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Les oeuvres d'art courent des risques de dégradation et subissent immanquablement les atteintes du temps.

Publié le 06/12/2013

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Les oeuvres d'art courent des risques de dégradation et subissent immanquablement les atteintes du temps. Conserver le patrimoine va de pair avec un effort constant de restauration. Au cours des dernières années, la réflexion sur la restauration des oeuvres a beaucoup progressé ; une philosophie s'est forgée, des spécialistes se sont formés, les techniques les plus sophistiquées sont employées. Cependant, malgré ces aspects scientifiques, la sensibilité constitue une part essentielle du travail de restauration. La restauration est l'intervention visant à remettre en état un édifice ou une oeuvre d'art. Si le mot est « moderne », ainsi que l'écrivait Eugène Viollet-le-Duc en 1869, la pratique de la restauration remonte à la plus haute Antiquité (fresques), mais on ne peut la définir aujourd'hui sans évoquer l'opération indispensable à la survie des objets : la conservation. Cette dernière consiste, par des soins préventifs et curatifs mineurs, à préserver les oeuvres d'art de la destruction. La restauration demande, quant à elle, des interventions profondes et délicates. D'une part, elle nécessite la réparation, à la suite de graves accidents, d'un bâtiment, d'un meuble ou d'un instrument de musique endommagé, de sorte que celui-ci puisse être non seulement « sauvé », mais utilisé à nouveau. D'autre part, à l'inverse de la conservation, elle prend en compte le contenu artistique de l'oeuvre. Elle doit donc satisfaire à son esthétique afin de lui redonner son unité et sa lisibilité : lorsqu'elles sont importantes, les lacunes de la couche picturale d'un tableau font que ce dernier n'est plus qu'un document, un vestige du passé ; aussi ces lacunes sont-elles « comblées » par des retouches, de sorte que la peinture retrouve son pouvoir émotionnel. Les choix difficiles du restaurateur La restauration doit tenir compte des diverses modifications qui affectent non seulement l'aspect de l'oeuvre, mais également sa signification. Doit-on conserver les draperies posées par Daniele da Volterra sur les nudités du Jugement dernier de la chapelle Sixtine de Michel-Ange et qui rendent, selon la volonté du pape Pie IV, ce décor religieux plus conforme aux prescriptions de la Contre-Réforme ? Ou bien doit-on nettoyer totalement une oeuvre des interventions du passé, afin de la restituer dans un état proche de l'état originel, comme l'a fait la « dérestauration » récente des repeints effectués par Jean Alaux en 1852-1861, qui altéraient complètement les fresques du XVIe siècle du Rosso de la galerie François Ier de Fontainebleau ? Ainsi se pose le problème de la suppression de ces adjonctions, qui ont une réelle valeur archéologique et qui sont le témoignage historique du goût et de la sensibilité de l'époque à laquelle elles ont été effectuées. Quel qu'il soit, le parti adopté, toujours pris après une étude historique extrêmement poussée, reste discutable ; en dernier recours, selon la doctrine dite « critique » définie à Rome par Cesare Brandi après la Seconde Guerre mondiale, c'est la solution esthétique qui doit être retenue. Enfin, la restauration doit être réversible : son apport doit être aisément dissociable de l'oeuvre originale. Notons qu'à Rome, au XVIIe siècle, le peintre Carlo Maratti employait déjà des couleurs au pastel pour retoucher des tableaux. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Fontainebleau Pie - Pie IV Sixtine (chapelle) La restauration en architecture Au XVIe siècle, elle était synonyme de reconstruction, voire d'embellissement. Au XIXe siècle, Viollet-le-Duc (1814-1879) conçut la restauration sur un plan stylistique, en reconstituant les parties détruites d'un monument sur le modèle de celles qui subsistaient, figeant ainsi l'édifice dans une unité artificielle ; John Ruskin (1819-1900), en réaction contre l'architecte français, prôna une restauration romantique reposant sur la valeur poétique de la « ruine ». Quant à Luca Beltrami (1854-1933), il considérait que le restaurateur devait être un historien. La restauration en architecture se fonde aujourd'hui sur le principe de la reconnaissance de la valeur culturelle du monument, méthodologie inaugurée par Camillo Boito (1836-1914), développée par Gioavannoni et admise à partir de la conférence d'Athènes en 1931. Depuis la charte de Venise de 1964, la protection active et la sauvegarde des monuments sont étroitement associées à la restauration, qui ne peut s'effectuer sans prendre en considération le contexte culturel et social dans lequel le monument a été édifié. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats monument Ruskin John secteur sauvegardé Viollet-le-Duc Eugène-Emmanuel Les livres restauration - l'église Sainte-Croix de Bordeaux, page 4352, volume 8 restauration - l'église Sainte-Croix de Bordeaux, page 4352, volume 8 restauration - exemple de reconversion d'un bâtiment industriel du XIXe siècle, page 4353, volume 8 restauration - école régionale des beaux-arts et musée du Papier, à Angoulême, page 4353, volume 8 UNESCO - la restauration du temple de Borobudur à Java, achevée en 1982, page 5343, volume 10 Viollet-le-Duc - gravure exécutée par Viollet-le-Duc, page 5537, volume 10 Viollet-le-Duc - gravure exécutée par Viollet-le-Duc, page 5537, volume 10 La restauration en peinture En peinture, il s'agissait bien souvent, autrefois, de « rafraîchir » les oeuvres en les repeignant (le Polyptyque de l'Agneau mystique, exécuté en 1432 par Jan Van Eyck, fut ainsi restauré en 1556 par Jan Van Scorel et Lancelot Blondeel). Empirique pendant des siècles, effectuée grâce à des « tours de main » secrètement gardés, la restauration est de nos jours régie par trois règles fondamentales : la lisibilité de l'oeuvre, sa stabilité et la réversibilité des opérations effectuées. Elle s'attache au support (bois, toile, papier, cuivre, etc.), à la peinture elle-même (la préparation et les couches picturales) et aux vernis. Afin de remédier à la courbure des panneaux de bois, support le plus couramment utilisé par les peintres jusqu'à la Renaissance, diverses méthodes de redressement ont été utilisées, sans qu'aucune ne soit pleinement satisfaisante ; aussi la courbure acquise est-elle aujourd'hui conservée. Le rentoilage, pratiqué dès le XVIIe siècle, est encore fréquemment utilisé. Cette opération consiste à doubler la toile d'origine lorsque celle-ci a perdu de sa souplesse - ce qui provoque des craquelures dans la préparation - ou lorsqu'elle est déchirée ; lorsque la déchirure est petite, une