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CONSEILS DE MÉTHODE

Publié le 01/07/2015

Extrait du document

B.   « Peut-on... ? «

Les sujets commençant par « Peut-on... ? « interrogent la possibilité d'af­firmer, de soutenir, d'être, de faire... ou non quelque chose. Cela implique évidemment qu'on se demande si cela est possible pratiquement (est-ce qu'effectivement, dans la vie, c'est réalisable), mais également si cela est légitime. Il faut donc distinguer les plans du fait et du droit, de ce qui est ou peut être, et de ce qui doit ou devrait être. Les formulations « Peut-on ? « et « Doit-on ? « s'appellent donc réciproquement : de même qu'on ne peut pas défendre jusqu'au bout quelque chose de possible pratiquement mais d'insoutenable éthiquement (je peux tuer mon voisin pour m'emparer de ses biens ou parce qu'il me dérange, mais je ne le dois pas, pour des raisons évidentes de respect de la vie d'autrui et de ses idées, etc.), de même, on ne peut pas soutenir jusqu'au bout des thèses dont on sait qu'elles n'ont aucun impact sur la vie des hommes (on devrait peut-être être tous frères et vivre dans le communisme ici compris dans son sens idéal, mais cela est impossible pratiquement).

C.   « Faut-il... ? «

Les intitulés commençant par « Faut-il... ? « vous interrogent sur l'éven­tuelle nécessité de quelque chose. Est nécessaire, objectivement, ce qui ne peut pas ne pas être et ce qui ne peut pas être autrement qu'il n'est, et est nécessaire, subjectivement cette fois, ce que personnellement je ne conçois pas pouvoir être autrement.

Par exemple, on peut soutenir qu'il faut toujours dire la vérité, d'un point de vue scientifique ou encore technique. Mais cela est-il si certain d'un point de vue éthique ? N-y-a-t-il pas certaines situations qui requièrent le mensonge, direct ou par omission, et alors pourquoi ?

D.   « Que pensez-vous de... ? «

Lorsque l'on vous demande : « Que pensez-vous de... ? «, il faut bien prendre garde, précisément, à ne pas exposer de façon directe et unila­térale votre propre opinion sur le sujet. Ainsi qu'il a déjà été signalé, votre thèse sera d'autant plus valide qu'elle sera passée par l'examen et la réfutation préalables des thèses concurrentes. Donc pas d'utilisation injus­tifiée et abusive du je dans ce type de sujet. Retenez de façon générale que l'usage du je est à proscrire, sauf lorsqu'il a une valeur universelle et peut s'appliquer à tout homme. C'est notamment le cas du cogito de Des­cartes : « Je pense, donc je suis «. Mais ces cas sont rares !

L'avantage de ce type de sujet est de proposer déjà une problématique, qu'il> s'agit alors d'expliquer (première partie, voire les deux premières), puis de nuancer, voire de réfuter (fin du devoir).

Pour traiter le sujet : « Que pensez-vous de cette idée que seul l'État per­met la création de la liberté ? « vous pouvez commencer par expliquer le sens de cette affirmation, à connotation hégélienne. L'état de nature étant une fiction, la liberté naturelle est elle-même inexistante. Puis vous pou­vez montrer que cette première thèse sur la liberté est discutable : Rous­seau, notamment, peut vous aider à démontrer que la liberté est naturelle à l'homme. Enfin (en conclusion, voire dans une dernière partie), prenez position en faveur d'un auteur ou bien d'un autre, en nuançant votre thèse grâce aux emprunts faits à celle que vous n'avez pas retenue.

E.   « A-t-on raison de... ? «

Enfin, l'on peut vous demander « A-t-on raison de... ? «. Ce type de for­mulation requiert une distinction entre les domaines du rationnel (logique et surtout théorique) et du raisonnable (pratique et éthique, concernant la société, la morale, etc.), qui recoupe assez bien la coupure établie entre le possible et le légitime dans le type de sujet précédent. Un projet ou une théorie peuvent ainsi s'avérer rationnels et non contradic­toires, et être pourtant tout à fait déraisonnables.

C'est pourquoi l'on retrouve souvent ce type de formulation dans les sujets sur la technique (« A-t-on raison d'accuser la technique ? «). Car si l'on ne peut que se féliciter, d'un point de vue logique et théorique, de ses progrès, on peut en revanche légitimement en discuter certaines applica­tions déraisonnables voire insensées. La bombe atomique est ainsi une invention merveilleuse. Mais chacun s'accordera aisément à reconnaître

que l'usage qui en a été et continue d'en être fait soulève de nombreuses interrogations et même l'indignation.

I. Conseils généraux

Il s'agit de produire une argumentation formellement correcte et rigoureuse, afin d'apporter une réponse ferme mais nuancée à la question posée. Une réponse, car tous les arguments ne se valent pas (tout n'est pas dans tout et réciproquement : c'est ce que l'on appelle le « relativisme «, à proscrire absolument), nuancée, car elle aura au préa­lable nécessité l'effort d'un examen minutieux de la pertinence et des limites de la (ou des) thèse(s) adverse(s).

Ainsi, une dissertation ressemble à une discussion ou plutôt, pour employer un terme platonicien, à une « dialectique « : de même que vous ne parviendrez à convaincre l'interlocuteur qui est en face de vous qu'en prenant en compte sa propre pensée et en faisant véritablement l'effort de lui en montrer l'éventuelle insuffisance, de même, vous n'emporterez l'adhésion de votre correcteur qu'en lui montrant en quoi la ou les thèses rejetées sont insatisfaisantes théoriquement ou pratiquement. C'est bien pourquoi l'épreuve de philosophie n'est pas aléatoire ou notée « à la tête du client« : une thèse est d'autant plus valide et forte qu'elle n'est pas

exposée de façon unilatérale ou dogmatique, mais s'efforce vraiment de mettre au jour les insuffisances des autres.

