COMMENT CANDIDE FUT ELEVE DANS UN BEAU CHATEAU ET COMMENT IL FUT CHASSE D'ICELUI COMMENTAIRE COMPOSE
Publié le 12/11/2013
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Le conte merveilleux se situe dans un contexte aristocratique où l'on retrouve l'alliance du pouvoir et des richesses, et une certaine rigidité dans les codifications sociales. C'est sur cet ensemble d'éléments que Voltaire construit Candide. Il met en effet en scène une famille aristocratique (le baron et sa femme, leur fille et leur fils) dans laquelle chacun est beau, bon, riche et puissant. La récurrence des caractérisations valorisantes et des termes élogieux attire l'attention sur ce monde merveilleux où tout va bien. On note les nombreux superlatifs et comparatifs (« les plus douces «, « le plus simple «, « un des plus puissants «, « très grande considération « ; « encore plus respectable «), l'insistance sur les qualités des individus et sur les images d'un bonheur que rien ne vient troubler (« droit «, « simple «, « bon et honnête gentilhomme «, « ils riaient «, « Il prouvait admirablement... «,).
L'image générale donnée par la présentation pourrait être résumée par la démonstration de Pangloss : « le château de Monseigneur le baron était le plus beau des châteaux et Madame la meilleure des baronnes possibles «. Et l'on pourrait même ajouter que le meilleur enseignement philosophique était dispensé au jeune Candide par le meilleur philosophe du monde.
«
ses palefreniers étaient ses piqueurs ; le vicaire du village était son grand aumônier.
Ils
l'appelaient tous monseigneur, et ils riaient quand il faisait des contes.
Madame la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s'attirait par
là un e très grande considération, et faisait les honneurs de la maison avec une dignité
qui la rendait encore plus respectable.
Sa fille Cunégonde, âgée de dix -sept ans, était
haute en couleur, fraîche, grasse, appétissante.
Le fils du baron paraissait en tout digne
de son père.
Le précepteur Pangloss était l'oracle de la maison, et le petit Candide
écoutait ses leçons avec toute la bonne foi de son âge et de son caractère.
Pangloss enseignait la métaphysico -théologo -cosmolonigologie.
Il prouvait
admirablement qu'il n'y a point d'effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes
possibles, le château de monseigneur le baron était le plus beau des châteaux et
madame la meilleure des baronnes possibles.
« Il est démontré, disait -il, que les choses ne peuvent être autrement : car, tout
étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin.
Remarquez bien
que les nez ont été faits pour porter des lunettes, aussi avons -nous des lunettes.
Les
jambes sont visiblement instituées pour être chaussées , et nous avons des chausses.
Les pierres ont été formées pour être taillées, et pour en faire des châteaux, aussi
monseigneur a un très beau château ; le plus grand baron de la province doit être le
mieux logé ; et, les cochons étant faits pour être mangé s, nous mangeons du porc toute
l'année : par conséquent, ceux qui ont avancé que tout est bien ont dit une sottise ; il
fallait dire que tout est au mieux.
»
Candide écoutait attentivement, et croyait innocemment ; car il trouvait Mlle
Cunégonde extrêmeme nt belle, quoiqu'il ne prît jamais la hardiesse de le lui dire.
Il
concluait qu'après le bonheur d'être né baron de Thunder -ten -tronckh, le second degré
de bonheur était d'être Mlle Cunégonde ; le troisième, de la voir tous les jours ; et le
quatrième, d'e ntendre maître Pangloss, le plus grand philosophe de la province, et par
conséquent de toute la terre.
Un jour, Cunégonde, en se promenant auprès du château, dans le petit bois
qu'on appelait parc, vit entre des broussailles le docteur Pangloss qui donna it une leçon
de physique expérimentale à la femme de chambre de sa mère, petite brune très jolie et
très docile.
Comme Mlle Cunégonde avait beaucoup de dispositions pour les sciences,
elle observa, sans souffler, les expériences réitérées dont elle fut tém oin ; elle vit
clairement la raison suffisante du docteur, les effets et les causes, et s'en retourna tout
agitée, toute pensive, toute remplie du désir d'être savante, songeant qu'elle pourrait
bien être la raison suffisante du jeune Candide, qui pouvait aussi être la sienne.
Elle rencontra Candide en revenant au château, et rougit ; Candide rougit aussi
; elle lui dit bonjour d'une voix entrecoupée, et Candide lui parla sans savoir ce qu'il
disait.
Le lendemain après le dîner, comme on sortait de table, Cunégonde et Candide
se trouvèrent derrière un paravent ; Cunégonde laissa tomber son mouchoir, Candide
le ramassa, elle lui prit innocemment la main, le jeune homme baisa innocemment la.
»
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