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Micromégas : la dénonciation de la guerre - Voltaire, 1752

Publié le 12/10/2013

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Texte « Savez-vous bien, par exemple, qu'à l'heure que je vous parle, il y a cent mille fous de notre espèce, couverts de chapeaux, qui tuent cent mille autres animaux couverts d'un turban, ou qui sont massacrés par eux, et que, presque par toute la terre, c'est ainsi qu'on en use de temps immémorial ? « Le Sirien frémit, et demanda quel pouvait être le sujet de ces horribles querelles entre de si chétifs animaux. « Il s'agit, dit le philosophe, de quelque tas de boue grand comme votre talon. Ce n'est pas qu'aucun de ces millions d'hommes qui se font égorger prétende un fétu sur ce tas de boue. Il ne s'agit que de savoir s'il appartiendra à un certain homme qu'on nomme Sultan, ou à un autre qu'on nomme, je ne sais pourquoi, César. Ni l'un ni l'autre n'a jamais vu ni ne verra jamais le petit coin de terre dont il s'agit ; et presque aucun de ces animaux, qui s'égorgent mutuellement, n'a jamais vu l'animal pour lequel ils s'égorgent.  - Ah ! malheureux ! s'écria le Sirien avec indignation, peut-on concevoir cet excès de rage forcenée ! Il me prend envie de faire trois pas, et d'écraser de trois coups de pied toute cette fourmilière d'assassins ridicules. - Ne vous en donnez pas la peine, lui répondit-on ; ils travaillent assez à leur ruine. Sachez qu'au bout de dix ans, il ne reste jamais la centième partie de ces misérables ; sachez que, quand même ils n'auraient pas tiré l'épée, la faim, la fatigue ou l'intempérance, les emportent presque tous. D'ailleurs, ce n'est pas eux qu'il faut punir, ce sont ces barbares sédentaires qui du fond de leur cabinet ordonnent, dans le temps de leur digestion, le massacre d'un million d'hommes, et qui ensuite en font remercier Dieu solennellement. «  Le voyageur se sentait ému de pitié pour la petite race humaine, dans laquelle il découvrait de si étonnants contrastes. [Haut de la page] Questions La guerre a été longtemps le seul instrument de régulation des relations humaines. A partir du dix-huitième siècle cependant se dessine un courant favorable à la paix. V...
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« [Haut de la page] Questions La guerre a été longtemps le seul instrument de régulation des relations humaines.

A partir du dix-huitième siècle cependant se dessine un courant favorable à la paix.

Voltaire est l'un de ces 'philosophes' pacifistes qui refusent d'idéaliser les guerres qui le plus souvent résultent des caprices de quelques-uns de nos princes. Dans ce texte, Voltaire imagine l'arrivée sur terre d'un habitant de Sirius qui, choqué par le comportement déraisonnable des hommes, cherche à en démontrer l'absurdité. Pour décrire la guerre à un voyageur qui ignore tout de la vie sur terre, le savant recourt à des périphrases descriptives et à des hyperboles.

Relevez-les.

Quelle vision de la guerre offrent-elles ? Pour dénoncer la guerre, Voltaire met dans la bouche de ses personnages des périphrases ou expressions détournées qui donnent une définition originale des réalités ou mettent en lumière leurs aspects négatifs :  - un fétu sur un tas de boue (= un pays restreint et sans grande valeur)  - un petit coin de terre  - des animaux couverts d'un turban (= les Turcs)  - des fous de notre espèce couverts d'un chapeau (= les Européens)  Voltaire veut aussi montrer la folie des hommes qui constituent «une fourmilière d'assassins» tout en étant «des animaux chétifs».

D'autres individus enfin ne sont désignés que par un nom générique : Sultan, César.  La démonstration de l'auteur, enfin, est renforcée par des hyperboles nombreuses telles que «cent mille fous» ou «un million d'hommes».  Malheureusement la guerre apparaît comme un mal inévitable, universel et de tous les temps.  Les motifs de la guerre sont la plupart du temps la conquête du territoire mais ceux qui la décident sont de véritables criminels : . »

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