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Y a-t-il une différence entre penser et avoir des opinions ?

Publié le 19/02/2015

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     Y a-t-il une différence entre penser et avoir des opinions ?   I° Pour le sens commun : penser, et avoir des opinions sont une seule et même chose. Un homme est un être qui pense, et émet des opinions. A ) Qu'est-ce que penser? « Penser » et « penser à » ne sont pas une seule et même chose. Lorsque nous pensons à Pierre, nous rendons présent Pierre absent. De la même manière, lorsque nous pensons à notre avenir, nous rendons présent ce qui n'est pas encore. Dans ce cas, nous nous représentons un objet simplement possible. Penser à, c'est imaginer, c'est à dire «se représenter des objets absents ou simplement possibles». Descartes entend la pensée au sens large, cette dernière désigne l'activité psychique dans son ensemble. «Je suis une chose qui pense affirme Descartes, c'est à dire qui doute, qui affirme, qui nie, qui connaît peu de choses, qui en ignore beaucoup, qui aime qui hait qui veut qui ne veut pas qui imagine aussi et qui sent.» (troisième méditation métaphysique. )    Au sens strict, la pensée désigne l'activité proprement intellectuelle, ou rationnelle de l'esprit humain. Penser c'est réfléchir, former des concepts.  Penser, c'est non seulement concevoir mais aussi juger, raisonner, ordonner. Nous jugeons, c'est-à-dire que nous lions plusieurs idées. « Socrate est un homme»est un jugement. Cette proposition peut être vraie ou fausse. Nous raisonnons. Le syllogisme est un raisonnement. Nous produisons un jugement à partir de plusieurs prémisses. Ce syllogisme peut être valide ou non. Enfin, nous ordonnons les idées et les jugements . La méthode peut être analytique ou synthétique. Cette méthode peut être stérile ou féconde. B) Or, quand j'émets une opinion, j'ai en effet, conçu, jugé, et même raisonné. L'opinion n'est pas comme le préjugé absence totale de pensée sur un sujet. L'opinion est cet état de l'esprit qui affirme quelque chose avec quelque crainte de se tromper. Il est des raisons d'affirmer, mais il est aussi des raisons de nier ; celles-là apparaissent plus fortes sans pourtant détruire celles-ci. Dit en d'autres termes, l'opinion est le " fait de tenir quelque chose pour vrai avec la conscience d'une insuffisance subjective aussi bien qu'objective de ce jugement " (Kant - Critique de la Raison Pure). Conscience d'une insuffisance subjective. En effet, lorsque nous avons une opinion, nous sentons que quelque chose lui manque. Qu'est-ce à dire ? Hegel définit l'opinion comme " une idée quelconque, fantaisiste, que je conçois ainsi et qu'un autre peut concevoir autrement " (Leçons sur l'histoire de la Philosophie). Pourquoi l'un peut-il concevoir cela ainsi et un autre autrement si ce n'est parce que cela n'est pas démontré ? Ce qui manque à notre opinion c'est donc une démonstration, " un raisonnement qui enchaînera l'opinion ", pour reprendre les termes du Ménon de Platon. Mais comme nos opinions sont étroitement liées à notre culture, comme nous les recevons dès notre enfance, pour paraphraser les premières lignes des Méditations Métaphysiques de Descartes, elles ont souvent force de loi, et nous apparaissent non comme de simples opinions mais bien comme des vérités. Il faut un certain recul pour que l'opinion se dévoile telle qu'elle est, à savoir quelque chose que l'on croit vrai, mais qui ne l'est pas nécessaire...

« de simples opinions mais bien comme des vérités.

Il faut un certain recul pour que l’opinion se dévoile telle qu’elle est, à savoir quelque chose que l’on croit vrai, mais qui ne l’est pas nécessairement.

C ) Donc penser et avoir des opinions sont une seule et même chose.

Penser et avoir des préjugés sont deux choses différentes. P réjugés et opinions parfois se confondent.

En effet, le préjugé ne se présente jamais comme un préjugé.

Quelqu'un qui en a ne dira pas, et même ne se dira pas à lui-même, qu'il a des préjugés.

Le préjugé est cette forme d'ignorance qui s'ignore, et qui gêne donc l'accès au vrai.

Ces ignorants d'un commerce incommode, dont parle Platon.

Si nous sommes tous des êtres pensants, nous avons tous été enfants avant que d’être hommes pour reprendre un propos de Descartes, et nous avons accepté nombre de préjugés.

Qu'est-ce qu'un préjugé ? Le préjugé est au sens courant toute opinion erronée ou au moins irraisonnée dont un individu, ou un groupe d'individus est imbu (imprégné, absorbé).

Au sens philosophique, le préjugé est prae- judicium , ce que nous acceptons avant de l'avoir jugé.

C'est une affirmation acceptée par un certain nombre de personnes, ce peut être une majorité, mais qui ne cherche pas à vérifier si elle est universellement acceptable.

Alain définit le préjugé comme «ce qui est jugé d'avance, avant que l'on soit instruit».

Au sens philosophique, tout préjugé n'est pas nécessairement faux, mais, il n'est que de peu de valeur, il est en effet ce que nous admettons avant de l'avoir jugé, avant de l'avoir pensé.

Nous sommes imprégnés de préjugés, mais nous ne les avons pas réellement pensés.

II ° Comment comprendre que nous utilisions deux expressions différentes ? La pensée et l'opinion ? A° Opinion et pensée en pratique et en théorie. Si on sait qu'opinion et pensée se valent dans la pratique, on sait qu'en théorie, il n'en est rien.

Dans le Ménon Platon montre que l 'opinion est instable, changeante...

manipulable.

Quand nous avons pensé quelque chose, nous ne changeons plus pour de légères et inconsidérées raisons.

B ° Est-il possible que deux opinions contradictoires soient justes ? Force est de constater qu’il est impossible que deux opinions contra dictoires soient justes.

En effet, si l’on croit que chacun, sur un sujet, peut avoir son opinion, on accepte que sur toute chose on peut faire “ deux discours exactement contraires ” comme l’affirme Protagoras ( Diogène Laërce Vies, doctrines et sentences des Philosophes illustres ) et que cette contradiction est non de fait mais de droit.

Selon ce postulat, il n’y a plus de vérité, ou, ce qui revient strictement à la même chose, tout est vrai.

Un vent, par exemple, n’est ni froid ni chaud.

“ Telles elles apparaissent à moi les choses en chaque cas, telles elles existent pour moi, telles elles t’apparaissent à toi, telles pour toi elles existent ” (Platon, Théétète , 152 a) ,. »

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