

L'effetproduit estévidemment désastreuxetlalégitimité del'intervention s'en trouve irrémédiablement affectée. Quant àl'accueil dumilieu local,qu'on supposait trèsfavorable, ilest beaucoup moinschaleureux queprévu.

Si l'on imaginait pourlessoldats alliésl'avance triomphale d'unearmée delibération, onvavite être déçu.

Ilya loin entre lesdescriptions fallacieusesdesenvoyés mexicains etlaréalité...

L'appuimonarchiste donton attendait montsetmerveilles faittotalement défaut.Trèsvite,Saligny, représentant delaFrance auprèsdu corps expéditionnaire, s'enouvre àLouis Napoléon: « J'ai, Sire, laprofonde conviction quedans cepays leshommes àsentiments monarchiques sonttrèspeu nombreux [...j.Depuis deuxmoisquelesdrapeaux alliésflottent surVeracruz, etaujourd'hui quenous occupons lesvilles importantes d'Orizaba,Cordoba,Tehuacan, danslesquelles n'estrestée aucune force mexicaine, niles Conservateurs niles Monarchistes n'ontfaitlamoindre démonstration quipût montrer aux Alliés qu'ilsexistent. « Ilsera facile àVotre Majesté deconduire lePrince Maximilien àla capitale etde lecouronner Roi[...].

Mais ce. »

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