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Qu'est-ce que comprendre autrui ?

Publié le 04/07/2015

Extrait du document

En d'autres termes, ce pari, sur la possibilité de la morale qu'énoncent la présence et la vision d'autrui, n'implique aucun savoir certain. La compré­hension de ce que m'offre autrui se déploie sans recours au langage ni aux cadres et exigences classiques du savoir : elle n'existe que par la saisie du sens de sa présence. Le Tu ne tueras pas « peut, au mieux, s'expliciter tomme « Tu ne détruiras pas en autrui ce qui a autant de valeur que toi «, mais ne m'invite pas à admettre que cette valeur « serait nécessairement, de part er d'autre, la même. Le paradoxe est que, reconnaissant la présence de l'humain dans autrui, je ne peux préciser son humanité au-delà du mouvement symétrique qu'il accomplit pour reconnaître la présence de l'humain en moi. Ainsi, je le « comprends « dans une humanité dont la définition n'est pas même élaborée : elle n'est rien d'autre que ce mouve­ment d'autoreconnaissance ou d'auto-affirmation par-delà les différences évidentes entre les hommes qui la constituent.

[Conclusion]

 

Comprendre autrui comme tel, et non seulement ce par quoi il me ressemble, c'est se faire accueillant à ce par quoi il ne me ressemble pas. C'est donc admettre, au moins implicitement, que je ne peux le connaître « classiquement. Une telle ouverture, fondée sur un non-savoir assumé, laisse à la singularité d'un vécu irremplaçable, auquel aucun autre ne peut prétendre se substituer, la possibilité d'affirmer précisément son étrangeté. Une telle compréhension va de pair avec le respect d'autrui, niais du même coup, elle permet d'accéder à la conception d'une humanité qui ne doit sa cohérence qu'à sa capacité d'affirmer l'infinie multiplicité des versions de l'humain qui la composent.

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