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ACTUALITÉ DU ROMAN

Publié le 29/03/2015

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qui est fait avec la poésie généralement. Je veux dire que j'ai tenté d'aller au-delà des idées concrètes et expli­cables et d'explorer l'homme — non pas le son des mots comme ont tenté de le faire les romans poétiques du début du siècle. Je ne peux expliquer techniquement mais... j'essaie de mettre dans mes romans un certain message qui n'existe pas à proprement parler. Vous comprenez ce que je veux dire ? II y a quelques jours, j'ai lu que T. S. Eliot, que j'admire beaucoup, a écrit que la poésie est nécessaire dans les pièces ayant un certain type d'histoire et pas dans les pièces en ayant un autre, que cela dépend du sujet traité. Ce n'est pas mon avis. J'estime qu'on peut avoir le même message secret à apporter avec n'importe quel sujet. Si votre vision de l'univers est d'une certaine qualité, vous mettrez néces­sairement de la poésie en tout.«

Et, comme toujours, soucieux de ne pas jouer à l'oracle, il ajoute : «Mais je suis probablement le seul à penser qu'il y a quelque chose de ce genre dans mes livres. «

 

Il> Simenon raconte des histoires, crée des personnages qu'il pousse à leurs extrêmes limites, soigne ses intrigues, fait vivre les gens du peuple. Nous voilà fort loin des « nou­veaux romanciers «. Mais peut-être ont-ils en commun cette volonté de tout subordonner à la création d'un climat poé­tique. Le roman moderne, dans ses formes réussies, est peut-être la poésie de notre époque.

« El .

Actualité du roman / 197 position des règles de la tragédie dans la forme roma­ nesque.

Je crois que le roman est la tragédie de notre époque.» • Ces propos et le reste de L 'Age du roman pennettent de comprendre ce que Simenon entend quand il assimile le roman à la tragédie.

Une tragédie est relativement courte, car elle ne peut excé­ der la durée d'une représentation théâtrale.

Cette brièveté est loin d'être un inconvénient puisqu'elle oblige l'auteur à élaguer pour ramener la crise qu'il évoque à une épure.

Dans le même souci de concentration, le roman doit, pour Simenon, laisser passer ce qui l'ankylose vers d'autres genres : «...

l'auteur n'a plus le droit d'interrompre son récit, c'est-à-dire le fleuve de vie qu'il a créé, pour exposer ses idées sur un point d'histoire ou d'éthique.» De même, il n'a plus à assurer cette fonction documentaire qu'on sou­ haitait de lui au XIXe siècle (p.

32) : «Le cinéma, la radio, les magazines à grand tirage, les encyclopédies à bon marché, jusqu'aux congés payés et aux déplacements à la portée de tous, ont débarrassé le romancier d'une bonne partie du fardeau qu'il se croyait obligé de porter.

Son domaine s'est rétréci.

D'autres moyens d'expression s'occupent, avec plus de bonheur, de pittoresque, de phi­ losophie ou de vulgarisation.» La lecture elle-même, toujours dans le souci d'éviter une baisse de tension, se fera d'un seul souffle.

Quand Collins lui demande si la longueur entre dans la définition du «roman pur», Simenon répond (p.

89) : «Oui.

Cela paraît une question de détail, mais je pense qu'elle est importante, pour la même raison qu'on ne peut avoir une tragédie en plus d'une séance.

Je crois que le roman pur est trop dense pour que le lecteur puisse s'interrompre au milieu et reprendre le lende­ main.» A noter que chez Simenon, la création du roman elle-même. »

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