La Montagne magique 1913-1924 Thomas Mann (1875-1952)

Genèse

L'inspiration première de La Montagne magique trouve son ori­gine dans un événement ponctuel de la vie de Thomas Mann : la visite qu'il fit à son épouse en cure dans un sanatorium de Davos, en 1912. La rédaction de l'ouvrage commence un an après cette expérience et s'étend jusqu'en 1924. Elle sera en effet interrom­pue pendant une période de quatre ans, de 1915 à 1919, période durant laquelle Thomas Mann évoquera les problèines urgents de la guerre et de l'identité allemande avec des ouvrages comme Les Pensées de guerre (1914) ou Considérations d'un jeune homme étranger à la politique (1915-1918).

La séduction de la maladie

Si, au fil de sa longue maturation, le roman de Thomas Mann s'est enrichi de très nombreuses réflexions sur les sujets les plus variés, il n'en reste pas moins que l'intention première de l'auteur était de composer «une sorte de contre-partie satirique de La Mort à Venise, dont le thème serait la séduction de la mort et de la maladie«.

De fait, tout dans La Montagne magique semble contaminé par un érotisme morbide, depuis le style de l'auteur qui s'attache avec volupté et minutie à la description de déchéances physiques jusqu'au comportement des personnages qui s'abandonnent entiè­rement à la sensualité diffuse et malsaine qui règne à Davos. C'est ainsi qu'Hans Castorp, jeune homme neuf et sain d'esprit, devient bientôt, comme les autres malades qui cherchent moins à guérir qu'à assouvir leur lilibo, prisonnier de cette fièvre de jouissance, de cette quête éperdue d'un plaisir qui ne peut exister que par et dans la présence immanente de la mort et de la déchéance.