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La libre création par Dieu des vérités éternelles - Descartes

Publié le 02/10/2013

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La première démarche de la philosophie cartésienne, antérieure à toute affirmation indubitable, est la contestation méthodique des opinions reçues. La force du doute hyperbolique pourra résister à la ruine de l'édifice scientifique auquel il devait introduire, dans l'exacte mesure de son universalité et de sa radicalité. Mais, parce que méthodique, le doute qui frappe provisoirement toutes les réponses acquises conserve un ensemble de questions et de notions qui y sont impliquées, comme autant de présuppositions ou de choix opérés, par rapport auxquels d'autres itinéraires seraient possibles, et seront suivis. Morale, religion, méthode, se tiennent en deçà du doute, dessinant d'avance et limitant la place de la philosophie à constituer.

La libre création par Dieu des vérités éternelles, première thèse métaphysique que propose Descartes dès 1630, soumet à la transcendance divine la nécessité rationnelle. Le propre des vérités mathématiques, comme de la loi éternelle de justice, est de s'imposer sans contrainte, du dedans, à tous les esprits : avec saint Augustin - qui en tirait une preuve de l'existence de Dieu -les théologiens avaient coutume de distinguer entre ce type de nécessité et l'existence contingente des choses créées, et, avec saint Thomas, de distinguer, pour la commodité de l'analyse rationnelle, entre l'entendement de Dieu, qui conçoit les vérités éternelles par la nécessité interne de sa propre nature, et sa volonté, qui choisit librement de porter à l'existence tel ou tel être créé, et, pour commencer; de créer le monde. Ainsi, pendant que le théologien pouvait conclure des vérités éternelles et nécessaires à !'Esprit infini en qui elles résident, le mathématicien était justifié dans son sentiment qu'est absolument impossible le contraire d'une proposition démontrée, puisqu'on l'assurait qu'il pensait alors comme Dieu même.

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« mation croissante et de la probabilité : sa méthode aurait régné un siècle, avant de céder au prestige de Locke et à la méthode positive, sinon positiviste.

Cette révolution car· tésienne, origine mythique de la modernité en philosophie, a-t-elle jamais eu lieu? Jus~e dans le libre usage qu'il fit en français des mots de l'Ecole, ses prédécesseurs sco· !astiques, saint Thomas, Suarez, les manuels qu'il connut au collège de La Flèche étaient présents et pressants, avec leurs problèmes et surtout leurs notions primitives; et s'il revendiqua en face des théologiens, comme sa profession, le droit à philosopher selon la raison naturelle et simple­ ment humaine, il prit le parti de Dieu contre la frivolité des libertins et contre les accommodements naturalistes, non pas pour récuser discrètement la tradition métaphy­ sique ou la renaissance catholique, mais en restaurant dans son abrupte incommensurabilité la transcendance divine, en instaurant dans sa rigueur une nouvelle philo­ sophie théiste.

Le philosophe du Cogito, qui a ouvert le domaine de la subjectivité, apparaît aujourd'hui tout autant l'héritier de spéculations théologiques médiévales.

Mais fut-il un philosophe? Il l'est devenu pour nous, lecteurs modernes, à mesure que notre idée de la philosophie s'est appauvrie en se détachant des autres discivlines scien­ tifiques, et que, dans l' œuvre cartésienne, la métaphysique toujours vivante a pris le pas sur une physique ou une physiologie périmées, et sur une mathématique défini­ tivement assimilée.

Il l'était lentement devenu à ses propres yeux : car la philosophie, en son langage, n'est pas un élé­ ment, fût-il fondamental comme la métaphysique, ou ter· minai comme la plus haute et la plus parfaite morale, elle est l'arbre du savoir dans sa totalité, à l'intérieur duquel les disciplines rigoureuses comme physique, mécanique, médecine, voire mathématiques, accèdent à la dignité de sciences.

Or, dans l'histoire de son esprit, l'unification philosophique fut longtemps désirée, avant d'être conquise et proposée en 1644 dans les Principes de la Philosophie : la pratique mathématique et l'idée d'une science univer­ selle progressant indéfiniment et indubitablement vers. »

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