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Les Mémoires (Exposé – Art & Littérature – Collège/Lycée)

Publié le 12/05/2016

Extrait du document

Recherche documentaire, Pistes de travail & Axes de recherches pour exposé scolaire (TPE – EPI)

Les Mémoires

Il est possible, dans une certaine mesure, d’y rattacher les Essais de Montaigne. Présentés dès 1580,

Les Mémoires découlent de l'autobiographie, genre dont l’origine est problématique.

 

C’est en Angleterre que le terme apparaît, dans le courant du xix* siècle, avant d'être repris en France. Il est composé de trois mots grecs: auto (soi-même), bio (vie) et graphie (écriture). À l'époque, le genre est en plein essor. Discerner les écrits qui tiennent plus des Mémoires que de l’autobiographie s'avère délicat; une définition nette et précise ne sera établie qu'en 1975 par Philippe Lejeune, spécialiste français du genre, dans Le Pacte autobiographique (voir encadré) : «L’autobiographie est un récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité. » Les Mémoires diffèrent légèrement de cette définition, puisque l’auteur y présente un récit dans lequel il tient une place prépondérante en tant que narrateur, et dans lequel les événements historiques, politiques et sociaux sont étroitement imbriqués avec sa propre histoire.

 

Les Mémoires ne sont ni un journal intime où l'on suivrait au jour le jour des aventures, ni un récit à la première personne bâti sur des faits imaginés. Fort de son expérience et de son parcours, l'auteur y développe des considérations sur son époque et fait en quelque sorte le point sur sa vie. Il y fait part de sa vision du monde, forcément subjective.

DES LIVRES DE VIE

de la vérité. Comment retranscrire l’absolue vérité lorsqu'on écrit sur sa propre existence et que le temps est passé sur tous les souvenirs? Rousseau l'exprimait â sa façon :

 

«J'écris absolument de mémoire, sans monuments, sans matériaux qui puissent me la rappeler. Il y a des événements de ma vie qui sont aussi présents que s'ils venaient d'arriver; mais il y a des lacunes et des vides que je ne peux remplir qu’à l'aide de récits aussi confus que le souvenir qui m'en est resté. »

 

Les enjeux des Mémoires sont doubles : ils sont à la fois tournés vers le moi intime et vers la réappropriation

 

d'un monde passé pour comprendre le présent.

 

Les Mémoires d'outre-tombe (1848-1850) de François René de

 

Chateaubriand expriment cette dualité : Chateaubriand propose une récapitulation de son existence, mêlant histoire publique et vie privée. C'est par ce biais que le lecteur peut comprendre que ce cheminement de l'écrivain visait à comprendre le monde et ses transformations.

 

Peu importe finalement que tout ce que l'auteur relate soit totalement vrai : la loi du genre relève plutôt de la sincérité, puisque le mouvement de l'écriture tient de la subjectivité intérieure, qui ressent les faits et les sentiments comme vrais.

« MBlOIRES, JOURNALINnME.

ROMAN·MBlOIRE.

FlcrtON AUTOBIOGRAPHIQUE ..• ~res: le narrateur est bien l'auteur qui raconte sa vie, mais en jouant le rôle d'un témoin, en relatant des événements extérieurs, des anecdotes, plus qu'en se livrant à une autoanalyse .

Jounal 11111-: le narrateur est l'auteur qui raconte sa vie, mais au fur et à mesure de son déroulement.

•-•..-..olre: le narrateur qui raconte sa vie est fict~.

différent de l'auteur mais imaginé par lui.

Fkllotl autobiop'lphique : le narrateur n'est pas l'aute ur, mais présente avec lui de nombreux points communs.

w----.., et 1770, elles CONFESSIONS J J .

II.OUSSEA .

U .

deviennent un phénomène de communion, ne sont plus qu'un intermédiaire transparent entre un auteur et son lecteur.

c__•_K_._ ..

~_·_· --' À la recherche de son identité, lliHISSeau s'y livre entièrement tout en se situant dans l'histoire.

Il place surtout au cœur de son livre la question de l'origine, de la construction de la personnalité, mettant en avant l'importance de l'enfance et bouleversant irrémédiablement le genre autobiographique.

Désormais , les écrivains qui souhaitent livrer leurs Mémoires au public ne pourront que se situer par rapport à Rousseau , soit en l'imitant soit en le condamnant.

L'ESSOI DES MibiOIIES C'est aussi au moment où Rousseau publie ses Confe ssions que l'on commence à prendre conscience de la singularité de chaque expérience humaine .

On semble découvrir que l'homme a une histoire, qu'il n 'est pas né adulte , pleinement réalisé.

Comme Rousseau l'introduit dans son œuvre, la place de l'étude de la personnalité par le biais du passé prend une importance fondamentale .

En revenant sur son histoire, l'individu assume et remodèle éventuellement son passé .

Cette nouvelle conception de la personne apparaît en même temps que l'émergence de la civilisation industrielle et l'arrivée au pouvoir de la bourgeoisie .

Le mouvement des Mémoires essaime à travers toute l'Europe .

L'Allemagne reçoit Les Affinités électives (1809) de Gaetbe , autobiographie déguisée; l'ame humaine est sondée, l'introspection tient une place prépondérante .

Cette recherche des profondeurs du moi s'accompagne toujours chez les écrivains d'une description précise de leur époque .

Se pose alors aux écrivains désireu x de publier leurs Mémoires le problème de la vérité.

Comment retranscrire l'absolue vérité lorsqu'on écrit sur sa propre existence e t que le temps est passé sur tous les souvenirs? Rous seau l'exprimait à sa façon : < d 'écris absolument de mémoire , sans monuments , sans matériaux qui puis sent me la rappeler .

Il y a des événements de ma vie qui sont aussi présents que s'ils venaient d'arriver; mais il y a des lacunes et des vides que je ne peux remplir qu'à l'aide de récits aussi confus que le souvenir qui m'en est resté. » Les enjeux des Mémoires sont doubles : ils sont à la fois tournés vers le moi intime et vers la réappropriation d'un monde passé pour comprendre le présent.

Les Mémoires d 'outre-tombe (1848-1850) de François René de Chllfeaubriand expriment cette dualité : Chateaubriand propose une récapitulation de son existence, mêlant histoire publique et vie privée .

C'est par ce biais que le lecteur peut comprendre que ce cheminement de l'écrivain visait à comprendre le monde et ses transformations .

Peu importe finalement que tout ce que l'auteur relate soit totalement vrai : la loi du genre relève plutôt de la sincérité, puisque le mouvement de l'écriture tient de la subjectivité intérieure, qui ressent les faits et les sentiments comme vrais .

L'EXPLOSION DU GENRE AU XIX• SIECLE Au XIX' siècle , c'est à croire que tout écrivain se doit de livrer ses Mémoires .

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- Tout l'espace littéraire est envahi par ce genre.

Les écrits personnels des grands écrivains romantiques sont édités, comme les Mémoires d 'Alexandre Dumas (1852) ou Histoire de ma vie de George Sand (1854-1855),1es Mémoires et autobiographies célèbres du passé sont exhumés .

Fleurissent alors des œuvres comme Confessions d 'un mangeur d'opium anglais (1821) de Thomas De Quincey, où le récit de la vie de l'auteur bataille avec des digressions époustouflantes sur tous les sujets possibles .

Tous les domaines sont ,--------:: =:::- ---.

touchés par ce foisonnement: les hommes politiques eux­ mêmes , à l'instar de Benjamin Franklin et de son Autobiographie (1771), songent à écrire leurs Mémoire s , parfois sous forme de récit de faits mémorab les, ou Mémorial , comme Napoléon, qui dictera ses Mémoires à Las Cases (Le M émorial de Sainte-Hélène , 1821 ).

Plus près de nous , le gén éral de Gaulle écrit ses Mémoires de guerre (1954 - 1959 ), où le moi s'efface devant l'Histoire pour n 'être qu'un témoin des événements et des boulever sements d 'une époque .

DtroURNEMENTS DWOLunONS lA REMISE EN CAUSE DU GENRE AU XIX' SllCLE Le succès remporté par les Mémoires auprès du public pousse les écriva ins à aller toujours plus loin dans la recherche littéraire .

Stendhal écrite en 1836 et publiée à titre posthume : l'auteur attribue à Henry Brulard ses propres initiales (Henri Beyle) et parle de «roman ».

Il s'agit d 'une ruse destinée à protéger son travail des indiscr étions.

Stendhal était très friand des Mémoire s et autobiographies , et s'en repaissait volontiers.

La Vie de Henry Brulard est une œuvre qui vient chez Stendhal à la façon d'une écriture seconde: c'est le temps de la rétrospection venant après le temps de la projection , où l'écrivain a pu bâtir son système de pensées et d'écriture .

lES ÉVDLunDNS DU XIX' SIÈCLE Avec A la recherche du temps perdu , Manet Proust brouille quelque peu les pistes ; comme pour l 'autobiographie , c'est un regard rétrospectif qui englobe l'œuvre tout entière et donne un sens à l'existence du personnage ...

L'usage du «jen est tout aussi troublant ; et Proust dira lui-même que cela conduisait les lecteurs à croire que, «au lieu de chercher à découvrir des lois générales, il s'analysait au sens individuel et détestable du mot ».

Louis-Ferdinand Céline aura également détourné les codes des Mémoires en utilisant ses souvenirs pour réinventer des récits plausibles et insp irés, comme Voyage au bout de la nuit (1932) ou D 'un château J'autre (1957).

Il présentait ses livres comme des romans et des autobiographies, mêlant deux genres bien distincts , inventant une nouvelle articulation de la vie et de l'imaginaire .

Tout au long du XY.' siècle, les auteurs n'auront de cesse de se réapproprier ce genre, d'en transformer les codes.

Marguerite Younenar, avec Les Mémoires d'Hadrien (1951 ), joue également avec la définition du genre .

Présenté comme la «méditation écrite d 'un malade qui donne audience à ses souvenirs », son livre laisse transparaître la tendres se de l'auteu r pour son personn age.

Quant à Jean-Paul Sartre , il écrit avec Les Mots (1964 ) une quasi anti­ autobiographie : Sartre y entame une parodie non de lui-même , mais de l'individu qu'il s 'est composé ...

Sans cesse il ironise sur. »

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