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LE JUGEMENT SELON L'INTELLECTUALISME SPINOZISTE

Publié le 24/03/2015

Extrait du document

TEXTE

Proposition XL IX

Il n'y a dans l'esprit aucune volition, c'est-à-dire aucune affir-mation et aucune négation en dehors de celle que l'idée, en tant qu'elle est idée, enveloppe.

Démonstration

Dans l'esprit (d'après la proposition précédente), il n'y a aucune faculté absolue de vouloir et de refuser, mais seulement des volitions singulières, par exemple telle et telle affirmation et telle et telle négation. Concevons donc quelque volition sin¬gulière, par exemple le mode du penser par lequel l'esprit affirme que les trois angles d'un triangle sont égaux à deux droits. Cette affirmation enveloppe le concept ou l'idée du triangle c'est-à-dire ne peut être conçue sans l'idée du triangle... De plus, cette idée du triangle doit envelopper cette même affir¬mation, à savoir que ses trois angles égalent deux droits. C'est pourquoi, réciproquement, cette idée de triangle ne peut sans cette affirmation ni être, ni être conçue et par conséquent (d'après la définition 2) cette affirmation appartient à l'essence de l'idée de triangle et n'est pas autre chose que cette idée elle-même. Et ce que nous avons dit de cette volition (puisque nous l'avons pris comme exemple à notre gré) il faudra le dire même de n'importe quelle volition à savoir qu'elle n'est rien d'autre que l'idée.

Scolie

Par ces considérations nous avons rejeté la cause communément admise de l'erreur. Nous avons fait voir plus haut, d'ailleurs que la fausseté consiste dans la seule privation qu'enveloppent les idées mutilées et confuses. C'est pourquoi une idée fausse n'enveloppe pas la certitude...

(Spinoza, Ethique II.)

Pour nous exprimer en termes modernes et rapprocher le débat Spinoza-Descartes de certaines discussions contemporaines nous pourrions dire qu'à l'humanisme cartésien (l'homme en tant que sujet libre, responsable de ses jugements), Spinoza oppose la passion du système : l'homme n'est qu'un automate spirituel, les modes du penser s'affirment et s'enchaînent selon un rigoureux déterminisme.

« ...

....

414' ..

• • • • limites, mais que je l'étends aussi aux choses que je n'entends pas; auxquelles étant de soi indifférente, elle s'égare fort aisé­ ment et choisit le mal pour le bien et le faux pour le vrai.

Ce qui fait que je me trompe et que je péche.

(Descartes, 4e Méditation.) COMMENTAIRE a) Présentation du texte Descartes propose dans ce passage une théorie du jugement qui lui est suggérée par ses réflexions sur le problème de l'erreur.

Ce problème de l'erreur - Pourquoi les hommes se trompent­ ils dans leurs jugements? -est ici posé dans un contexte théologique; c'est en quelque sorte une laïcisation du problème du mal.

Vous savez certainement énoncer ce vieux problème théologique : Si l'homme a été créé par un Dieu souverainement bon, l'homme a nécessairement reçu de ce Créateur une bonne nature.

Dès lors comment se fait-il que l'homme se conduise mal, si souvent? Comment se fait-il que la créature d'un Dieu bon puisse pécher? Dans la Méditation précédente (3) Des­ cartes a démontré que Dieu, être souverainement parfait, exis­ tait; le fantôme du « Malin génie » est exorcisé.

Mais alors Des­ cartes est conduit à se poser le problème du mal, dans le cadre de ses Méditations, c'est-à-dire dans le cadre du problème de la Connaissance.

Le mal dans la connaissance c'est l'erreur.

Or, 'd'une part,« je reconnais qu'il est impossible que jamais Dieu me trompe puisqu'en toute fraude et tromperie il se ren­ contre quelque sorte d'imperfection».

Mais, d'autre part,« reve­ nant à moi », l'expérience me fait connaître que je suis néan­ moins sujet à une infinité d'erreurs ».

Donc puisqu'il « est vrai que plus l'artisan est expert, plus les ouvrages qui sortent de ses mains sont parfaits et accomplis », comment peut-il se faire que moi, créature d'un Dieu parfait, je sois sujet à cette imper­ fection qu'est l'erreur? b) Explication détaillée du texte Descartes affirme d'abord que mes erreurs « dépendent du concours de deux causes», à savoir de ma faculté de con­ naître ou entendement, et de ma « puissance d'élire», c'est-à­ dire de mon libre arbitre.

Les jugements que nous portons ne mettent pas seulement en jeu l'entendement qui nous propose ses représentations, ses idées, mais aussi la volonté (le libre arbitre) qui dispose en quelque sorte de ces idées, qui décide d'affirmer ou de nier.

Il y a deux moments dans tout jugement : la conception de l'idée et un acte de la volonté, qui prenant ses 69. »

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