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Winnicott (Donald Woods) - psychanalyse

Publié le 07/04/2015

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psychanalyse

 Pé­diatre et psychanalyste britannique (Plymouth 1896-Londres 1971).

Il a travaillé pendant une quaran­taine d'années à partir de 1923 au Paddigton Green Childrens Hospital comme médecin pédiatre, commencé une analyse personnelle dans les années 1930.11devint en 1935 membre de la Société britannique de psychana­lyse, dont il fut président de 1956 à 1959 puis de 1965 à 1968.

Il a écrit Through Pediatrics to Psycho-Analepsis (1957; trad. fr. avec adjonc­tion d'articles ultérieurs, 1969, De la pédiatrie à la psychanalyse), The Child and the Family (1957; trad. h., 1971, l'Enfant et sa famille), The Child and the Outside World (1957; trad. fr., 1972, l'Enfant et le monde extérieur), The Matu-rational Processes and the Facilitating Envi-ronment (1965; trad. fr., 1970, Processus de maturation chez l'enfant), Playing and Reality (1971; trad. fr., 1975, Jeu et réa­lité: l'espace potentiel), Therapeutic Consultations in Child Psychiatry (1971; trad. fr., 1972, la Consultation thérapeu­tique et l'enfant) et Fragment ofan Analysis (trad. fr., 1975, Fragment d'une analyse).

L'intérêt de Winnicott pour la con­vulsion utilisée comme traitement (électrochocs), qu'il aborde dans le Bri­

tish Medical Journal, est moins connu. Il publia en 1947 une conférence qu'il avait faite devant la section médicale de la British Psychological Society. Il était très réticent, pour ainsi dire opposé, à ces traitements. Ses objec­tions étaient que, d'une part, il n'accep­terait pas de subir lui-même un tel traitement, que ce dernier attire en psychiatrie des médecins n'ayant pas la formation qui convient, qu'il nuit à l'esprit scientifique médical et que l'on peut s'en servir dans le traitement de la dépression, qui touche souvent des gens de grande valeur. Ses nombreuses interventions dans le British Medical Journal, en 1943, 1944, 1945 et 1947, argumentèrent sa position. Celle-ci était celle d'un psychanalyste voulant apporter une contribution nouvelle à la position psychiatrique.

Dans l'étude de ce que la psychana­lyse peut apporter à la classification, il s'appuyait beaucoup sur l'oeuvre de S. Freud : relation du patient à la réalité, symptôme, étiologie. Ainsi, pour lui, l'anamnèse dérive du matériel révélé au cours de la psychothérapie. Les trou­bles des psychonévroses, au centre desquels se trouvent l'angoisse de cas­tration et le complexe d'Œdipe, s'ins­crivent alors dans ce qu'il appelle chez Freud «l'hypothèse structurale de la

personnalité «. Des concepts comme ceux du moi, du ça et de la censure, du surmoi, de qualité et de quantité des processus, l'idée de régression à des points de fixation sont évoqués par lui, de même que ce qu'il appelle l'organi­sation de défenses d'un degré ou d'une nature pathologiques. Il parle aussi de l'idée de dépendance, de faiblesse et de force du moi, des possibilités de décrire les cas limites et les troubles du carac­tère. Pour l'étude des psychoses, il se réfère à S. Ferenczi d'abord, à M. Klein ensuite.

Son souci d'une adaptation parti­culière de la technique psychana­lytique apparaît alors. Le moi du nourrisson, dépendant d'un soutien du moi, adaptation fournie par la mère ou la figure maternelle, lui permet de développer le processus intéressant de l'absorption des éléments des soins maternels, ce qu'aussi, dans son article sur la distorsion du moi en fonction du vrai et du faux self, il étudiera comme la mère qui est suffisamment bonne et celle qui n'est pas suffisamment bonne. L'idée intéressante qu'il y développe, qu'il indique d'ailleurs comme étant une partie très importante de sa théo­rie, est que le vrai self ne devient que s'il est la conséquence d'une réussite répétée des réponses de la mère, soit au geste spontané du nourrisson, soit à son hallucination sensorielle, ce qui peut se dire réalisation symbolique, suivant l'expression qu'il indique comme étant celle de Mm` Sechehaye. Selon lui, le geste ou l'hallucination étant rendus réels, la capacité d'utiliser un symbole suit, en est la conséquence. Ainsi, l'enfant peut jouir de sa capacité d'illusion; il a pu croire que la réalité extérieure se comportait comme par magie et d'une manière qui ne heurtait pas son omnipotence, à laquelle, de ce fait, il peut renoncer. Il peut jouer et imaginer. C'est le premier cas: les fon­dements de la formation symbolique se constituent. Si, entre l'objet partiel