pièce est collée au revers de la toile. La transposition, ou « transfert », qui consiste à remplacer le support original d'une oeuvre, auquel n'adhère plus la préparation de la couche picturale, n'est plus employée qu'en ultime recours, car elle est contraire à la règle de réversibilité. Cette opération, effectuée dès le XVIIe siècle en Italie, est apparue en France au XVIIIe siècle. La principale intervention concernant la préparation de la peinture est son refixage lorsque cette dernière se soulève. Les manques dans la couche picturale sont comblés par mastiquage, et la retouche, pratiquée selon diverses méthodes dont celles du rigattino et du trattegio mises au point par les Italiens, redonne l'unité chromatique de l'oeuvre : le traitement par hachures de couleurs primaires, visible de près, restitue de loin, par un mélange optique, le ton local. Les vernis, qui assurent la protection de la peinture, sont allégés afin d'amincir les couches successivement posées au cours des siècles, sans atteindre la couche picturale ; cette opération délicate, beaucoup plus difficile à réaliser que le dévernissage intégral (intervention irréversible), est sans danger pour la couche picturale et a l'avantage de conserver la patine qui est la marque du temps sur la peinture (le XVIe siècle appréciait particulièrement les vernis teintés qui donnent un aspect sombre aux tableaux). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats peinture - Les supports vernis Les livres restauration d'une peinture de l'école hollandaise, le Coq, d'Aert Schuman, page 4352, volume 8 restauration - refixage de la couche picturale et traitement du support, page 4354, volume 8 restauration - opération de rentoilage, page 4354, volume 8 restauration - nettoyage d'une peinture sur bois de l'école flamande, page 4354, volume 8 restauration du Coq, d'Aert Schuman (1743), page 4355, volume 8 La restauration en sculpture En sculpture, les artistes s'attachaient à redonner une intégrité aux oeuvres antiques mutilées et imaginaient ainsi des compléments aux parties manquantes ; ce fut le cas pour la restauration du groupe hellénistique du Laocoon, effectuée en 1534, qui donna un caractère baroque à l'oeuvre (cette restauration a été supprimée en 1960). Cette pratique fut de mise jusqu'au XIXe siècle, époque à laquelle une conception plus archéologique de la restauration vit le jour en Angleterre. La restitution des parties mutilées prévaut toutefois de nos jours dans certains cas, comme par exemple la Pietà, de Michel-Ange. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats L aocoon Michel-Ange (Michelangelo Buonarroti, dit) pietà Les livres archéologie - garniture de ceinture mérovingienne provenant d'une tombe située près d'Hayange (Moselle), page 323, volume 1 archéologie - statue romaine dite de « Pacatianus », page 324, volume 1 archéologie - reconstitution d'une poterie, page 324, volume 1 Une discipline de plus en plus scientifique La conservation et la restauration s'appuient sur la science, dont la recherche et les techniques d'examen jouent un rôle croissant. Des analyses physico-chimiques (fluorescence d'ultraviolets, radiations infrarouges, radiographie, activation, chromatographie, colorimétrie, diffraction des rayons X, spectrométrie, etc.) permettent d'éclairer la connaissance des matériaux et techniques employés par les artistes, de comprendre les causes et les processus d'altération, et donc, après l'établissement d'un diagnostic précis, de proposer des produits non nocifs et dont l'action est réversible, adaptés à chaque type d'opération. Une action concertée entre chercheurs, techniciens scientifiques et restaurateurs est effective dans des instituts spécialisés, créés à partir de 1935 et qui regroupent laboratoires de recherche et ateliers de restauration : l'Institut Courtauld à Londres, l'Istituto centrale del restauro de Rome, l'Institut royal du patrimoine artistique de Bruxelles, le Central Research Laboratory for Objects of Art and Science à Amsterdam. En France, le Laboratoire des musées de France travaille en collaboration avec les services de restauration des peintures des musées nationaux et des oeuvres des musées de province, installés dans la Petite Écurie du Roy à Versailles. Le laboratoire de recherche et les ateliers de traitement et de restauration des Monuments historiques à Champs-sur-Marne sont spécialisés dans cinq domaines (pierre, vitrail, bois, peinture murale et grottes ornées). La plupart de ces instituts dispensent un enseignement assurant la formation pluridisciplinaire des restaurateurs ; en France, depuis 1973, l'université de Paris prépare à une maîtrise de sciences et techniques, et, en 1977, a été créé à Paris l'Institut français de restauration des oeuvres d'art (INFROA), dont le but est la formation de restaurateurs hautement qualifiés. Enfin, des organismes internationaux, tels que le Conseil international des musées (ICOM), le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) et le Centre international d'étude pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM) s'attachent à la coordination et à la diffusion des méthodes de restauration. L'action conjointe des scientifiques, des historiens et des restaurateurs permet une meilleure appréhension des monuments et des oeuvres du passé, ainsi qu'une plus grande maîtrise des problèmes que ne manquent pas de poser leur sauvegarde, leur conservation et leur restauration, de manière à transmettre ce patrimoine inestimable aux générations futures. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats fluorescence musée - Le musée aujourd'hui ultraviolet - Les propriétés des ultraviolets Les livres restauration de la Cène, de Léonard de Vinci, page 4355, volume 8 restauration de la Cène, de Léonard de Vinci, page 4355, volume 8 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats patrimoine historique Les indications bibliographiques J.-M. André, Restauration des sculptures, Office du Livre, Paris, 1977. S. Bergeron, « Science et patience » ou la restauration des peintures, Réunion des Musées nationaux, Paris, 1990. P. de Lagarde, la Mémoire des pierres, Albin Michel, Paris, 1980. Jacques Sauvageot (sous la direction de), Architecture monumentale et reconstruction, École régionale des beaux-arts de Rennes, 1996. La Vie mystérieuse des chefs-d'oeuvre : la science au service de l'art, catalogue de l'exposition, Réunion des Musées nationaux, Paris, 1980.
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« sur le principe de la reconnaissance de la valeur culturelle du monument, méthodologie inaugurée par Camillo Boito (1836-1914), développée par Gioavannoni et admise à partir de la conférence d'Athènes en 1931.

