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Paris, responsable du "désert français"

Publié le 09/11/2013

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Commençons par faire un constat. En quoi la ville de Paris est-elle responsable du "désert français"? Retour en 1947, nous ferons tout d'abord un bilan de l'après-guerre en essayant de comprendre le sens de cette expression. Nous en chercherons par la suite les raisons et enfin nous étudierons les conséquences. "Paris est le désert français", ce livre de 1947 est volontairement marquant dans ses propos. Un premier bilan est posé, les politiques français prennent conscience des inégalités au sein du territoire français. Inégalités entre les villes et les campagnes, entre l'Est et l'Ouest de la France mais aussi et surtout entre Paris et la Province. Le but de Gravier est d'expliquer que la France pourrait se diviser en deux parties si l'Etat ne réagit pas. Paris apparait en effet comme le pôle organisateur de l'hexagone, et le reste du pays comme sa périphérie. Paris est au centre de toutes les logiques, et on l'accuse de "dévorer" la France. La capitale monopolise tous les domaines, intellectuel, artistique, financier, commercial, industriel, démographique... etc. De nombreux symboles appuient cette domination. Cette ville accumule les lieux culturels, le Louvre, le musée du Quai d'Orsay ou encore la Tour Eiffel, Paris est une ville intellectuelle. Par ailleurs, l'Elysée, le Sénat, l'Assemblée nationale, lieux symboliques de la politique française symbolisent la détention du pouvoir. Dans le domaine artistique avec Montmartre, financier avec La Défense, et bien d'autres encore. Cette monopolisation des activités conduit à un jugement sans précédent "Dans tous les domaines, l'agglomération parisienne s'est comportée depuis 1850 non pas comme une capitale animant l'ensemble de la nation, mais comme un groupe "monopoleur" dévorant la substance de la nation", selon Gravier. Car ce qui est avant tout dénoncé, c'est que Paris se renforce, en dépit du reste de la France. Outre la monopolisation des pouvoirs, Gravier accuse Paris d'être mortifère, sa natalité inférieure à la moyenne nationale et sa mortalité plus élevée en feraient un destructeur d'hommes: « Un monstre urbain comme Paris fait perdre à la France chaque année 3 fois plus de richesse humaine que l'alcoolisme ». A sa dénonciation, Gravier ajoute trois zones dynamiques, Lyon, Marseille et la Côte d'Azur qui se développement fortement dans le secteur de la distribution. En ce lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Paris est fustigé. Mais quelles sont les raisons d'une telle centralisation? La centralisation des pouvoirs en France s'explique avant tout par des raisons historiques. L'hypertrophie parisienne n'apparait clairement qu'après la Révolution. Comparativement aux autres grandes villes, l'accroissement parisien prend une nouvelle dimension. Elle résulte du cumul de la centralisation. Sur le plan politique tout d'abord, la Révolution de 1789 marque une première étape. Robespierre, puis par la suite Napoléon ont renforcé la centralisation politique française. Napoléon souhaite que Paris contrôle tous les domaines. De plus, à partir de la seconde moitié du XIXème siècle, l'industrialisation participe au renforcement de Paris, qui concentre les richesses économiques. L'industrialisation explique également en partie son poids démographique. L'exode rurale accompagne cette révolution. Nous assistons à un phénomène d'urbanisation croissante à partir de la fin du XIXème siècle, période durant laquelle la croissance parisienne représente quatre-cinquième de l'accroissement naturel total du pays. Ainsi, en 1861, Paris compte deux millions d'habitants, cinq millions et demi en 1946, et plus de neuf millions en 1968. Les chiffres sont évocateurs, Paris connait en un siècle une croissance démographique accrue. Parallèlement, le reste du pays connait une stagnation démographique, voire un déclin juste avant la Seconde Guerre Mondiale. Durant la première moitié du XXème siècle, soixante-deux département français voient leur population diminuer. Depuis plus d'un siècle, Paris n'a donc cessé de se renforcer. Mais quelles en sont les conséquences? Aujourd'hui la France est-elle représentative des logiques européennes ou sa situation est-elle différente? La monocéphalie et la macrocéphalie parisienne sont une exception française. La France est l'un des rares pays d'Europe occidentale dont le système urbain est macrocéphale et monocéphale : son réseau urbain est caractéri...

« français se fait ressentir.

Jean François Gravier est pionnier d'un nouveau mouvement.

Une dizaine d'années plus tard, dans les années 1960, les politiciens se déterminent à ralentir le développement parisien. Dorénavant, nous pouvons nous demander comment dynamiser le territoire français.

Nous allons voir que dans les années 1960, de nombreuses politiques d'aménagement sont entreprises, dans le but de freiner le développement de Paris, au profit des "métropoles d'équilibres".

Mais nous montrerons par la suite que les résultats sont mitigés.

