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LA DOUBLE INCONSTANCE DE MARIVAUX (résumé et analyse)

Publié le 17/01/2015

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marivaux
le mot désordre:« il n'y a plus de raison à moi, c'est la vérité », vérité sur soi-même et sur la confusion dans laquelle nous entraînent nos sentiments amoureux, vérité enfin reconnue. Enfin, Arlequin en critiquant la cour - ce besoin de richesse superflu (!, 5), cet honneur qui se mesure au nombre de valets qui vous suit {I, 10), ces seigneurs esclaves {Il, 7), mais se laissant tenter par un bon repas - confirme son caractère : bon sens, probité et gourmandise ... Qui n'a pas son défaut?! Son aventure amoureuse signifie son inconstance de coeur ou plutôt une lucidité aiguë pour l'inconstance de Silvia. Tout l'éveille à porter un regard pénétrant sur ce qui l'entoure et lui permet de se révéler moins ingénu qu'il ne le croyait, moins vertueux peut-être dans ses actes puisqu'il se montre infidèle, mais plus humain, plus vrai et plus sincère dans son amour; il gagne en sagesse et sa propre inconstance de coeur lui fait accepter celle de Silvia comme un ordre possible de l'amour. • La Double Inconstance, en augurant ce que seront les pièces de Marivaux, trace la voie de toutes les recherches du drama· turge. L'étude du sentiment amoureux dépassera les mièvreries des romans à La Calprenède; le badinage amoureux ne sera pas non plus au service de l'amour libertin. Entre ces deux pôles, Marivaux propose une réflexion psychologique, sociale et à sa façon philosophique sur l'amour. Le thème n'est point prétexte à des poncifs ou à des intrigues de salon. L'amour est le sentiment qui nous est le plus intime et en cela il est le plus essen· tiel à la structure de notre être. 149 JUGEMENT D'HIER DE L'INCONSCIENCE À LA CONSCIENCE Comment fut reçue la pièce par les contemporains? Voici l'avis du marquis d'Argenson: C'est une des plus jolies pièces de Marivaux et même de celles qu'on joue en français sur ce théâtre. Il y a du naïf, des sentiments, et beaucoup d'esprit; le rôle de Silvia est fait pour elle, celui d' Arlequin est farci de traits propres à notre petit Arlequin. Au reste il n'y faut pas regarder de près pour la régularité, pour les moeurs, et pour le vraisemblable; par exemple le caractère de Flaminia est bas et choquant pour une femme ?e qualité qu'on suppose ici épouser un ieune paysan. In Notices sur les oeuvres de théâtre. JUGEMENT D'AUJOURD'HUI L'amour n'est pas seulement suivi de sa naissance, dans la surprise et le trouble, à l'enchantement d'un bref épanouissement puis au déclin dont le menacent la négligence et l'habitude; mais ce processus est doublé en contrepoint par la naissance et l'épanouissement d'un nouvel amour[ ... ]. Mais[ ... ], quel jugement (l'auteur) pone-t-il en fin de compte sur ses personnages, sur l'inconstance et sur l'amour lui-même? [ ... ].La Double Inconsta.nce n'est pas une moralité et ne prétend pas révéler les leçons d'une sagesse. C'est un examen curieux et comme impartial de la condition de l'amour lorsque[ ... ] il se trouve enfin confronté avec les réalités de la société moderne. Frédéric Deloffre, Notice de La Double Incomtance, coll. Classiques Garnier.
marivaux

« combine aussi la comédie et la farce, quand on retrouve les traces de Molière ...

L'intrigue est menée par Flaminia la «servante » espiègle, souvenir de Molière ou de Corneille (cf.

La Sui· vante).

Toutefois, elle appartient déjà à l'univers de son auteur de par le rang et les sentiments qu'il lui confère.

Si Flaminia porte en elle la comédie, Arlequin, lui, nous achemine vers la farce, quand les coups pleuvent sur Tri­ ve lin par exemple (!, 9).

La pièce s'appuie donc sur diverses traditions et par là-même trouve une facture originale: les scènes se suivent et alternent les moments de grâce et les passages plus alertes; à la déclaration voilée où le spectateur fait ses délices d'un amour qui se cache succède une caricature de coquette ou une volée de coups de bâtons.

Néanmoins, la pièce a son fil conduc­ teur et le spectateur attend cette sur­ prise de l'amour que le titre évocateur suggère.

LES SURPRISES DE L'AMOUR Au départ, seul le Prince est touché par l'amour, et le restera jusqu'à la fin: il a rencontré Silvia dans une forêt et ce fut le coup de foudre; si cette sur­ prise de l'amour est traitée de façon analeptique dans la pièce, c'est peut­ être parce qu'elle est, une forme convenue et précieuse.

A ce titre, elle ne peut guère intéresser Marivaux.

En revanche, les autres personnages vont découvrir l'amour sous nos yeux; chacun à sa manière et c'est ce qui fait l'intérêt psychologique de la pièce; on DE L'INCONSCIENCE À LA CONSCIENCE dirait que Marivaux a cherché à analy­ ser toutes les combinaisons possibles dans le cadre fictionnel proposé.

Le jeu, l'intrigue sont à la source du sentiment de Flaminia pour Arlequin.

Si dans le premier plan qu'elle propose au Prince pour nuire à l'amour de Sil­ via et Arlequin elle ne se met pas en scène, c'est qu'elle a encore la tête froide, qu'elle n'a pas encore vu Arle­ quin ...

Quand Lisette échoue dans son projet de séduction auprès d' Arlequin, Flaminia s'empresse de se proposer ce rôle; certes, il ne s'agit pas encore d'amour, mais cela ressemble à une tentation.

« Et moi, je vous dis, sei­ gneur, que j'ai vu Arlequin; qu'il me plaît, à moi ))' cela pourrait même se déguiser déjà en pari; le discours de Flaminia se fait de plus en plus calcu­ lateur et s'achève sur un cynisme par- fait (!, 8).

De même l'invention d'un amant disparu qui aurait ressemblé à Arlequin tient du stratagème comme d'un plai­ sir à s'avouer à demi-mot une attirance pour lui.

C'est ainsi que Flaminia, vou- Silvia, peinte par F de Troy.

Elfe fut l'actrice qui sut le mœux pénétrer l'esprit de ,'lfarivaux.

147. »

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