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Résumé et analyse : LA COMÉDIE HUMAINE DE BALZAC

Publié le 05/06/2015

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Anthologie critique

Les contemporains

Victor Hugo prononça l'oraison funèbre, le 21 août 1850, au Père-Lachaise : «Tous ses livres ne forment qu'un livre, livre vivant, lumineux, profond, où l'on voit aller et venir, et marcher et se mouvoir, avec je ne sais quoi d'effaré et de terrible mêlé au réel, toute notre civilisation contempo­raine, livre merveilleux que le poète a intitulé "Comédie" et qu'il aurait pu intituler "Histoire" ; qui prend toutes les formes et tous les styles, qui dépasse Tacite et qui va jusqu'à Suétone, qui traverse Beaumarchais et qui va jusqu'à Rabelais [...] qui prodigue le vrai, l'ultime, le bourgeois, le tri­vial, le matériel et qui, par moment [...], laisse tout d'un coup entrevoir le plus sombre et le plus tragique idéal. «

Saint-Beuve, dans son « Lundi « du 2 septembre, abandonna ses réti­cences pour signaler l'importance de l'oeuvre : «Qui, mieux que lui, a peint les vieux et les belles de l'Empire ? Qui surtout a plus délicieusement tou­ché les duchesses et les vicomtes de la fin de la Restauration, ces femmes de trente ans qui, déjà venues, attendaient leur peintre avec une anxiété vague? [...] Qui, enfin, a mieux pris sur le fait et rendu dans sa plénitude le genre bourgeois, triomphant sous la dynastie de Juillet ? «

Baudelaire, dans un article consacré à Théophile Gautier, paru dans L'Artiste du 13 mars 1859, souligna le premier le génie visionnaire de Bal­zac: «J'ai maintes fois été étonné que la grande gloire de Balzac fût de passer pour un observateur ; il m'avait toujours semblé que son principal mérite était d'être visionnaire, et visionnaire passionné. [...] Chacun, chez Balzac, même les portières, a du génie. Toutes les âmes sont des âmes chargées de volonté jusqu'à la gueule [...] «

Grands écrivains et critiques du xxe siècle

Marcel Proust a attiré l'attention sur le rôle du retour des personnages, dans son Contre Sainte-Beuve, publié en 1954, mais écrit au début du siècle : «C'est l'idée de génie de Balzac que Saint-Beuve méconnaît là. Sans doute, pourra-t-on dire, il ne l'a pas eu tout de suite... Qu'importe... Mais les ajoutages, ces beautés rapportées, les rapports nouveaux aperçus brusquement par le génie entre les parties séparées de son oeuvre qui se

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rejoignent, vivent et ne pourraient plus se séparer, ne sont-ce pas de ses plus belles intuitions?.,. C'est un rayon qui a paru, qui est venu se poser à la fois sur diverses parties ternes jusque-là de sa création, les a unies, fait vivre, illuminées, mais ce rayon n'en est pas moins parti de sa pensée. «

L'année suivante parut une Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours du grand critique Albert Thibaudet: "Quand j'ai été père, dit Goriot, j'ai compris Dieu." Voilà un mot extraordinaire qui nous met aux sources de la création balzacienne. La présence de Dieu, le consentement à Dieu sont aussi évidents, aussi nécessaires, aussi absolus dans l'oeuvre de Balzac, pleine comme un jour de la création, que l'absence, l'inexis­tence de Dieu dans l'oeuvre de Proust. «

La critique contemporaine

Elle est marquée par l'influence de la critique marxiste qui, dans le sillage de G. Lukàcs (Balzac et le réalisme français), a renouvelé profondément l'approche de l'oeuvre balzacienne : « Balzac ne fait jamais de morale à pro­pos de ses héros, il montre la dialectique objective de leur ascension ou de leur déchéance. [...] L'ensemble des déterminations sociales s'exprime de façon inégale, compliquée, confuse, contradictoire, dans le dédale des pas­sions personnelles et des événements fortuits. «

Dans Balzac. Une mythologie réaliste (1971), P. Barbéris écrit: «Le roman balzacien est le roman de la famille, de la jeunesse, de la femme, de la province et de Paris, considérés non comme lieux ou moments privilé­giés ou préservés, mais bien comme lieux ou moments où se saisit le pro­cessus moderne : d'une part de volonté d'être et d'aptitude à être, d'autre part d'aliénation, de déracinement, de déshumanisation. «

D'autres approches, thématiques ou linguistiques, ont contribué à éclai­rer ce continent profus. Ainsi G. Genette (Figures Il, 1969): «Chez Balzac, [...] le discours s'étale, prolifère et paraît souvent sur le point d'étouffer le cours des événements qu'il a pour fonction d'éclairer [...] Un pas de plus, et l'action dramatique passera au second plan, le récit perdra sa perti­nence au profit du discours : prélude à la dissolution du genre romanesque et à l'avènement de la "littérature", au sens moderne du mot. «

 

