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Le travail épique 1 chez Djibril Tamsir Niane : étude des parallèles-homologies, des parallèles-différences et des jeux de paradoxe : le cas de l’épopée mandingue

Publié le 25/11/2013

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travail
1 1 Le travail épique chez Djibril Tamsir Niane : étude des parallèles-homologies, des parallèles-différences et des jeux de paradoxe : le cas de l'épopée mandingue ODI GEOFFROY Résumé La présente étude interroge le retour de la confusion, notion jugée a priori problématique. Elle apparaît systématiquement et par pur paradoxe, après ou avant le cérémonial classique de l'épiphanie héroïque. Elle découvre, sur la base d'une approche décontextualisante, c'est-à-dire d'une forme de reniement de tous les préjugés ou encore de corruption des réquisits genrologiques doxiques, que l'épopée est le champ de vérités contradictoires, valables les unes autant que les autres. L'épopée mandingue, en effet, reprend des scènes et tisse un réseau de relations ayant parties liées aux problèmes politiques contemporains. Mots clés : décontextualisante, vérités contradictoires, réseaux, problèmes politiques contemporains. Abstract The present study questions the return of confusion, notion judged hardly problematical. It appears systematically and by pure paradox, after or before the classic ceremonial of heroic epiphany. It discovers the basis of a non-contextualised, that is to say a shape of renunciation of all prejudices or of corruption again usual typical requisits, that epic is the field of contradictory truths, worthwhile one another as much. Mandingue epic in fact, take again scenes and weave some systems of relations sometimes tie up with the present political problems. Keys-words: non-contextualised, contradictory truths, systems, present political problems. 1 L'épopée africaine a la spécificité de toujours poser des problèmes politiques. Le travail épique réside donc dans la potentialité qu'a la littérature (surtout de l'épique) de s'enrichir d'outils de compréhension des crises politiques en se focalisant non plus uniquement sur des clichés, mais un ensemble novateurs d'indices dont les parallèles et le jeu des paradoxes. 2 Introduction Lorsque l'on situe l'oeuvre de Djibril Tamsir Niane, Soundjata ou l'épopée mandingue1, dans son contexte historique, le constat que le monde où elle s'élabore est marqué par une extrême crise politique. Les batailles, les guerres que décrit le narrateur en constituent les métaphores. Du coup, les études de ce texte sont généralement axées sur les affrontements armés. La présente analyse innove. Arès2 est, à la fois, en amont et en aval de la réflexion. Il n'est plus le sommet, l'unique objet. S'il est convenable de penser que l'épopée raconte la mêlée3, il faut préciser que cette mêlée n'est pas uniquement d'un ordre militaire ; et de là, le travail épique qui donne à voir les parallèles4, outils essentiels de l'élucidation de l'épique sous toutes ses formes, mais aussi les paradoxes dont l'étude consiste à se défaire des a priori, et prendre conscience de l'équilibre de la validité des voix. Il faut à ce niveau « essayer les divers possibles, les prendre au sérieux : suivre leur logique sans décider d'avance de leur valeur respective. »5 La problématique s'énonce, en effet, comme suit : - Quelle lecture peut-on faire des similitudes qui surgissent de la différence des situations ? - En quoi est-ce que la confrontation des caractères est un outil essentiel à la construction de la figure héroïque ? - Enfin, comment s'élabore la relativité de la vertu par le travail épique ? A travers une lecture sémiotique et sociocritique, l'objectif de cette réflexion sera donc d'explorer les parallèles-différences auxquels l'on adjoindra les parallèles-homologies et les jeux de paradoxe. L'applicabilité de cette perspective d'analyse à l'oeuvre de Djibril Tamsir Niane est telle que se découvre un réseau contrasté de relations, ainsi que l'annihilement du paradigme de l'excellence et de la vertu qui, jusque-là, faisait la connotation de Soundjata et des siens. I : LE PARALLÈLE-HOMOLOGIE : DE LA SIMILITUDE DES CAS La notion de parallèle-homologie procède des situations relationnelles entre les personnages. L'épopée a la vertu ontologique de construire des paires de relations similaires. En témoigne l'illustration de Florence Goyet à propos de L'Iliade6 : « Dès le chant I, l'affrontement entre Achille et Agamemnon est repris, "rejoué" par un affrontement homologue entre Zeus et Héra. Zeus a réussi autrefois ce 1 Djibril Tamsir Niane, Soundjata ou l'épopée mandingue, Paris, Présence Africaine, 1969. Dieu de la guerre dans la mythologie grecque, la simple évocation de son nom symbolise la guerre dans toute sa brutalité. 3 Daniel Madelénat, L'Epopée, Paris, PUF, 1986, p. 65. Pour lui en effet, le combat est "l'axe de l'action e t le thème épique privilégié". 4 Florence Goyet, dans son article en ligne "L'épopée" in http://www.vox-poetica.com/sflgc/biblio/goyet2.html, consulté le 11/07/2011, distingue le parallèle -différence du parallèle-homologie. 5 Ibidem 6 Homère, L'Iliade, Paris, Garnier, 1965. 2 3 qu'Agamemnon tente aujourd'hui ; il a imposé un pouvoir autocratique, la communauté des dieux n'est plus qu'obéissance. »1 Il y a donc parallèle-homologie chaque fois qu'une scène, jouée dans un premier contexte, est reprise dans une situation différente par d'autres personnages qui lui assignent leur originalité en démultipliant sa signification. En référence à l'épopée mandingue, trois cas de parallèles-homologies sont perceptibles. 1 : La cyclicité de l'exil L'exil est par définition l'expulsion d'un individu hors de sa patrie. En littérature, est considéré comme exilé tout personnage qui, pour une raison quelconque, connaît une délocalisation, un mouvement volontaire ou non vers un espace nouveau. C'est dans cet ordre d'idée que le séjour de Dôgbôwradji2 dans la termitière, des lunes durant, est un exil. Dans l'épopée mandingue, l'exil factuel est celui de Soundjata. Le personnage est la cible des méchancetés de Sassouma Bérété3. La sagesse et l'instinct maternel poussent alors Sogolon4 à protéger son fils en l'extirpant du champ d'action de la menace de Bérété. En l'amenant en exil, elle le met hors de l'étreinte criminelle de la reine-mère. De même, la scène de l'exil est rejouée à la fin de l'oeuvre par le personnage de Soumaoro, vaincu à la bataille de Krina. Pendant sa longue fuite, le vieillard échappe de justesse à ses poursuivants et disparaît dans une grotte béante. De là il ne ressortira jamais et vivra5 loin des siens. Soumaoro essaie, en effet, ce qu'a réussi Soundjata, il y a de cela quelques années : rechercher, dans le repli stratégique, des ressources pour atteindre un objectif en souffrance. Dans les deux cas, l'exil revêt les mêmes motivations : fuir une force dominante pour se préserver de la mort. Toutefois, dans sa manifestation, l'obscurité épique surgit. Alors que Soundjata est dépeint, ses apprentissages et sa maturation suivis à la lettre, Soumaoro est abandonné au néant des ténèbres abyssales de la grotte où il disparaît. D'un point de vue sémiotique, la grotte symbolise le tombeau, donc la mort, la porte d'entrée chez Adès 6. Elle est donc sans issue, d'où la justification du fait que Soumaoro qui ne réapparaît plus. Le parallèle-homologie vise, dans ce cas, un jeu de volte-face. D'un côté, se déploie une rhétorique descriptive valorisante et une actorialisation épiphanique, tandis que de l'autre, le lecteur se félicite d'une désubstantialisation se Soumaoro : ce parallèle conforte la providentialité du triomphe christique de Soundjata. 1 Florence Goyet, op. cit. Zadi Zaourou, « Dôgôwradji » in Bissa n°1 (Nouvelle série), 1988. Dans cette épopée, en effet, la mère de
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« 2 Introduction Lorsqu e l ’on situe l’œuvre de Djibril Tamsir Niane , Soundjata ou l’épopée mandingue 1, dans son contexte historique, le constat que le monde où e lle s’élabore est marqué par une extrême crise politique.

