Explication de texte - L'Art pour l'Art (Nietzsche)

Commentaire de texte Les premières traces d'oeuvres d'art remontent aux premiers hommes, l'art semble indissociable de nos vies humaines à tel point qu'il est difficilement concevable pour nous de s'en passer. Pour autant et malgré sa popularité si frappante, l'oeuvre d'art dans ses formes les plus diversifiées n'a jamais fait l'unanimité sur un point : celle de sa fonction pour l'homme. C'est sur cette question que se penche Friedrich Nietzsche, philosophe allemand du XIXe siècle et artiste à ses heures perdues, dans son ouvrage Le Crépuscule des Idoles paru en 1889 et faisant figure de synthèse de l'ensemble de sa pensée. Dans cet extrait Nietzsche s'attarde sur un mouvement artistique qui lui est contemporain et les thèses qu'il défend.  Il réalise en effet une critique du mouvement parnassien que l'on a aussi coutume d'appeler l'Art pour l'Art, selon l'expression de son principal inspirateur Théophile Gautier. Pour le philosophe allemand, l'existence de ce mouvement qui réagit à la voie empruntée par de nombreux artistes de l'époque pose implicitement la question de la finalité de l'Art. En soulevant de nombreuses incohérences, il questionne directement son lecteur et l'incite à réfléchir point par point sur la relation qu'entretient l'homme avec l'art, ce qu'il attend de l'art et ce que l'art fait de lui. Quel est alors l'objectif de l'artiste lorsqu'il crée, du spectateur lorsqu'il contemple ? Quelle doit être la place de la morale dans un art régit par la volonté d'expression de la vie humaine ? Si Nietzsche légitime dans un premier temps le développement de l'Art pour l'Art comme mouvement de réaction vis-à-vis d'une tendance de moralisation dangereuse, il apporte ensuite à sa thèse les limites philosophiques de ce mouvement qui exclut toute forme de sens ou de fin à l'expression artistique et créatrice. Il lui semble effectivement important de se pencher sur la finalité de l'art et son influence sur l'homme comme expression de la « puissance vitale de l'artiste «. Nietzsche condamne par conséquent les théories de la Parnasse qui en voulant préserver l'art de toute atteinte, nient toutes ses fonctions philosophiques nécessaires à notre vie. Dans une première partie correspondant aux trois premières lignes du texte, Nietzsche nous présente tout l'enjeu de l'existence du mouvement l'Art pour l'Art qui se présente comme un rempart aux « tendances moralisatrices dans l'art « ainsi qu'à la« subordination de l'art sous la morale «. En effet le Parnasse, ou mouvement parnassien, est un mouvement poétique apparu en France dans la seconde moitié du XIXe siècle qui prônait la retenue, l'impersonnalité ainsi que le désengagement social qui sont autant de caractéristiques contraires à ce que l'on pouvait retrouver dans l'oeuvre des Romantiques à cette époque. L'Art pour l'Art apparaît en réaction au lyrisme de certains auteurs tels que Victor Hugo ou Lamartine auxquelles on reproche de négliger la forme pure au détriment du message transmis. Or pour les théoriciens de ce mouvement, l'art ne doit avoir comme seule et unique but la beauté et le plaisir esthétique qu'en retire l'amateur. Nietzsche accorde du crédit à ce mouvement car pour lui il a vocation, en luttant contre ceux qui prêtent à l'art une finalité, à s'opposer à la « subordination de l'art sous la morale «. Par ces termes, Nietzsche condamne la pression que peut exercer l'opinion publique sur une oeuvre d'art car elle ne correspondrait pas aux normes morales en vigueur. Il fait allusion à une situation où les critères de réalisation et donc d'appréciation serait placé sous une morale, ceci entraînant irrémédiablement une hiérarchisation dans l'art. Il légitime l'Art pour l'Art dans sa volonté d'affirmer l'indépendance de l'art vis-à-vis d'une pensée unique et dénonce alors une vision de l'art répondant à une grille de lecture fidèle aux moeurs d'une population ou d'une époque. Nombreux sont les exemples au cours de l'Histoire qui ont montré qu'une oeuvre d'art s'appréciait tout à fait différemment suivant la période à laquelle elle était jugée. On comprend mieux l'existence d'un mouvement comme celui-ci lorsqu'à cette époque Charles Baudelaire était condamné par la Justice pour « outrag...