Il est bien évident que les pensées des différents philosophes sont ici d'une utilité sans pareille. Il ne s'agit pas de les recopier ou de les réciter, mais bel et bien de les utiliser, c'est-à-dire de les mettre au service de sa propre problématique. C'est toute la différence entre l'histoire de la phi­losophie, ou ce que l'on appelle le défaut « doxographique « (défilé d'au­teurs sans que le rapport direct avec le sujet soit toujours clairement mon­tré), et la philosophie ou pensée autonome, qui se nourrit des pensées des grands hommes afin de se forger une culture et une thèse personnelles.

Que vous ayez ainsi recours à un exemple (littéraire, artistique, emprunté à la vie quotidienne, etc.) ou à une référence philosophique (un exemple ou une référence par paragraphe, et un argument par paragraphe), la règle est la même : ceux-ci doivent être justifiés et utilisés, afin de faire pro­gresser l'argumentation. Demandez-vous alors toujours, avant de faire votre choix, ce que l'exemple ou la référence choisis apportent à l'argu­ment en particulier et à la progression en général, et pensez à montrer clairement (par une phrase de synthèse par exemple) quelle utilisation vous en faites.

Enfin, soignez les transitions, c'est-à-dire le passage d'une partie à une autre, mais aussi d'un argument à un autre au sein d'une même partie. Car la transition doit montrer à la fois l'insuffisance de ce qui précède et la nécessité de poursuivre, en conséquence, l'argumentation. « Après avoir vu la liberté comme absence de contraintes, nous allons voir la liberté comme capacité d'obéir à des lois « ne constitue pas une transition, même si cela vaut mieux qu'un passage abrupt et non signalé d'une thèse à l'autre. En revanche : « Nous avons tenté de montrer que la liberté com­prise comme absence de contraintes n'était ni tenable pratiquement (puisque la vie en société en devient impossible), ni satisfaisante de façon générale (l'homme n'est-il pas en effet le seul être raisonnable, capable, donc, de se prescrire à lui-même des lois tirées de la seule raison ?). Il s'avère donc à présent nécessaire d'envisager dans quelle mesure la loi ou l'obligation peuvent contribuer à fournir une conception plus haute et plus digne de la liberté «, est une véritable transition.

II. Les différents types de formulation des sujets A. « Qu'est-ce que... ? «

 

Les sujets commençant par « Qu'est-ce que... ? « appellent une définition. On pense ici à la question platonicienne par excellence, qui inaugure tous les dialogues de Platon : Qu'est-ce que (ti esti en grec) le beau, le courage, la vertu, la science, la justice, etc., et non pas « Qu'est-ce qui ? « est beau,

« CONSEILS PRATIQUES constituera la liste que le candidat présentera éventuellement au rattra­ page.

Elle n'est donc pas à négliger en cours d'année: le temps de travail et de réflexion que vous y aurez consacré vous servira dès l'écrit et, sur­ tout, vous fera économiser un temps précieux et un stress inutile si vous passez l'oral.

L'ÉPREUVE DE PHILOSOPHIE AUX BACCALAURÉATS STT, STI, STL, SMS et F11 Il s'agit d'une épreuve écrite d'une durée de quatre heures, coefficient 2.

L'oral n'intervient que dans l'hypothèse où vous iriez au rattrapage.

1.

Le choix du sujet Vous aurez à choisir entre deux sujets de dissertation et un sujet texte­ questions.

Chacun de ces exercices requiert des qualités et un entraîne­ ment spécifiques.

La dissertation nécessite des aptitudes et un entraînement à la rédaction.

au raisonnement, à la démonstration et à la réfutation, clairs et ordonnés.

Le texte-questions présuppose que 1 'on soit capable de « se glisser dan~ la peau» de l'auteur, c'est-à-dire de comprendre et d'expliquer non seule­ ment sa thèse, mais aussi pourquoi il a choisi de l'exprimer dans ce style­ là, avec ces mots et dans cet ordre-là.

Il requiert enfin la capacité de prendre du recul par rapport à la pensée de l'auteur, afin d'adopter, dans la question 3, un point de vue plus complet, voire plus nuancé.

L'on pense très souvent que le second type de sujet est plus facile que le premier, parce qu'il fournit un support déjà écrit à la pensée.

C'est une erreur, pour deux raisons: d'une part, il n'est pas du tout certain que l'on soit capable de comprendre et d'expliquer n'importe quel texte avec la même pertinence, même lorsque des questions ont pour but de nous y gui­ der; d'autre part, la question 3 constitue véritablement une « mini-disser­ tation », qui requiert par conséquent de posséder aussi les qualités requises pour le premier type de sujet.

Il.

La gestion des quatre heures De façon générale, ne consacrez pas plus de dix minutes au choix du sujet.

Plus vous tarderez, plus vous hésiterez, et, surtout, moins il vous restera de temps effectif pour le traiter.

Mais ne choisissez pas non plus sur un « coup de tête » : méfiez-vous des intitulés ou des textes qui «res­ semblent» à l'un de ceux que vous avez pu traiter dans l'année (gare au hors sujet!).

Assurez-vous que l'éventuel enthousiasme ou l'hypothétique répugnance que vous éprouvez spontanément envers tel ou tel intitulé sont. »

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