Le Balzac au pluriel (1990) de N. Mozet analyse entre autres l'impor­tance du thème provincial dans le texte balzacien : « Dans "La Comédie humaine", il est toujours mortel, surtout pour un homme, de s'enraciner dans son espace originel, car une mère a le pouvoir de tuer celui auquel elle a donné la vie. Or, pour Balzac comme pour le Stendhal du Rouge, il n'y a pas de province sans maternité ou maternage. «

RÉSUMÉ

·        Première partie

 

L'action se déroule à Angoulême, préfecture de la Charente, sous la Restauration, au cours de l'année 1821. David Séchard, jeune homme inventif et généreux, reprend l'imprimerie paternelle et s'endette auprès de son père, vieillard ladre et ivrogne qui méprise et jalouse son fils. David a pour ami Lucien Chardon qui, en dépit de son patronyme, des­cend, par sa mère, d'une vieille famille noble : les Rubempré. Si le pre­mier rêve de découvrir un procédé révolutionnaire de fabrication du papier, le second, qui a publié un recueil de sonnets, nourrit des ambi­tions littéraires. L'exceptionnelle beauté de ce dernier, tout autant que ses poésies, lui ouvrent le très aristocratique salon de Mme de Barge-ton. Débute alors une liaison platonique entre Lucien et la jeune femme. Mais le directeur des Contributions, le baron Sixte du Châtelet, renégat de l'Empire, jaloux du jeune homme, dessert celui-ci auprès de la noblesse locale. Lassée de la vie de province, Mme de Bargeton part pour Paris, emmenant Lucien dans ses bagages.

Grandeur et décadence de la famille Claês

 

Le livre s'inscrit dans le sillage des Études de moeurs. Balzac décrit un drame privé qui se déroule à huis clos : la menace que fait peser sur une famille la monomanie d'un de ses membres. En se consacrant entièrement à la science, Claês provoque la ruine des siens et la mort de sa femme. «Ce citoyen, tenu de veiller au bonheur d'un ménage, de gérer une for‑

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« les innombrables drames secrets qui sont l'étoffe de la vie privée.

Spolia­ tions (Le Père Goriot, Le Colonel Chabert), adultères (Une fille d'Ève), abandons (La Femme abandonnée), incompréhensions (La Femme de trente ans, La Maison du chat qui pelote), ruines (Gobseck), etc.

Avec, au centre de ce cycle, le mariage et ses déboires.

Car Balzac situe ses personnages à cette période charnière où " la vie devient sérieuse, les intérêts positifs contrecarrent à tout marnent les pas­ sions violentes aussi bien que les espérances les plus na1 es, (Introduction aux Études de mœurs).

Sortant de la sphère familiale, les héros décou­ vrent, désenchantés, le rnonde social: "Les désillusionnements commen­ cent, ici se révèlent les frottements du mécanisme social, (idem).

La femme dans tous ses états Avec, au centre de ces" Scènes "• la femme, dont chaque récit illustre les différentes étapes de la vie: la sortie de l'adolescence (Modeste Mignon, Mémoires de deux jeunes mariées), le mariage (Le Bal de Sceaux, La Mai­ son du chat qui pelote, Le Contrat de mariage), la maturité (La Femme de trente ans).

Ou bien l'un des aspects de la condition féminine: l'épouse (Une double famille, La Paix du ménage); la rnère (La Grenadière), la femme adultère (Gobseck), l'amante délaissée (La Femme abandonnée), etc.

Balzac observe, en juriste et en moraliste, la nouvelle situation de la fernme, telle qu'elle a été transformée par la Révolution et le Code civil, sa place dans la société bourgeoise où l'individu-roi prirne la famille.

Le bilan est sombre.

Mal préparée à son futur état d'épouse et de mère, la jeune fille est la victime du mariage et d'une société.

Nourrie d'illusions romanesques au pensionnat, comme Renée de Maucornbe (Mémoires de deux jeunes mariées), elle devra renoncer à ses rêves.

Trop vertueuse en raison d'une éducation inadaptée, comme la belle Angélique Granville d'Une double famille, elle pousse son mari à l'adultère.

Imbue de ses pré­ jugés de classe, l'orgueilleuse Émilie de Fontaine refusera un mariage d'amour avec Maximilien de Longueville et finira par épouser un vieillard (Le Bal de Sceaux).

Supérieure par ses qualités, Mme de Beauséant sera tra­ hie par le médiocre Gaston de Nueil (La Femme abandonnée).

Veut-elle sortir de sa classe, comme Augustine Guillaume, l'héroïne de La Maison du chat qui pelote qui épouse un artiste, ou cornme Anastasie Goriot qui épouse M.

de Restaud (Gobseck), leur mariage est un échec.

On le voit, le mariage est le véritable centre de gravité des ''Scènes de la vie privée», objet et enjeu d'une longue série de drames domestiques.

Tra­ versé qu'il est par l'argent, moteur de ces tragédies privées.

Paul de Maner- 28. »

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