maternel et le nourrisson, ce quelque chose, quelque activité ou sensation, sépare au lieu de lier, la formation sym­bolique est bloquée. Ce second cas aboutit à un tableau clinique qui pré­sente une instabilité généralisée et divers troubles, dont ceux de la nutri­tion; un faux self se met en place, qui se soumet par nécessité aux exigences de l'environnement, soumission et imita­tion en sont la spécialité. Il se peut qu'une vie personnelle existe au travers de l'imitation, que l'enfant joue un rôle, celui du vrai self, comme il le ferait s'il avait existé. Ainsi, ce faux self est une défense, défense à un défaut d'identifi­cation de la mère avec son nourrisson. Le vrai self est, selon lui, étroitement lié à l'idée du processus primaire, il est simplement primaire. Il dit aussi que le vrai self apparaît dès qu'il existe une quelconque organisation mentale de l'individu et qu'il n'est pas beaucoup plus que la somme de la vie sensori-motrice. Par la suite, des ruptures dans l'existence de ce vrai self, des expé­riences réactionnelles de faux self seront possibles; également pourront se présenter ce à quoi il donne de l'im­portance chez l'enfant, les doutes quant au self. Le faux self amènera aussi des possibilités de compromis dans la conduite sociale. Ces compro­mis seront remis en question par l'ado­lescent. Cette notion de faux self a des conséquences importantes dans la pra­tique psychanalytique: analyse inter­minable car le travail se fait à partir du faux self, et, lors du passage du contact avec le vrai self du patient, la dépen­dance extrême qui amène l'entourage à soigner ce patient met l'analyste en position de fonctionner comme faux self. Si, par contre, le praticien com­prend immédiatement ce qui est néces­saire, il y a retrait, maintien du self, régression. Le psychanalyste maintient (angl. holds) et joue un rôle dans une relation où le patient est régressé et dépendant. Plus le psychanalyste

accepte cette régression et y fait face, moins il est probable que le patient ait recours à une maladie d'allure régres­sive.

«Agression« est le terme employé par Winnicott pour l'étude de ce que nous appelons agressivité. Quelque chose se passe dans l'individu, qui n'entraîne pas obligatoirement des changements de comportement, quel­que chose du domaine d'une fonction partielle, de l'expression primitive de la libido. Corps et idées s'enrichissent et accomplissent l'idéation, la réalisation symbolique dont il a déjà été question à propos du self. Ainsi, il y a diverses étapes de l'agressivité, à différents stades du développement: l'inquié­tude, ce qui la précède, la colère. Ces étapes appartiennent au stade de la personnalité totale ; elles trouvent leurs sources dans des moments très pré­coces de cruauté d'avant l'intégration de la personnalité, où la pulsion trouve sa satisfaction dans la destruction. La racine de l'élément destructeur se trou­ve dans la pulsion libidinale primitive (le ça); cet élément est lié à la motricité. Cependant, quelle que soit cette qua­lité d'un environnement suffisamment bon, Winnicott remarque que les élé­ments agressifs et les éléments libidi­naux ne sont pas nécessairement fusionnés. D'où cette idée d'une agres­sivité qui précède l'intégration du moi, intégration qui rend possible la colère devant une frustration instinctuelle et qui fait que l'expérience érotique est une expérience vécue. La thèse de Win­nicott est alors que l'impulsivité et l'agressivité amènent l'enfant à recher­cher un objet externe.

Aussi a-t-il introduit la notion d'ob­jets transitionnels, de phénomènes tran­sitionnels pour indiquer ce point de première possession d'un objet, à une place particulière, ni au dehors ni dedans, à la limite du dehors et du dedans, qu'il distingue clairement de l'objet interne de Melanie Klein; tous

ces sons, ces objets qui ne font pas partie du corps de l'enfant et qu'il ne reconnaît pas pourtant comme faisant partie de la réalité extérieure. Penser et fantasmer peuvent se rattacher à ces expériences. L'origine du symbolisme pourrait, selon Winnicott, se trouver sur ce chemin qui passe du subjectif à l'objectif et que traduit l'objet transi­tionnel. Ces objets et ces phénomènes appartiennent au domaine de l'illusion, possibilité ultérieure des arts, du reli­gieux, de la vie imaginative, des créa­tions. Il défend ces thèses dans Jeu et réalité.

C'est dire encore, comme il l'écrit dans Communication et non-communica­tion, que l'objet est créé et non pas trouvé. Lorsque cet objet se trans­forme, le subjectif est perçu objective­ment. Mère environnement, humaine, et mère objectale, chose, mettent en évidence pour l'enfant l'expérience d'une inconstance d'une part et d'une constance de l'autre. C'est-à-dire que l'objet peut être capable de la satisfaire même s'il reconnaît qu'il n'a pas réussi à le faire d'une façon satisfaisante. Lorsque s'effectue son développe­ment, l'enfant dispose alors de trois modes de communication: un qui ne cessera jamais d'être silencieux, self central qui ne communique pas, inac­cessible au principe de réalité, pour toujours silencieux; un explicite, indi­rect, l'emploi du langage ; un intermé­diaire, qui du jeu passe à la vie culturelle.

Enfin, autre contribution de Winni­cott à ce qu'est pour lui le développe­ment de l'enfant au regard de la psychanalyse, les catégories de dépen­dance absolue, de dépendance relative et de voie qui mène à l'indépendance. Ces catégories reprennent les positions qui sont les siennes concernant l'évo­lution du moi, du self, la position maternelle qu'il appelle préoccupation maternelle primaire, le holding, la possi­bilité pour l'enfant d'être un créateur

potentiel du monde où vie extérieure et vie intérieure peuvent prendre la forme d'un échange continu.

Une des dernières contributions de Winnicott fut Fear of Breakdown, la crainte de l'effondrement ; il y reprend sa thèse des premiers stades du déve­loppement affectif; holding (--> hol­ding), handling (--> handling), présenta­tion d'objet (angl. Object Presenting) permettent un développement qui va de l'intégration, de la résidence de la collusion somatique à la relation d'ob­

jet. L'angoisse, la détresse, la lutte, face à ce qui ne permet pas à ce développe­ment de se construire autrement que comme une organisation défensive, suscitent cette crainte d'un effondre­ment qui a déjà eu lieu, causé par cette agonie originelle que le moi ne peut faire entrer dans sa propre expérience du temps présent, qui n'a pas encore été éprouvé.

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