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Du sacré au profane (mythologie et littérature)

Publié le 22/10/2013

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Parce qu'ils sont le récit de cc qui dépasse l'ordre humain, parce qu'ils font une large part au surnaturel, les mythes antiques sont étroitement liés à la religion. Il en est ainsi du théâtre grec qui montre des héros face à un destin qui leur échappe, qui met en scène la volonté impuissante des hommes, représentés par les acteurs, et celle des dieux, traduite par le choeur. Le sacré impose le respect et la piété, fixe des interdits que l'homme ne doit pas transgresser, et rend les mystères inaccessibles et indéchiffrables.

« la curiosité de Jupiter dont le regard s'est posé sur la nudité d'Alcmène semble moins appartenir à une démarche divine ou sacrée qu'à un voyeurisme humain, quelque peu teinté d'érotisme.

Ainsi le doute exprimé dans Électre à propos de l'identité du Mendiant dont on ne sait s'il est un dieu ou un véritable vagabond.

Ainsi dans la même pièce de Giraudoux, le scepticisme d'Égisthe qui affirme suc­ cessivement : « Je crois aux dieux.

Ou plutôt je crois que je crois aux dieux.

» Ainsi la faiblesse de femme amoureuse que trahit l'égarement du Sphinx dans La Machine infernale : «J'ai la fièvre, je voudrais le rejoindre d'un bond, lui cracher au visage, le griffer, le défigurer, le piétiner, le châtrer, l'écorcher vif!» La dérision du sacré Un des caractères les plus frappants de l'attitude des dramaturges modernes à l'égard des mythes antiques, c'est l'irrévérence.

Elle se traduit d'abord dans la manière dont sont représentés les dieux, tant dans leur apparence physique que dans leurs propos : Jupiter se découvre une ride après la nuit d'amour passée avec Alcmène (Amphitryon 38) ; la didascalie initiale des Mouches présente Jupiter comme le « dieu des mouches et de la mort » ; la réplique d'iris, la messagère des dieux, est une caricature de la parole divine (La guerre de Troie n'aura pas lieu) ; les petites Euménides répondent insolemment : « Le destin te montre son derrière, jardinier» (Électre).

Elle se traduit ensuite par les propos irrespectueux que tiennent les person· nages à l'égard du divin : pour Égisthe, les dieux sont« des boxeurs aveugles, des fesseurs aveugles » (Électre) ; Alcmène tient tête à Jupiter avec une belle assu­ rance lorsqu'elle répond à Mercure:« Mon mari peut être pour moi Jupiter.

Jupiter ne peut être mon mari» (Amphitryon 38); Oreste affirme à Jupiter: «Mais tu n'es pas le roi des hommes » (Les Mouches) ; Jocaste appelle le devin Tirésias « Zizi » (La Machine infernale).

La dérision du sacré peut tout aussi bien s'appliquer à l'enfer.

Orphée en donne un exemple frappant avec la phrase énigmatique(« Madame Eurydice reviendra des enfers ») dont le sens tient moins dans les mots que dans leurs lettres initiales (M.E.R.D.E.).

Le refus de la transcendance La caractéristique la plus commune aux différents dramaturges contemporains est l'influence de courants de pensée tels que le scepticisme et le matérialisme.

Aussi faut-il moins voir dans la dérision du sacré un refus de la religion et de la croyance qu'une remise en cause du sens à donner à la vie humaine.

Le sentiment de l'absurde, si présent dans le roman contemporain, s'exprime également dans un théâtre qui puise à des sources humanistes pour refuser à l'homme le secours de toute valeur supérieure.

L'ordre divin ne permet donc aucune transcendance.

Les hommes doivent d'abord compter sur eux-mêmes et affronter ou conquérir leur destin.

Tel est l'en­ seignement que livre Sartre pour qui le héros tragique est d'abord le conquérant de sa liberté, c'est-à-dire d'un destin revendiqué et assumé par les actes.

Cette orientation qui met l'humain -et non plus le divin -au centre de ce théâtre se retrouve à des degrés moindres, mais bien réels, chez la plupart des héros de Giraudoux, de Cocteau et d' Anouilh.

CEdipe, Électre, Antigone sont d'abord les personnages d'une conquête identitaire qui passe par l'action.

Aussi ne faut-il pas s'étonner de voir le schéma de la tragédie remplacé par celui du drame.. »

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