Depuis la charte de Venise de 1964, la protection active et la sauvegarde des monuments sont étroitement associées à la restauration, qui ne peut s'effectuer sans prendre en considération le contexte culturel et social dans lequel le monument a été édifié. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats monument Ruskin John secteur sauvegardé Viollet-le-Duc Eugène-Emmanuel Les livres restauration - l'église Sainte-Croix de Bordeaux, page 4352, volume 8 restauration - l'église Sainte-Croix de Bordeaux, page 4352, volume 8 restauration - exemple de reconversion d'un bâtiment industriel du XIXe siècle, page 4353, volume 8 restauration - école régionale des beaux-arts et musée du Papier, à Angoulême, page 4353, volume 8 UNESCO - la restauration du temple de Borobudur à Java, achevée en 1982, page 5343, volume 10 Viollet-le-Duc - gravure exécutée par Viollet-le-Duc, page 5537, volume 10 Viollet-le-Duc - gravure exécutée par Viollet-le-Duc, page 5537, volume 10 La restauration en peinture En peinture, il s'agissait bien souvent, autrefois, de « rafraîchir » les œuvres en les repeignant (le Polyptyque de l'Agneau mystique , exécuté en 1432 par Jan Van Eyck, fut ainsi restauré en 1556 par Jan Van Scorel et Lancelot Blondeel).