Enfin, nous analyserons les logiques de métropolisation, qui participent à l'ambigüité des résultats constatés. A partir des années 1960, des politiques d'aménagement sont mises en œuvre.

En 1963, le DATAR, Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale, est créé, Olivier Guichard, proche de De Gaulle en est le premier délégué.

Son parcours est évocateur des logiques de cette période car en 1968 il sera nommé ministre du plan et de l'aménagement du territoire.

L'objectif premier est de dynamiser le "territoire français", qui occupe tous les esprits.

Des mesures sont alors prises pour freiner le développement parisien, en limitant son expansion économique et en favorisant sa désindustrialisation.

Parallèlement, la nécessité de développer les villes de Province pour faire contrepoids à Paris apparait essentielle.

En 1964, la politique des "métropoles d'équilibre" est la ligne directrice des différentes mesures.

Dans ces métropoles, une concentration de la population est nécessaire pour obtenir des équipements, acquérir ainsi une attractivité régionale, et pour finalement devenir des centres de rayonnement.

Les différentes logiques sont étroitement liées, chaque facteur est donc essentiel.

Pour se faire, on incite les entreprises à quitter Paris pour s'installer dans des régions voisines, notamment à l'ouest pour les industries.

Huit métropoles ont été choisies : Bordeaux, Lilles, Lyon, Marseille, Nancy, Nantes, Strasbourg et Toulouse.

A l'époque, ces villes ne sont pas des métropoles mais présentent divers avantages qu'il faut exploiter.

On doit développer les activités industrielles et tertiaires et mettre en place d'importants moyens de liaisons avec les autres grandes villes françaises, afin de créer un réseau urbain plus équilibrer et d'insérer ces villes dans le développement du territoire.

Leurs vie économique, sociale et culturelle doivent animer les vastes régions environnantes pour qu'elles puissent rivaliser avec les métropoles des pays voisins.

Des évolutions sont constatées et dans les années 1980, les politiques de décentralisation marquent une nouvelle étape.

Les compétences administratives de l'Etat doivent être transférées vers des entités locales distinctes de lui, le but étant de conférer aux citoyens ou à leurs élus plus de pouvoirs de décisions.

En 1982, la loi Deferre vise à définir les principes régissant les fonctionnements des collectivités territoriales pour permettre à l'Etat de se dessaisir d'un certain nombre de compétence, au profit de ces collectivités.

Dans cette logique, on décourage à Paris les installations industrielle et les encourage à s'installer ailleurs.

Une diffusion de l'industrie vers l'ouest de la France, qui était sous industrialisé est notable.

Si à premier abord, les politiques semblent fonctionner, les résultats sont en réalité mitigés, ambigus, ce qui sera constaté avec du recul. Les objectifs étaient très prometteur mais le bilan est mitigé.

Les métropoles régionales, sur lesquelles reposaient beaucoup d'espoir, ont certes connu un rapide développement mais au détriment des campagnes environnantes.

Ainsi, cette politique a le plus souvent conduit à une stérilisation de l'espace environnant.

De plus, la croissance parisienne n'a pas été véritablement limitée.

La désindustrialisation de Paris au profit d'autres régions a conduit à une tertiarisation progressive de Paris et une fracture s'est produite.

Paris est désormais le lieu de réflexion de recherches, c'est-à-dire de gestion et concentre les fonctions de savoir.

Les sièges sociaux sont de plus en plus nombreux.

Et inversement, le reste du pays est désigné comme le lieu de production.

Un sentiment de hiérarchisation dans le domaine du travail est alors ressenti.

De plus, si les métropoles d'équilibre ont connu un développement, il ne s'agit que de la poursuite d'un processus déjà engagé.

"Paris et le désert français" est symboliquement réédité en 1958 et en 1972.

Ces rééditions successives montrent que malgré les politiques d'aménagement du territoire, le poids de Paris reste dominant.

La situation n'a pas véritablement changé.

Mais outre les défauts de cette politique, comment peut-on expliquer cet échec? Parallèlement à ces constats, un phénomène spontanée intervient.

Différentes dynamiques à l'échelle nationale ont contribué au renforcement de Paris, venant contrarier ces politiques d'aménagement et de décentralisation.

Dans les années 1947, alors qu'un premier bilan est posé, la période des Trente Glorieuses débute.

Ces années prospères sont marquées par une forte croissance économique.

L'exode rurale se poursuit, ce qui conduit à différentes évolutions.

L'agglomération parisienne connait un poids dominant stable, représentant 20% de la population française et l'urbanisation massive contribue à la croissance accrue de Paris.

Dans les années 1980, les dynamiques de métropolisation, très sélectives contribuent au renforcement du poids des centres urbains.

Le poids démographique de Paris tend à se renforcer, avec plus d'un million d'habitant durant les dix dernières années.

La concentration des "services métropolitains" s'accroit.

Les sièges sociaux, les entreprises, les laboratoires, les banques… etc s'accumulent.. »

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