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La loreley

Publié le 16/11/2017

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La Loreley À Bacharach il y avait une sorcière blonde Qui laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde Devant son tribunal l'évêque la fit citer D'avance il l'absolvit à cause de sa beauté 5 Ô belle Loreley aux yeux pleins de pierreries De quel magicien tiens-tu ta sorcellerie Je suis lasse de vivre et mes yeux sont maudits Ceux qui m'ont regardée évêque en ont péri Mes yeux ce sont des flammes et non des pierreries 10 Jetez jetez aux flammes cette sorcellerie Je flambe dans ces flammes ô belle Loreley Qu'un autre te condamne tu m'as ensorcelé Évêque vous riez Priez plutôt pour moi la Vierge Faites-moi donc mourir et que Dieu vous protège 15 Mon amant est parti pour un pays lointain Faites-moi donc mourir puisque je n'aime rien Mon c?ur me fait si mal il faut bien que je meure Si je me regardais il faudrait que j'en meure Mon c?ur me fait si mal depuis qu'il n'est plus là 20 Mon c?ur me fit si mal du jour où il s'en alla L'évêque fit venir trois chevaliers avec leurs lances Menez jusqu'au couvent cette femme en démence Va-t'en Lore en folie va Lore aux yeux tremblants Tu seras une nonne vêtue de noir et blanc 25 Puis ils s'en allèrent sur la route tous les quatre La Loreley les implorait et ses yeux brillaient comme des astres Chevaliers laissez-moi monter sur ce rocher si haut Pour voir une fois encore mon beau château Pour me mirer une fois encore dans le fleuve 30 Puis j'irai au couvent des vierges et des veuves Là-haut le vent tordait ses cheveux déroulés Les chevaliers criaient Loreley Loreley Tout là-bas sur le Rhin s'en vient une nacelle Et mon amant s'y tient il m'a vue il m'appelle 35 Mon c?ur devient si doux c'est mon amant qui vient Elle se penche alors et tombe dans le Rhin Pour avoir vu dans l'eau la belle Loreley Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil Apollinaire, La Loreley, poème publié en 1904, repris dans Alcools, 1913. Quels sont les éléments de la "Lorelei" qui inscrivent ce texte dans la tradition poétique ? La tradition : I. Le sujet : inspiration médiévale : "Devant son tribunal l'évêque la fit citer" "Je flambe dans ces flammes ô belle Loreley Qu'un autre te condamne tu m'as ensorcelé" "Menez jusqu'au couvent cette femme en démence" ? L'Inquisition, le bûcher, le couvent : le pouvoir de la religion. + Un récit - qui évoque la ballade, la chanson populaire... Schéma narratif type présentant une situation initiale (v. 1 : "il y avait"), des péripéties, et une situation finale, le tout séparé par des connecteurs chronologiques ("puis" au vers 25). On remarque en outre une alternance de rimes féminines et de rimes masculines : FF / MM / FF? La répétition de "faites-moi donc mourir" aux vers 14-16 fait penser à un refrain. "Mon beau château", "il y avait une sorcière blonde" rappellent des refrains de chansons enfantines. Le distique élégiaque est employé depuis l'Antiquité grecque. Les distiques, à rimes plates ou simples assonances font aussi penser à la chanson populaire ainsi que la simplicité du lexique et l'emploi d...

« Quels sont les éléments de la "Lorelei" qui inscrivent ce texte dans la tradition poétique ? La tradition : I.

Le sujet : inspiration médiévale : "Devant son tribunal l'évêque la fit citer" "Je flambe dans ces flammes ô belle Loreley Qu'un autre te condamne tu m'as ensorcelé" "Menez jusqu'au couvent cette femme en démence"  L'Inquisition, le bûcher, le couvent : le pouvoir de la religion. + Un récit - qui évoque la ballade, la chanson populaire... Schéma narratif type présentant une situation initiale (v.

1 : "il y avait"), des péripéties, et une situation finale, le tout séparé par des connecteurs chronologiques ("puis" au vers 25). On remarque en outre une alternance de rimes féminines et de rimes masculines : FF / MM / FF… La répétition de "faites-moi donc mourir" aux vers 14-16 fait penser à un refrain . " Mon beau château ", " il y avait une sorcière blonde " rappellent des refrains de chansons enfantines. Le distique élégiaque est employé depuis l'Antiquité grecque. Les distiques, à rimes plates ou simples assonances font aussi penser à la chanson populaire ainsi que la simplicité du lexique et l'emploi de la forme dialoguée. Alternance de récit et de discours .

Allure orale . II.

La tradition grecque : Le feu est incorporé à la femme : la "sorcière blonde" a des "cheveux de soleil", et ses yeux sont des "pierreries" (pour l'évêque) et des "flammes" (pour la Lorelei).

Cette créature féminine, associée normalement à l'eau, comme une ondine, possède donc en elle le feu - vivante antithèse... L'air : vers 31: "Là-haut le vent tordait ses cheveux déroulés". Le vent , personnifié, agit avec violence ; il transforme la Lorelei pour en faire l'image de la folie - ou de la sorcière, emportée par une force diabolique qui la dépasse.

(Cf.

"Nuit Rhénane", où un batelier affirme avoir vu "sept femmes tordre leurs cheveux verts...") La terre : "Chevaliers laissez-moi monter sur ce rocher si haut..." C'est la hauteur extraordinaire qui permet de parler d'un univers magique. On pourrait aussi citer les " pierreries ".. »

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