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UNE VOCATION Ceci surtout: demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit: «Suis-je vraiment contraint d'écrire?» Rainer Maria Rilke

Publié le 29/03/2015

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«Une oeuvre d'art est bonne quand elle est née d'une nécessité. C'est la nature de son origine qui la juge. Aussi, cher Monsieur, n'ai-je pu vous donner d'autre conseil que celui-ci : entrez en vous-même, sondez les profondeurs où votre vie prend sa source. C'est là que vous trouverez la réponse à la question : devez-vous créer ? De cette réponse recueillez le son sans en forcer le sens. Il en sortira peut-être que l'Art vous appelle. Alors prenez ce destin, portez-le, avec son poids et sa gran­deur, sans jamais exiger une récompense qui pourrait venir du dehors. Car le créateur doit être tout un uni­vers pour lui-même, tout trouver en lui-même et dans cette part de la Nature à laquelle il s'est joint.

Il se pourrait qu'après cette descente en vous-même, dans le "solitaire" de vous-même, vous dussiez renoncer à devenir poète. (Il suffit, selon moi, de sentir que l'on pourrait vivre sans écrire pour qu'il soit interdit d'écrire.) Alors même, cette plongée que je vous demande n'aura pas été vaine. Votre vie lui devra en tout cas des chemins à elle.«

Quand on lui demandait pourquoi il écrivait, question à laquelle les écrivains d'aujourd'hui doivent répondre des centaines de fois dans leur vie, Paul Morand répondait : «Pour être riche et honoré. « Mais il s'agissait évidemment d'une boutade. Car choisir de se consacrer à l'écriture — si

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Une vocation I 41 fait d'écrire s'apparente à une vocation tout aussi impé­ rieuse que la vocation religieuse.

«Creusez en vous-même vers la plus profonde réponse.

Si cette réponse est affirmative, si vous pouvez faire front à une aussi grave question par un simple "Je dois", alors construisez votre vie selon cette nécessité.

Votre vie, jusque dans son heure la plus indifférente, la plus vide, doit devenir signe et témoin d'une telle poussée.» Dans les lignes qui suivent, Rilke donne d'autres conseils: «N'écrivez pas des poèmes d'amour»; «Fuyez les grands sujets»; «Pour le créateur, rien n'est pauvre, indifférent».

Il revient ensuite sur sa première idée qui lui paraît fonda­ mentale: «Une œuvre d'art est bonne quand elle est née d'une nécessité.

C'est la nature de son origine qui la juge.

Aussi, cher Monsieur, n'ai-je pu vous donner d'autre conseil que celui-ci : entrez en vous-même, sondez les profondeurs où votre vie prend sa source.

C'est là que vous trouverez la réponse à la question : devez-vous créer? De cette réponse recueillez le son sans en forcer le sens.

Il en sortira peut-être que I' Art vous appelle.

Alors prenez ce destin, portez-le, avec son poids et sa gran­ deur, sans jamais exiger une récompense qui pourrait venir du dehors.

Car le créateur doit être tout un uni­ vers pour lui-même, tout trouver en lui-même et dans cette part de la Nature à laquelle il s'est joint.

Il se pourrait qu'après cette descente en vous-même, dans le "solitaire" de vous-même, vous dussiez renoncer à devenir poète.

(Il suffit, selon moi, de sentir que l'on pourrait vivre sans écrire pour qu'il soit interdit d'écrire.) Alors même, cette plongée que je vous demande n'aura pas été vaine.

Votre vie lui devra en tout cas des chemins à elle.» .....

Quand on lui demandait pourquoi il écrivait, question à laquelle les écrivains d'aujourd'hui doivent répondre des centaines de fois dans leur vie, Paul Morand répondait : «Pour être riche et honoré.» Mais il s'agissait évidemment d'une boutade.

Car choisir de se consacrer à l'écriture -si. »

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