Les batailles , les guerres que décrit le narrateur en constituent les métaphores.

Du coup, les étude s de ce texte sont généralement axée s sur les affrontements armés .

La présente analyse innove.

Ar ès 2 est, à la fois, en amont et en aval de la réflexion .

Il n’est plus le sommet, l’unique objet .

S’il est convenable de penser que l’épopée raconte la mêlée 3, il faut préciser que cette mêlée n’est pas uniquement d’un ordre militaire ; et de là , le travai l épique qui donne à voir les parallèles 4, outils essentiels de l’élucidation de l’épique sous toutes ses formes , mais aussi les paradoxes dont l’étude consiste à se défaire des a priori, et prendre conscience de l’équilibre de la validité des voix .

Il fau t à ce niveau « essayer les divers possibles , les prendre au sérieux : suivre leur logique sans décider d’avance de leur valeur respective .

»5 La problém atique s’énonce, en effet, comme suit : - Quelle lecture peut -on faire des similitudes qui surgissent d e la différence des situations ? - En quoi est -ce que la confrontation des caractères est un outil essentiel à la construction de la figure héroïque ? - Enfin, comment s’élabore la relativité de la vertu par le travail épique ? A travers une lecture sémioti que et sociocritique, l’objectif de cette réflexion sera donc d’explorer les parallèles -différences auxquels l’on adjoindra les parallèles -homologie s et les jeux de paradoxe. L’applicabilité de cette perspective d’analyse à l’œuvre de Djibril Tamsir Niane est telle que se découvre un réseau contrasté de relations, ainsi que l’annihilement du paradigme de l’excellence et de la vertu qui, jusqu e-là, faisait la connotation de Soundjata et des siens .

I : LE PARALLÈ LE -HOMOLOGIE : DE LA SIMILITUDE DES CAS La no tion de parallèle -homologie procède des situations relationnelles entre les personnages.

L’épopée a la vertu ontologique de construire des paires de relations similaires.

En témoigne l’illustration de Florence Goyet à propos de L’Iliade 6 : « Dès le chant I, l’affrontement entre Achille et Agamemnon est repris, "rejoué" par un affrontement homologue entre Zeus et Héra.

Zeus a réussi autrefois ce 1 Djibril Tamsir Niane, Soundjata ou l’épopée mandingue , Paris, Pr ésence Africaine, 1969. 2 Dieu de la guerre dans la mythologie grecque, la simple évocation de son nom symbolise la guerre dans toute sa brutalité. 3 Daniel Madelénat, L’Epopée , Paris, PUF, 1986, p.

65.

Pour lui en effet, le combat est "l’axe de l’action e t le thème épique privilégié". 4 Florence Goyet, dans son article en ligne "L’épopée" in http://www.vox -poetica.com/sflgc/biblio/goyet2.html , consulté le 11/07/2011, distingue le parallèle -différence du parallèle -homologie. 5 Ibidem 6 Homère, L’Iliade , Paris, Garnier, 1965.. »

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