Devoir de Philosophie

Les " Cent Nouvelles nouvelles "

Publié le 12/02/2018

Extrait du document

Les \" Cent Nouvelles nouvelles \"
Achevé en 1461 pour Philippe le Bon, duc de Bourgogne, le recueil des Cent Nouvelles nouvelles est le plus ancien recueil de contes en prose de notre littérature. Son auteur, selon P. Champion, serait Philippe Pot, seigneur de la Roche, premier chambellan du duc. Depuis l'ouvrage de J. Bédier sur Les Fabliaux jusqu'à celui de K.rystyna Kasprzyk sur Nicolas de Troyes, la critique s'est beaucoup intéressée à la thématique des contes et à leur filiation, mais as~ez peu à l'art et aux moyens d'expression propres à chacun des écrivains. Autant l'auteur des Cent Nouvelles nouvelles est important comme chaînon dans la trans­mission des contes, autant il est décevant comme artiste.

On a exagéré sa dette envers Boccace : comme l'a remarqué Kr. Kasprzyk, aucune des Cent Nouvelles nouvelles n'est inspirée directement du Décaméron 1; plusieurs viennent des Facetiae écrites en latin par Pogge, plusieurs des fabliaux, plusieurs sans doute de traditions orales ; malgré l'affectation d'authenticité (« N'a guères qu'en la ville de Mons ... », « En la bonne ville de Rouen, puis peu de temps en ça . . . n, « Il est bien vray que naguères, en ung lieu de ce pays que je ne puis nommer . . . n, « Il est vray comme l'Évangile que ... ,,), très peu s'inspirent d'événements réels. Combien en a-t-il inventé lui-même? On ne sait. Mais qu'il soit original ou non, c'est à lui qu'il faut remonter souvent quand on cherche la source de Bonaventure des Périers, de Nicolas de Troyes, de Marguerite de Navarre, voire plus tard encore, au xvue siècle, des Contes d'Ouville, et même des Contes grivois de Nougaret à la fin du xvme siècle. Imprimées pour la pre­mière fois en 1485, les Cent Nouvelles nouvelles n'ont jamais cessé d'être rééditées depuis. Leur auteur a donc le mérite d'avoir constitué un répertoire pour ses successeurs.
La technique du récit                                                   Il leur a aussi proposé un ton : celui de la
« gauloiserie ,,, Ce ne sont que maris trompés, galants morfondus ou heureux, quiproquos entre le mari et l'amant, la femme et la maîtresse, moines et curés paillards, épouses ou veuves lubriques, plaisan­teries directes sur le sexe masculin ou féminin ... Nulle sensualité cependant, nul érotisme; beaucoup de personnages sont rusés, beaucoup sont grossiers, aucun n'est vicieux. Pour parler de cet acte qui semble l'unique fin à laquelle ils tendent tous, l'auteur dispose d'un jeu de métaphores plaisantes et sans équi­voque, dont l'abondance et la variété contrastent avec la pauvreté de ses moyens d'expression dans le reste du récit.
 
Il n'a pas gardé le procédé de mise en scène adopté par Boccace, qu'il veut pourtant imiter en faisant parler lui aussi divers narrateurs et en élevant à cent le nombre de ses nouvelles. Il ne dit rien de la circonstance qui a réuni ces narra­teurs, du lieu où ils sont, de leurs caractères respectifs, ils sont seulement nommés en tête de chaque nouvelle; ils n'ont aucune conversation entre eux, le commen­taire des récits par les interlocuteurs, si important chez Boccace, et encore plus important, comme nous le verrons, chez Marguerite de Navarre, est ici réduit à quelques phrases ajoutées par les narrateurs eux-mêmes en guise de conclusion, ou plutôt de résumé, et complètement inutiles. Pe•1 importe donc que tel conte soit fait « par Monseigneur ,, (le duc de Bourgogne), tel autre « par Philippe de Loan ,,, tel autre « par Monseigneur de la Roche ,,, etc. Ils sont tous en réalité d'un seul et même rédacteur, qui, oubliant qu'il a prêté la parole à autrui, commence ainsi sa x ce nouvelle : « Pour accroistre et amplier mon nombre des nouvelles que j'ay promis compter et descripre . . . $ ,, Le seul motif qui a rassemblé autour de

« On a exagéré sa dette envers Boccace : comme l'a remarqué Kr.

Kasprzyk, aucune des Cent Nouvelles nouvelles n'est inspirée directement du Décaméron 1; plusieurs viennent des Facetiae écrites en latin par Pogge, plusieurs des fabliaux, plusieurs sans doute de traditions orales; malgré l'affe ctation d'authenticité (« N'a guères qu'en la ville de Mons ...

»,«E n la bonne ville de Rouen, puis peu de temps en ça ...

n, «I l est bien vray que naguères, en ung lieu de ce pays que je ne puis nommer ...

n, « Il est vray comme l'Évangile que ...

,,), très peu s'inspirent d'événements réels.

Combien en a-t-il inventé lui-même ? On ne sait.

Mais qu'il soit original ou non, c'est à lui qu'il faut remonter souvent quand on cherche la source de Bonaventure des Périers, de Nicolas de Troyes, de Marguerite de Navarre, voire plus tard encore, au xvue siècle, des Contes d'Ouville, et même des Contes grivois de Nougaret à la fin du xvme siècle.

Imprimées pour la pre­ mière fois en 1485, les Cent Nouvelles nouvelles n'ont jamais cessé d'être rééditées depu is.

Leur auteur a donc le mérite d'avoir constitué un répertoire pour ses successeu rs.

La technique du récit Il leur a aussi proposé un ton : celui de la « gauloiserie ,,, Ce ne sont que maris trompés, galants morfondus ou heureux, quiproquos entre le mari et l'amant, la femme et la maîtresse, moines et curés paillards, épouses ou veuves lubriques, plaisan­ teries directes sur le sexe masculin ou féminin ...

Nulle sensualité cependant, nul érotis me ; beaucoup de personnages sont rusés, beaucoup sont grossiers, aucun n'est vicieux.

Pour parler de cet acte qui semble l'unique fin à laquelle ils tendent tous, l'auteur dispose d'un jeu de métaphores plaisantes et sans équi­ voque, dont l'abondance et la variété contrastent avec la pauvreté de ses moyens d'expression dans le reste du récit.

Il n'a pas gardé le procédé de mise en scène adopté par Boccace, qu'il veut pourtant imiter en faisant parler lui aussi divers narrateurs et en élevant à cent le nombre de ses nouv elles.

Il ne dit rien de la circonstance qui a réuni ces narra­ teurs, du lieu où ils sont, de leurs caractères respectifs, ils sont seulement nommés en tête de chaque nouvelle ; ils n'ont aucune conversation entre eux, le commen­ taire des récits par les interlocuteurs, si important chez Boccace, et encore plus important, comme nous le verrons, chez Marguerite de Navarre, est ici réduit à quelques phrases ajoutées par les narrateurs eux-mêmes en guise de conclusion, ou plutôt de résumé, et complètement inutiles.

Pe•1 importe donc que tel conte soit fait « par Monseigneur ,, (le duc de Bourgogne), tel autre « par Philippe de Loan ,,, tel autre «par Monseigneur de la Roche ,,, etc.

Ils sont tous en réalité d'un seul et même rédacteur, qui, oubliant qu'il a prêté la parole à autrui, commence ainsi sa x ce nouv elle : «P our accroistre et amplier mon nombre des nouvelles que j'ay promis compter et descripre ...

2 ,, Le seul motif qui a rassemblé autour de 1.

Krystyna KAsPRZTI. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles