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Le désordre peut-il être créateur ?

Publié le 12/06/2014

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Plan 

I. Seul l'ordre est fécond et le désordre ne saurait être créateur 

II. Néanmoins, il y a une puissance et un pouvoir du désordre, 

qui crée l'étoffe même des choses et invente la vie 

III. Il faut concevoir, dans leur complémentarité, ordre et  désordre 

Dissertation 

Introduction 

L'intitulé de sujet nous questionne sur le désordre. Que faut-il exactement  entendre par ce terme ? Certains n'ont vu dans le désordre qu'un mot, vague et  creux, et non point un concept ou une idée. Ainsi Bergson apercevait-il dans le  désordre tout simplement un ordre décevant, une simple idée négative : nous  parlons de désordre quand nous pensons trouver un certain type d'ordre et en  découvrons un autre. Mais il semble difficile de voir seulement dans le désordre un  simple mot. Définissons, de manière positive, le désordre, en tant qu'absence de  disposition rationnelle, notion liant entre elles des idées proches, celles d'agitation,  de processus aléatoire, de variations imprévues, etc. Le désordre apparaît comme  une notion rassemblant les dispositions non conformes à la raison et les  irrégularités. Notons, par ailleurs, que l'idée de désordre suggère celle de chaos, sans  bien sûr, que ces deux notions soient équivalentes ou synonymes. Le chaos, c'est  l'indistinction originaire ou la confusion, et le désordre l’ensemble des phénomènes  non rationnels, non conformes à la rationalité. 

« créateur, mais bel et bien, l'ordre.

C'est ce que nous a montré Descartes dans les Règles pour la direction de l'esprit et dans le Discours de la Méthode .

Par méthode, dit Descartes, j'entends des règles certaines et faciles.

Ces règles représentent elles - mêmes une mise en ordre, et l'important, dans l'ordre, c'est l'organisation des pensées allant du plus simple au plus composé.

Ce qui est donc fécond et créateur du vrai, c'est la pratique systématique de l'ordre exercée par l'esprit.

Ainsi l'ordre serait formateur, créateur, fécond en vérité, et le désordre n'aurait pas réellement la puissance de faire naître le vrai.

C'est la mise en ordre qui est féconde et le désordre représente, au contraire, un élément rebelle et négatif, une pure négativité à maîtri ser.

Dans le domaine moral, dans celui de la conduite de la vie, le désordre ne semble pas davantage créateur et novateur.

Il ne paraît pas nous apporter de possibilités véritablement authentiques et c'est ce que l'examen du concept de désordre, appliqué à l'existence, peut nous permettre de comprendre. Le désordre, disions -nous, est une disposition non conforme à la raison, un ensemble d'aléas, de dispersions, d'irrégularités.

Or, cet ensemble est -il fécond, dans la conduite de ma vie ? Nullement. Quand le désordre pur, le dérèglement, s'emparent de notre âme, ce n'est pas la puissance créatrice qui l'emporte généralement : le désordre pur n'aboutit à aucun agencement harmonieux, mais, tout simplement, à un non -être, à une laideur très éloignée du Bien.

C'e st ce que Platon, dans ses dialogues, a remarquablement souligné.

Dans le Gorgias , par exemple, Platon donne à voir un sophiste imaginaire, Calliclès, dont l'idéal est le désordre spirituel, la vie aux désirs insatiables et sans ordre.

Or, montre Socrate, cet idéal est dépourvu de relation au Bien, il est éloigné de la véritable éthique.

L'homme, conduit par le désordre, verse, sans cesse, dans des tonneaux sans fond.

Le désordre est le mal par excellence ; il est l'envers de la Beauté, de l'harmonie.

A la plénitude de l'ordre moral, s'opposent le non -être du désordre, sa laideur.

Le bien de l'âme, c'est l'équilibre, c'est l'ordre, l'harmonie.

Quant au désordre, il ne saurait créer et enfanter que le non -être, le mal et la souffrance. Ainsi, dans tous les do maines, nous pourrions multiplier les exemples.

Le désordre, loin d'être créateur, est à l'opposé du vrai, du Bien et des valeurs.

Il fait naître impuissance et non -être. II.

Antithèse : la puissance et le pouvoir du désordre. Mais le désordre est -il vraim ent toujours porteur de non -être et d'impuissance ? Il semble que, à l'opposé de nos analyses antérieures, il soit possible de souligner le pouvoir organisateur d'une disposition non rationnelle et, en même temps, la dimension figée et non créatrice de l'o rdre. Reprenons le problème de la recherche de la vérité.

L'idée philosophique ou épistémologique de désordre peut être utile dans la quête du vrai.

C'est un point sur lequel insiste beaucoup toute la philosophie des sciences contemporaine.

Le savant qui n e serait sensible qu'à l'ordre, qu'aux lois et aux déterminismes, viderait ses travaux de la vraie substance du vivant.

Et, en effet, dans le domaine de la vie tout particulièrement, tout ce qui est vivant est organisation : or toute organisation se nourri t de désordre et d'aléas pour constituer des structures nouvelles.

L'organisation du vivant est donc pétrie de désordre, de déviances créatrices, d'irrégularités positives qui fécondent le réel.

Inversement, l'ordre pur et simple est -il vraiment créateur ? On peut en douter.

« La capacité d'auto -organisation des êtres vivants résulte de leur capacité de faire face à des agressions aléatoires...

La création se nourrit du désordre, du chaos » (Dupuy, Ordres et désordres ).. »

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