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LES CRITÈRES DE LA VÉRITÉ

Publié le 24/03/2015

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TEXTE

« ... Ce que Descartes, je m'en souviens, dit quelque part à savoir que, lorsque nous parlons de quelque chose en com­prenant ce que nous disons, nous avons une idée de cette chose, n'est pas valable. En effet il arrive souvent que nous combinions des incompatibles comme lorsque nous parlons du mouvement le plus rapide, chose impossible, c'est établi, dont il n'y a en conséquence pas d'idée, et dont cependant il nous est loisible de parler en nous comprenant. En effet, je l'ai expliqué ailleurs, souvent nous ne pensons que confusément ce dont nous parlons et nous ne sommes pas conscients de l'idée qui existe dans notre esprit, sauf si nous saisissons la chose par l'intelligence et si nous l'analysons suffisamment. «

 

(Leibniz, Remarques sur Descartes, à propos des Principes de philosophie, I, 18.)

Ce court extrait nous permet d'opposer méthode cartésienne et méthode leibnizienne. La définition cartésienne du vrai par l'évi­dence débouche sur une méthode d'ascèse, de purification spi­rituelle. Comment distinguer l'évidence de ses contrefaçons ? En appliquant avec rigueur la méthode du doute. L'évidence cartésienne c'est ce qui aura pu résister à tous les assauts du doute. Le doute est le plus grand réducteur des préjugés, des fausses évidences. La conquête du vrai est ainsi le fruit d'une lutte constante avec soi-même.

 

A cette expérience spirituelle Leibniz oppose sa méthode logique, rationnelle. Le vrai c'est ce qui peut être déduit par un calcul bien réglé. Une notion est adéquate quand le calcul me permet de la résoudre en ses éléments. D'où la nécessité d'élaborer un langage scientifique rigoureux, de définir un ensemble de signes avec les règles de leur emploi. Symboli­sations rigoureuses, analyses exhaustives, examen des « com­patibilités «, voilà les instruments d'une démonstration rigou­reuse. Au volontarisme ascétique de Descartes, Leibniz oppose son panlogisme.

« ..

"" • • • • • • • • • • • • • reconnaîtrons qu'une idée es< claire et distincte.

Le critère pure­ ment psychologique de l'évidence est donc insuffisant.

Il faudrait un critère logique de la vérité.

Descartes, notons-le, est conscient de ce problème.

Dans ses Réponses aux cinquièmes objections il reconnaîtra précisément que « l'erreur ne consiste qu'en ce ce qu'elle ne paraît pas comme telle ».

Et dans le Discours de la Méthode il avait dit : « Je jugeai que je pouvais prendre pour règle générale que les choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement, sont toutes vraies, mais qu'il y a seulement quelque difficulté à bien remarque.

quelles sont celles que nous concevons distinctement.

» Leibniz critique dans ce texte la définition de la vérité par l'évi­ dence - définition qu'il estime vague et subjective -et propose son propre critère.

b) Explication détaillée du texte « Ce que Descartes dit quelque part ...

n'est pas valable.

» .

..

L'endroit visé par Leibniz c'est un texte des Secondes réponses dont on peut rapprocher un passage d'une lettre à Mersenne de juillet 1641 : « Nous ne saurions rien exprimer par nos paroles, lorsque nous entendons ce que nous disons, que de cela même il ne soit certain que nous avons eu en nous l'idée de la chose qui est signifiée par nos paroles.» Parler en comprenant ce qu'on dit est donc pour Descartes le signe que nous possédons une idée authentique.

Le langage, pour Descartes comme pour les cartésiens de la Logique de Port-Royal est le reflet de la pensée.

Peu importe la langue dans laquelle nous nous expri­ mons : on peut penser clairement en bas breton.

L'instrument linguistique en tant que tel, le formalisme ont peu d'importance.

Seule compte l'intuition vivante.

Descartes dédaigne les règles du jugement vrai définies par la logique scolastique; s'il va chercher le modèle de la pensée vraie dans les mathématiques, c'est que pour lui la déduction mathématique n'est qu'une intui­ tion continuée, c'est que le raisonnement du mathématicien prend sa source dans l'intuition de « natures simples » de prin­ cipes évidents par eux-mêmes.

Leibniz est beaucoup plus exi­ geant pour définir la vérité.

Avoir l'impression de comprendre, cela ne suffit pas pour être sûr de posséder une authentique idée .

L'idée selon Descartes.

Pour Descartes l'idée claire s'oppose à l'idée obscure, l'idée distincte à l'idée confuse.

Il faut com­ mencer par préciser ces différences, car chez Leibniz nous trouvons le même vocabulaire (il est question plus loin de pensée « confuse »), mais le sens n'est plus celui de Descartes.

L'idée claire cartésienne c'est l'idée saisie dans une intuition actuelle, c'est la présence de l'idée à l'esprit attentif (1, 22).

Obscure est 129. »

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