Empirique pendant des siècles, effectuée grâce à des « tours de main » secrètement gardés, la restauration est de nos jours régie par trois règles fondamentales : la lisibilité de l'œuvre, sa stabilité et la réversibilité des opérations effectuées.

Elle s'attache au support (bois, toile, papier, cuivre, etc.), à la peinture elle-même (la préparation et les couches picturales) et aux vernis.

Afin de remédier à la courbure des panneaux de bois, support le plus couramment utilisé par les peintres jusqu'à la Renaissance, diverses méthodes de redressement ont été utilisées, sans qu'aucune ne soit pleinement satisfaisante ; aussi la courbure acquise est-elle aujourd'hui conservée.

Le rentoilage, pratiqué dès le XVII e siècle, est encore fréquemment utilisé. Cette opération consiste à doubler la toile d'origine lorsque celle-ci a perdu de sa souplesse – ce qui provoque des craquelures dans la préparation – ou lorsqu'elle est déchirée ; lorsque la déchirure est petite, une pièce est collée au revers de la toile.

La transposition, ou « transfert », qui consiste à remplacer le support original d'une œuvre, auquel n'adhère plus la préparation de la couche picturale, n'est plus employée qu'en ultime recours, car elle est contraire à la règle de réversibilité.

Cette opération, effectuée dès le XVII e siècle en Italie, est apparue en France au XVIII e siècle. La principale intervention concernant la préparation de la peinture est son refixage lorsque cette dernière se soulève.

Les manques dans la couche picturale sont comblés par mastiquage, et la retouche, pratiquée selon diverses méthodes dont celles du rigattino et du trattegio mises au point par les Italiens, redonne l'unité chromatique de l'œuvre : le traitement par hachures de couleurs primaires, visible de près, restitue de loin, par un mélange optique, le ton local.

Les vernis, qui assurent la protection de la peinture, sont allégés afin d'amincir les couches successivement posées au cours des siècles, sans atteindre la couche picturale ; cette opération délicate, beaucoup plus difficile à réaliser que le dévernissage intégral (intervention irréversible), est sans danger pour la couche picturale et a l'avantage de conserver la patine qui est la marque du temps sur la peinture (le XVI e siècle appréciait particulièrement les vernis teintés qui donnent un aspect sombre aux tableaux).. »

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